ALASSANE OUATTARA REÇU COMME UN SANS-PAPIERS À L’ÉLYSÉE

En visite en France, le président ivoirien a dû ramper et utiliser tous ses tuyaux et lobbies pour obtenir un rendez-vous avec Emmanuel Macron. Son épouse a plaidé auprès de Brigitte Macron, Nicolas Sarkozy est intervenu, et finalement, la rencontre s’est tenue clandestinement  comme celle d’un couple adultérin.

Alors que le Conseil constitutionnel en Côte d’Ivoire examine les 44 dossiers de candidature à la présidentielle du 31 octobre, le président sortant, Alassane Ouattara, 78 ans, a couru en France pour valider sa candidature auprès du jeune Emmanuel Macron. Contrairement aux autres visites, le président ivoirien  a  été reçu à Paris  pour un déjeuner loin des caméras de la presse, sans tambour, ni trompette.

Silence, on joue avec les masques. Difficile donc de démasquer la vraie position de la France après le déjeuner d’Emmanuel Macron et Alassane Ouattara à l’Elysée. Quel était le but de cette visite au forceps ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est ce que qui a été décidé ?

Si le président Alassane Ouattara a qualifié d’« excellent » le déjeuner de travail avec Emmanuel Macron, l’opposition ivoirienne a de son côté insisté sur le silence de l’Elysée à la suite de cette rencontre. Pas de conférence de presse, pas même un communiqué du côté de Paris.

Emmanuel Macron a rappelé qu’il était « fidèle » à son engagement posé lors de son discours à l’université de Ouagadougou en novembre 2017 : le président français est attaché au « principe de ne pas s’ingérer dans la politique intérieure des pays », indique une source à l’Élysée, sans préciser s’il a été question des vives tensions qui agitent la Côte d’Ivoire à quelques semaines de la présidentielle.

Un silence qui permet à Jean-Louis Billon, secrétaire exécutif du PDCI, de railler Alassane Ouattara dans un tweet : « le président ivoirien parle de convergences de vues avec le président Macron, ne confondrait-il pas désir et réalité ? » ironise l’ancien ministre du Commerce, qui rappelle par ailleurs que le président français avait salué, en mars dernier, la décision du chef de l’Etat ivoirien ne pas se représenter.

Pour Guillaume Soro, ex-Premier Ministre, et aujourd’hui candidat au poste suprême, Alassane Ouattara « a voulu faire une entourloupe à Emmanuel Macron », qui selon lui, ne s’est pas « fait berner ».

Macron avait félicité Ouattara lorsqu’il a annoncé en juillet dernier qu’il ne serait pas candidat à sa propre succession. À Ouagadougou, il avait insisté sur le renouvellement de la classe politique. Les derniers événements en Côte d’Ivoire sont donc clairement contraires à sa position.

Sauf que les vieux du Quai d’Orsay protègent d’abord les intérêts de la France. Et ce sont eux qui ont permis à Alassane Ouattara d’obtenir ce rendez-vous. Mais, rien n’est gagné. La France marche sur les oeufs, surtout après les manifestations qui ont entraîné le coup d’État militaire au Mali.