AFRICA N°1 ET AIR AFRIQUE TUÉS PAR LES AFRICAINS
C’est un vrai couteau que Clady Siar remue dans la plaie en évoquant la chute de la toute première chaîne panafricaine Africa N°1 désormais envahie par les herbes et dont les célèbres voix, dans les plupart des cas, se retrouvent déjà dans l’au-delà.
« La chute d’AfricaN°1, « LA RADIO AFRICAINE » est une honte pour toutes celles et ceux qui ont contribué à la tragédie de l’une des plus belles aventures de l’esprit panafricaniste post-indépendance ! », écrit l’animateur de Couleurs Tropicales sur RFI.
En effet, c’est le présiden gabonais Omar Bongo qui est l’initiateur de cette chaîne. Il fait ériger un centre de diffusion à Moyabi, opérationnel dès 1979. En 1981 l’État gabonais finance, en partenariat avec des investisseurs privés et la Sofirad (société à capitaux publics français), la création d’Africa no 1. Très rapidement, la radio généraliste fait rêver les Africains grâce à la qualité de ses programmes et animateurs tels , Eugenie Diecky, Patrick Nguema Ndong, Denise Boukandou et autres.
« Avant que RFI ne m’appelle, je rêvais d’intégrer cette radio emblématique pour moi. C’était en 1995. À cette période, j’étais tous les dimanches matin sur France3 et M6.
À AfricaN°1, le patron de l’époque à Paris, ( Nicolas Barret), me dit que certains, au sein de l’équipe parisienne, ont peur que ma venue leur fasse de l’ombre. 15 jours plus tard, RFI me propose de remplacer Gilles Obringer. », révèle Claudy Siar.
Voilà donc résumé le mal de l’Afrique : la jalousie. L’ennemi de l’Africain c’est d’abord l’Africain alors qu’on se proclame panafricaniste! Africa N°1 revendiquait à cette époque une audience journalière de 30 millions de personnes. Et puis, la dégringolade avec la mort d’Omar Bongo.
La Libyan Jamahiriya Broadcasting Corporation (LJBC) récupère en 2007 52 % de l’entreprise aux côtés de État gabonais (35 %) et d’un actionnaire privé gabonais (13 %). L’accord entre la Libye et l’État gabonais prévoit que ce dernier doit s’occuper du passif de l’entreprise pendant que ce premier engage les dépenses de modernisation des infrastructures.
Africa N°1 meurt après l’assassinat de Kadhafi. En 2011 Africa no 1 n’est plus diffusée sur le continent africain. L’entrée tombe en faillite avec une ardoise de 200 millions de F CFA (300 000 euros) due au fournisseur Eutelsat que l’actionnaire majoritaire de la radio, LJBC, ne peut pas honorer. L’État gabonais s’est engagé à régulariser la situation, et à injecter 150 millions de FCFA chaque mois dans la structure radiophonique.
En février 2016, une grève éclate dans les locaux africains d’Africa n°1, menée par un personnel dénonçant la dégradation de leurs conditions de travail et des salaires impayés depuis 4 mois. Les studios et bâtiments sont délabrés.
« AfricaN°1 a subi le même sort que la compagnie aérienne AIR AFRIQUE, liquidée le 25 avril 2002 au tribunal d’Abidjan après 41 ans d’existence ! Certains membres de la compagnie, restés sans salaire, se sont suicidés…À AfricaN°1 aussi le désespoir a tué !!
HOMMAGE À TOUTES LES VICTIMES !
Que leur âme repose en paix. », conclut Claudy Siar. Ça fait très mal.