Afrique Amérique Langue serpentine

LE SOUS SECRÉTAIRE D’ÉTAT AMÉRICAIN DÉVOILE CE QU’IL A DIT À BIYA

« Les conversations diplomatiques sont toujours confidentielles. Vous pouvez être assurés que nos discussions ont été franches, honnêtes et directes. Nous avons chacun exprimé nos points de vue. J’apprécie énormément les connaissances et la sagesse du président.
Les États-Unis et le Cameroun ont tant d’intérêts communs. Moi, comme votre gouvernement, nous voulons ce qui est absolument le meilleur pour le peuple camerounais. Vous avez une population très jeune. A l’avenir, ils auront besoin d’emplois. J’aimerai attirer beaucoup plus d’investisseurs au Cameroun. Nous voulons tous que les jeunes Camerounais aient les meilleurs emplois possibles. Je pense que les investisseurs américains apporteront de très nombreuses qualités positives.
Notre gouvernement, le président Donald Trump, souhaite également beaucoup plus d’investissements et de commerce avec l’Afrique. Pour moi, c’est aussi une campagne personnelle. Conditions, bien sûr, les investisseurs américains exigent certaines conditions ». C’est la déclaration intégrale du sous secrétaire d’État américain à la sortie du palais d’Etoudi .

Mais les médias d’État camerounais ont sciemment zappé  la dernière phrase de Tabor Nagy :  » Les investisseurs américains exigent certaines conditions « . Quelles sont donc ces conditions ? Le communiqué publié plus tard par la présidence de la république n’en fait pas état.

 » En visite de travail au Cameroun, le Sous-secrétaire d’Etat américain pour les Affaires africaines, Peter Tibor Nagy, a été reçu en audience ce lundi, 18 mars 2019 au Palais de l’Unité, par le Président de la République, Paul BIYA. L’entretien de près d’une heure, s’est déroulé dans la convivialité. Il a été marqué par un échange de cadeaux entre le Chef de l’Etat et son hôte.
S’exprimant devant la presse au perron du Palais de l’Unité, le Sous-secrétaire d’Etat américain a indiqué qu’il a eu de « très bonnes discussions » avec le Président de la République. Il a précisé que « les discussions diplomatiques sont confidentielles » et qu’il se garderait de révéler leur contenu à la presse. « Nous avons fait un tour d’horizon des sujets d’intérêt commun. Nous allons continuer les discussions avec les autres membres du Gouvernement », a poursuivi le Sous-secrétaire d’Etat américain. M. Peter Tibor Nagy a indiqué également que c’était « un grand honneur » pour lui de revoir le Président Paul BIYA, « un homme sage et intelligent » », dit le communiqué.

À la CRTV, les journalistes d’État ont affirmé que les discussions entre Paul Biya et Tibor Nagy n’ont porté que sur les intérêts économiques des deux pays ; et que le sujet anglophone et la libération de Maurice Kamto et ses lieutenants n’ont pas été évoqués. Cependant, sur son compte Twitter, le sous secrétaire d’État américain aux Affaires Africaines précise  à 21 h 37, que les discussions avec le chef d’Etat camerounais ont tourné autour » des relations bilatérales, l’assistance militaire, les droits de l’homme au Cameroun, le dialogue inclusif dans la résolution de la crise dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-ouest « .

Dans un autre tweet posté à  22 h 39, Tabor Nagy affirme que lors de son entretien avec le ministre des Relations Extérieures du Cameroun Lejeune Mbella Mbella, il a évoqué l’arrestation de Maurice Kamto et autres hommes politiques, le droit à  la liberté d’expression au Cameroun, entre autres. Mais, tous ces points ont été volontairement occultés par la présidence de la république et les médias d’État qui ne font que tambouriner que l’émissaire de Donald Trump a trouvé Paul Biya  » sage ». Sage au point de venir lui demander de cesser la guerre et de passer au dialogue inclusif ?

Le 17 mai 2018, au terme d’une audience accordée à Peter Henry Barlerin, Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, la CRTV dans son compte rendu avait déclaré que le diplomate américain était venu remettre à Paul Biya, une lettre de félicitations de Donald Trump pour le 20 mai. Mais, quelques heures après, Peter Henry a déballé ce qu’il est allé exactement dire à Paul Biya et que la CRTV a volontairement caché.

 » Le président et moi avons discuté des prochaines élections. J’ai suggéré au président qu’il devrait penser à son héritage et à la façon dont il veut se souvenir dans les livres d’histoire pour être lus par les générations à venir, et a proposé que George Washington et Nelson Mandela soient d’excellents modèles « , avait finalement révélé l’ambassadeur américain . Et c’est exactement la même chose qui est entrain de recommencer.

J. RÉMY NGONO

Articles Similaires