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ALI BONGO LÈGUE LE POUVOIR À UNE ÉQUIPE DE 11 FEMMES

Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba a pour la première fois nommé une femme à la tête d’un gouvernement. Ministre de la Défense depuis 19 mois, Mme Ossouka Raponda, 56 ans, remplace Julien Nkoghe Bekalé, qui dirigeait le gouvernement depuis janvier 2019.

« Par décret du Président de la République, est nommé Premier ministre, chef du gouvernement, Madame Rose Christiane Ossouka Raponda », a annoncé la présidence dans un communiqué. M. Bongo l’a chargée « de former le nouveau gouvernement », ajoute le texte.

Ce remaniement intervient alors que l’opposition et des personnalités de la société civile s’interrogent à nouveau publiquement sur l’état de santé de M. Bongo, élu à la tête du Gabon il y a près de 11 ans en succédant à son père, Omar Bongo Ondimba, mais affaibli physiquement par un AVC qui l’a frappé en octobre 2018.

Lundi, le chef de l’Etat, après quelques semaines d’absence dans les médias, est réapparu sur des photos et des vidéos diffusées lundi par les médias officiels ou proches du pouvoir, présidant une réunion des chefs des différents corps de l’armée et de la police.

« Première femme à occuper la tête du gouvernement gabonais », Mme Ossouka Raponda, « économiste de formation, est diplômée de l’Institut gabonais de l’économie et des finances avec une spécialisation en finances publiques », précise le cabinet du chef de l’Etat dans un autre communiqué.

Cette dame de fer est nommée huit mois après le lancement par le pouvoir gabonais d’une vaste opération anti-corruption baptisée Scorpion qui  a abouti à l’incarcération de celui qui était considéré, depuis l’AVC de M. Bongo, comme l’homme fort du pays, son directeur de cabinet alors Brice Laccruche Alihanga et d’une vingtaine de ses proches dont quatre anciens ministres.

Le chef d’État Ali Bongo qui visiblement ne s’est toujours pas remis de sa maladie, et qui subit de plus en plus des critiques internes et de Paris, effectue ce remaniement,19 mois après une tentative rocambolesque de coup d’Etat le 7 janvier 2019, à la suite duquel M. Nkoghe Bekalé avait été nommé Premier ministre et Mme Ossouka Raponda ministre de la Défense.

Et elle arrive avec une équipe constituée de onze joueuses pour ce qui semble être la finale d’un régime à bout de souffle. Sur un total de 33 ministres, y compris le chef du gouvernement, il y a 11 femmes et 22 hommes. Le premier et le numéro 2 de l’équipe sont des femmes.
Le gouvernement reste contrôlé par le parti au pouvoir et ses alliés. Les proches du chef de l’État conservent les postes clefs. Lambert Noël Matha reste au ministère de l’Intérieur. Le Pétrole est toujours entre les mains de Vincent de Paul Massassa. Michael Moussa Adamo, ambassadeur du Gabon aux États-Unis est appelé au ministère de la Défense. Il est parmi les principaux entrants. Pacôme Moubelet Boubeya, en touche depuis près de deux ans regagne le ministère des Affaires étrangères où il remplace Alain Claude Bilie By Nze, un autre proche d’Ali Bongo muté au ministère de l’Énergie.

Première femme élue maire de la capitale Libreville en 2014, avec l’étiquette du parti présidentiel, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), après avoir été ministre du Budget depuis 2012, elle arrive donc comme une bouée de sauvetage avec des Amazones chargées de redresser la barque menacée de naufrage.

Elle aura pour « mission », entre autres,  « d’assurer  la relance économique et l’accompagnement social nécessaires en raison de la crise mondiale liée à la covid-19 », conclut le communiqué du cabinet de la présidence.

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