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JEAN DE DIEU MOMO, CHARLES NDONGO ET AUTRES DEVANT LE JUGE

C’EST FAIT : LES PLAINTES CONTRE JEAN DE DIEU MOMO, CHARLES NDONGO, IBRAHIM SHERIF, LA CRTV D’UNE PART ; LE JOURNALISTE SISMONDI BARLEV BIDJOKA D’AUTRE PART, DEVANT LES JUGES.

Comme promis, mes avocats ont déposé  une plainte devant le Tribunal de Première Instance contre Jean De Dieu Momo et consorts; une autre au Tribunal du Grande Instance contre le journaliste qui signe par le nom Sismondi Barlev.

Comme la loi l’exige, je n’ai plus le droit de parler du fond de l’affaire ; encore moins de publier le moindre document y afférent.

1- POURQUOI CES PLAINTES

Si certains se contentent d’aboyer, j’ai longtemps indiqué qu’il était temps de « mordre » aussi. Dans l’histoire de ce pays, je pense que ce sera la première fois, qu’une plainte sera portée contre un ministre de la justice, fut-il Délégué.

Je ne peux pas supporter qu’une communauté soit ainsi mise à l’index, juste pour des ambitions personnelles. Qui peut oser dire sur une chaîne de télévision que les bulu subiront le sort des juifs après le départ de Biya ? Si vous osez le dire des bassa, tous les « hommes médecines » du pays bassa tairont leurs divergences pour qu’un « malheur» vous arrive.

S’il s’agit de la communauté musulmane, de tels propos provoqueront une pénurie de couteaux dans les marchés, et une explosion du chiffre d’affaires des vendeurs de limes pour aiguiser les lames.

Quand il s’agit des bamilékés, on trouve normal au point de s’indigner que certains soient choqués : cela doit cesser. Comme doivent cesser toute attaque contre quelque communauté que ce soit. J’ai défendu les Sawa dans l’affaire de la stèle de Um Nyobé; les betis quand on a voulu faire de Samba l’archétype du beti… Je continuerai dans cette voie.

Je ne pouvais, par conséquent, rester insensible après ce qui a été fait et dit. Un journaliste qui demande de tirer à balles réelles contre les membres d’une communauté dont le crime est de défendre ses droits ? Et on doit laisser passer ?

Depuis hier, après le dépôt de ces plaintes, j’ai enfin pu regarder la photo de mes parents sans avoir honte ; j’ai enfin pu penser à mes ancêtres bassa, bakoko et bamilékés sans avoir honte ; penser à tous ces camerounais qui, face à l’adversité coloniale et post coloniale, se sont sacrifiés sans flétrissure, dans l’intérêt des générations futures.

Il faut que nous nous battions pour que jamais plus, un responsable politique n’ose sortir de tels propos, qui ont fait le lit des conflits sanglants en Rdc, Côte d’Ivoire, Rwanda, Burundi…

2- LES AVOCATS, LES HUISSIERS

Je n’en veux à personne, mais ceux qui me lisent doivent savoir, que même si je m’y attendais, jamais je n’ai souffert comme ces dernières semaines.

Tous les avocats que j’ai contacté pour m’aider dans cette aventure, se sont débinés un à un. Les huissiers contactés pour authentifier certaines pièces ont pris leurs jambes à leurs coups, bien que j’ai essayé de leur expliquer qu’il ne s’agissait pas d’une action contre Paul Biya et son régime, mais bien contre le président du Paddec dont le gouvernement lui-même a contesté les propos.

On est bien obligé de conclure qu’il y a désormais très peu de Camerounais, qui ont de « vrais choses » entre les jambes.

C’est pour cela que je rends ici un hommage appuyé à deux grands avocats, qui ont été les seuls à me suivre jusqu’à présent :

– Maître Chrétien Boumo, l’un des plus talentueux spécialistes en matière de droit de la presse que j’ai connu, qui me défend depuis 1992 et grâce à qui je survie face aux diverses attaques de Lazare Kaptué ;

– Maître Michèle Mpacko qui, avec Maître Boumo, m’a aussi défendu dès 1992, dans mes nombreux procès en matière de délit de presse. Trop fière que cette belle dame Sawa soit à mes côtés, parce qu’elle n’accepte pas, comme moi, les attaques contre les communautés, quelles qu’elles soient, qui se développent de plus en plus dans ce pays.

3- LES PLAIGNANTS

Sans surprise, et malgré mes appels répétés, très peu de Camerounais, même de la diaspora, ont accepté de me suivre, de telle sorte que le procès en Europe est menacé, alors même que c’est là que nous avons le plus de chance de frapper fort.

Là encore, je n’en veux à personne car moi-même ai conseillé aux fonctionnaires, aux employés de sociétés dirigées par des « rdépécistes », de ne pas se joindre aux plaignants, connaissant l’esprit tordu et perturbé de ces gens.

Je remercie toutefois, du fond du cœur, la demi douzaine de Camerounais qui ont accepté de se joindre à cette plainte, même si, à titre personnel, je considère comme un échec le fait de n’avoir pas mobilisé plus de Camerounais en général, les bamilékés en particulier, qui sont quand même les premiers visés dans ces affaires.

Mais il n’est pas tard : toute personne peut se joindre encore à la plainte en me contactant à l’adresse suivante : procesmomo@gmail.com

4- L’ISSUE DES PROCÈS

Quelles chances avons-nous de faire condamner Jean De Dieu Momo ? J’ai envie de répondre : est ce là le problème ?

– Le juge peut classer l’affaire sans suite : nous ferons appel.

– Il peut faire traîner la procédure : c’est bon pour nous car Momo ne sera pas ministre éternellement et son « mentor » Paul Biya, est à bout de souffle.

– Enfin, ce n’est pas mal d’être en paix avec sa conscience. Dans l’avenir, nos enfants, nos petits enfants sauront au moins que face à l’adversité, nous avons essayé.

5- LES FINANCEMENTS

J’avais demandé aux compatriotes de participer. Après des commentaires tendancieux, j’ai été contraint de rembourser à tout le monde, les sommes envoyées. Un ami et moi avons mis la main à la poche; des poches de plus en plus trouées.

Sans doute aurais-je besoin d’un coup de pouce plus tard ; mais est ce l’essentiel aujourd’hui ?

IL FAUT QUE LES CAMEROUNAIS COMPRENNENT QUE LES PROPOS DE GENS COMME JEAN DE DIEU MOMO ET SISMONDI BARLEV, DOIVENT DISPARAÎTRE DE LA SCÈNE POLITIQUE CAMEROUNAISE. SI ON Y ARRIVE, CE SERA DÉJÀ UNE GRANDE VICTOIRE.

Benjamin Zebaze

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