SCANDALE : LES CAUSES DU CRASH DU BOEING 737MAX D’ETHIOPIAN AIRLINES
Les ennuis s’accumulent pour Boeing, dont plus de trois cents 737 max restent cloués au sol. Singapore Airlines a stoppé l’exploitation de deux de ses Dreamliner après la découverte de défauts de moteurs. Et le Pentagone vient une nouvelle fois de suspendre la livraison d’avions ravitailleurs dont l’assemblage ne respecterait les normes de sécurité sur lesquelles s’est engagé l’avionneur.
Le rapport préliminaire d’enquête sur le crash d’un 737 Max d’Ethiopian Airlines est accablant pour Boeing puisqu’à ce stade des investigations, c’est l’appareil lui-même qui est gravement mis en cause.
Rien, dans l’analyse des boîtes noires notamment, ne permet d’engager la responsabilités des pilotes de la compagnie éthiopienne. Parfaitement qualifiés et formés, ils ont tout essayé pour éviter la catastrophe, dans le respect des procédures d’urgence recommandées par l’avionneur américain. Pendant les six longues minutes qui ont précédé le crash, l’équipage s’est véritablement battu contre le 737 max, sa prise d’altitude anormale, puis son piqué vers le sol.
Il est établi désormais que l’appareil obéissait aux ordres d’une sonde défectueuse ainsi qu’à son système d’assistance automatique au pilotage – le controversé MCAS – que l’équipage n’est pas parvenu à désactiver.
Et ce n’est pas tout. Selon le Washington post qui a pu consulter les documents d’enquête, une autre anomalie aurait été repérée dans le logiciel de vol qui commande notamment les volets situés sur les ailes du B 737 max. Pour la FAA, l’autorité certificatrice de l’aviation américaine, il s’agirait là « d’un dysfonctionnement critique pour la sécurité des avions ». Selon le Financial Times, la FAA aurait mis en demeure Boeing de réparer ce grave problème au plus vite. Le B 737 max, dont plus de 300 exemplaires sont cloués au sol depuis la catastrophe d’Ethiopian Airlines, ne semble pas près de reprendre les airs…
L’avionneur US n’est pas le seul à être entré en zone de turbulences. Dans un courrier publié ce mardi 2 avril sur le site du Sénat, un parlementaire américain met en cause le travail de l’autorité de supervision de l’aviation civile.
Alors qu’il est à présent établi que la FAA a sous-traité à Boeing des pans entiers du protocole de certification de sa version max du B 737, le sénateur Roger F. Wicker, sur la foi de témoignages de lanceurs d’alertes, suggère que des salariés de la FAA chargés d’évaluer l’ appareil n’auraient pas été correctement formés. C’est eux qui auraient considéré que « les pilotes titulaires d’une qualification sur 737 n’avaient pas besoin d’une formation supplémentaire pour piloter un 737 MAX » et n’auraient pas jugé nécessaire de mettre à jour le manuel d’exploitation du 737 max s’agissant, en particulier, de la mise en service du MCAS.
Il faut croire que les ennuis volent en escadrille pour Boeing… Mardi dernier, la compagnie Singapore Airlines a immobilisé deux Dreamliner 787-10, après avoir repéré des fissures sur les pales des réacteurs Rolls-Royce. Tous les autres appareils 787-10 vont subir une inspection, a annoncé la compagnie.
Et fin mars, après de nombreux retards sur le programme de conception, d’assemblage et de livraison du KC-46A, le Pentagone a une fois encore suspendu la réception de nouveaux exemplaires de l’avion-ravitailleur de Boeing. Des débris (boulons, outils) n’engageant pas l’appareil lui-même, mais plutôt le respect des normes d’assemblage du constructeur, ont été découverts dans compartiments clos du KC-46A. « Ces débris se traduisent par un problème de sécurité », a indiqué le secrétaire adjoint à l’Air Force lors d’une audience à la Chambre des représentants. Sur les 179 exemplaires commandés, 7 avions-ravitailleurs seulement ont été livrés à l’ US Air Force par Boeing.
Source : Ladepeche.fr