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 » ABDOULAYE MAÏGA PEUT FINIR COMME THOMAS SANKARA « 

Je l’ai toujours écrit ici. Je suis contre les coups d’état militaires et contre les putschs constitutionnels, mais il ne m’appartient pas de décider à la place des peuples en décrétant ce qui est bien et ce qui est mal pour eux. C’est dire si les leçons de démocratie que se jettent en ce moment à la figure les dirigeants maliens et ivoiriens sont sans intérêt à mes yeux, même s’ils révèlent des vérités de part et d’autre.

Dans le bras de fer qui oppose Abidjan et Bamako, l’ONU est devenu cette semaine, bien plus qu’une tribune, une caisse de résonance. Hier, le colonel Abdoulaye Maïga, premier ministre par intérim du Mali a frappé fort.
« Le troisième mandat est une magie, c’est l’art de se dribbler soi-même en gardant le ballon », a-t-il répondu au président ivoirien Alassane Ouattara qui avait mis en cause la junte malienne quelques heures plus tôt.

Sur les réseaux sociaux, le discours d’Abdoulaye Maïga est devenu viral. Mais l’histoire nous apprend qu’il ne suffit pas de parler haut et fort pour se mettre à l’abri de mauvaises surprises.
L’exemple de Thomas Sankara, héros tragique au verbe « tranchant », est là pour nous le rappeler. Ce monde est dangereux, aujourd’hui comme hier, pour les pays africains, petits et grands.

Pour être pris en compte sur la scène internationale, il leur faut d’abord, chez eux, gagner la bataille du développement économique, consolider les institutions démocratiques, garantir les libertés individuelles.

Est-ce le cas à Abidjan et Bamako ?? Qui de ces deux pays peut se targuer de cocher ces trois cases et de faire profiter en outre pleinement à TOUTE sa population de ses richesses nationales ?

Même si la Côte d’Ivoire se vante d’être plus avancée en terme d’infrastructures, elle n’a pas de leçons à donner au Mali. Qui sait de quoi demain sera fait ?? Un retard peut toujours se rattraper.

Même si le Mali se glorifie d’un passé qui le rend plus téméraire, il n’a pas de leçons à donner à la Côte d’Ivoire. Le courage ne se mange pas en salade et on est aussi fier de son identité à Abidjan qu’à Bamako.

Alors, concentrons nous sur la priorité du moment, c’est à dire le sort des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis bientôt trois mois. Ils ne doivent pas être les otages d’un bras de fer entre deux pouvoirs qui se détestent.
La Côte d’Ivoire et le Mali sont deux pays frères qui ont encore de grandes choses à faire ensemble pour le bien d’une Afrique qui sait mieux que quiconque que seule l’union fait la force. Si Abidjan a commis une erreur, Bamako peut le pardonner.

Il faut savoir mettre fin à un palabre quand il risque d’entraîner toute la famille dans une division irréversible. C’est ce que nous ont enseigné nos parents. Alors messieurs la balle est dans les deux camps !!

Serge Bilé

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