AFFRONTEMENTS INTERETHNIQUES SANGLANTS EN CÔTE D’IVOIRE : UN PRÉSIDENT DE RÉGION PLEURE
Ivoiriennes, Ivoiriens et Habitants de Côte d’Ivoire,
La situation que vit actuellement notre pays est préoccupante et alarmante. Aucune des régions n’est épargnée. Je viens, par le présent courriel, en ma qualité de Président de la Région des Grands Ponts, interpeller la Communauté nationale et Internationale sur le cas spécifique de ma région, singulièrement la situation qui prévaut à Dabou (Chef-lieu de région).
Dabou, depuis 6h du matin jusqu’au moment où je vous écris ce message, est en proie à un affrontement intercommunautaire sanglant, sans précédent, entre les autochtones adioukrous et les allogènes dioulas. Deux peuples qui ont, depuis des lustres, vécu et cohabité en bonne intelligence et en harmonie. Ce que j’ai vu et ce qui m’a été rapporté, ce matin, illustré par des images, est pénible, douloureux et inhumain : des blessés très graves et sans doute des morts.
Et pourtant, hier dimanche 18 octobre 2020, à la place Bédié, devant Dieu et Témoins, á ma demande express, le forum des confessions religieuses et le Conseil régional des Grands Ponts ont invité toute la population à un culte œcuménique de prière et de sensibilisation à la paix et la cohésion sociale. Tous les guides religieux(musulmans,chrétienscatholiques,protestants,evangeliques,célestes et autres,…) étaient présents ou représentés; le Ministre Albert kakou Tiapani, le Maire Claude Yed gnagne, des cadres ,les collaborateurs du Conseil régional et moi-même, les chefs coutumiers de la commune de dabou, de nombreuses femmes des groupes ethniques( notamment celles du Grand nord et du centre), les Représentants du Conseil national des Droits humains, les Représentants de la cellule civil-militaire, et d’autres invités dont des jeunes gens et des jeunes filles.
Malheureusement, de Hauts cadres et beaucoup de jeunes ont brillé par leur absence. A cette séance de prière et de sensibilisation, tout a été dit et bien expliqué par les Guides religieux, le CNDH et les Autorités. L’amour du Prochain, les valeurs de la paix et de la cohésion sociale et le vivre ensemble ont été prêchés et recommandés.
Ces valeurs précitées constituent, à mon humble avis, le substratum ou les fondements essentiels de la démocratie, et sont à la base des droits humains. La rencontre fut belle et mémorable, et ce, d’autant qu’elle coïncidait fort heureusement avec la date anniversaire du Père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne ,feu Felix Houphouet Boigny, Grand Homme au charisme exceptionnel et multidimensionnel.
Désagréable fut alors ma surprise, lorsqu’on m’annonça la barbarie de ce matin. Que Dieu vienne au secours de notre pays ! Cependant, il est temps, grand temps que les politiques s’asseyent, pour un dialogue franc et sincère ; car le nœud de la situation que vivent les ivoiriens, çà et là, n’a pas de coloration ethnique, ni religieuse, ni identitaire.
La solution se trouve dans le dialogue politique, assorti d’une action commune du Collectif des Rois et Chefs, garants des us et coutumes. Ces derniers, avec le concours des guides religieux, doivent avoir le courage et la sagesse de parler, mais surtout de dire la vérité, car seule la vérité affranchit.
En dehors d’eux, les uns et les autres, dans leurs régions respectives, doivent pouvoir se parler et mutualiser entre frères et voisins, si et seulement nous aimons notre pays, et reconnaissons que l’héritage commun, c’est á dire la Côte d’Ivoire, á nous léguée par nos aïeuls, est destinée á nos enfants- petits enfants et arrières petits-enfants. A ce niveau de mon propos, j’exprime prompt rétablissement et toute ma compassion aux blessés.
Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !
Qu’Il bénisse la Région des Grands Ponts et se souvienne du leboutou!
Prof. Sess Daniel, Président du CRGP.