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ALPHA CONDÉ FAIT ASSASSINER UNE DIZAINE DE GUINÉENS

Ce n’était pas un vote, mais une guerre entre le peuple et l’armée guinéenne. L’opposition avait promis de boycotter le vote et d’en empêcher la tenue. La persistance depuis plusieurs semaines des troubles n’a pas dissuadé le gouvernement d’organiser les scrutins, pas même l’apparition récente du coronavirus. Bien au contraire, comme pour rallier l’armée à sa cause, Alpha Condé a augmenté les salaires des forces de sécurité à 20%.

Nzérékoré, la principale ville du sud, a connu une agitation toute particulière avec des bureaux de vote saccagés, des véhicules calcinés, jusque dans l’enceinte de l’université, un lieu ultrasécurisé. Sans compter les mouvements dans les quartiers de Bellevue, de Nakoyakpala et de Mohomou. Des arrestations ont été effectuées à Kindia, la ville garnison de la Basse-Guinée, dans le milieu des opposants à la nouvelle Constitution, qui ont attaqué des bureaux de vote.

Des bureaux de vote ont également été incendiés à Kolaboui dans l’ouest, alors qu’à Koundara au nord, le même scénario a été constaté à Hamdallaye et Sareboido près de la frontière bissau-guinéenne. A Télimélé, des membres des bureaux de vote ont été molestés et chassés alors qu’à Pita, la journée a été transformée en journée ville morte.

Des affrontements sont survenus dans des banlieues ou quartiers de Conakry comme Cosa, Hamdallaye, Dar-es-salam et Lambanyi, où des jeunes de l’opposition ont attaqué les policiers et les gendarmes sécurisant le vote. Les forces de l’ordre, caillassées, pourchassaient ces jeunes et lançaient contre eux des grenades lacrymogènes, des tirs ont été entendus.

Un jeune homme de 28 ans a été tué et plusieurs personnes blessées par balle dimanche à Conakry, selon ses proches et l’opposition.
Des troubles ont également eu lieu à Mamou (centre), à Boké (ouest) et à N’Zérékoré (sud-est), selon des témoins. Du matériel électoral a également été détruit dans des localités comme Kobéla (sud), Dinguiraye (nord) et Konah (nord), selon d’autres témoins. Joints dimanche par l’AFP, des responsables de l’administration territoriale n’ont pas réagi.

Depuis la mi-octobre, des dizaines, voire des centaines, de milliers de Guinéens sont descendus dans la rue contre l’intention prêtée à M. Condé d’essayer de se succéder à lui-même à la fin de 2020. Au moins 31 civils et un gendarme ont été tués. Des dizaines d’opposants ont été arrêtés et jugés. Les brutalités policières sont constamment dénoncées.

Lors des affrontements survenus lors du scrutin du dimanche 22 mars, au moins dix manifestants auraient été tués.

morts, selon le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) pour la seule journée de dimanche , quatre, selon le ministère de la Sécurité dont deux dans les violences et deux autres des suites d’un accident et par arrêt cardiaque, sans plus de précisions.

Le communiqué du ministère de la Sécurité ajoute que 9 agents de l’Unité spéciale de la sécurisation des élections dont 7 policiers ont été grièvement blessés, alors que le FNDC annonce que plusieurs dizaines de ses sympathisants ont été blessés par balles.

Voici la liste de quelques  victimes qui nous a été communiquée par les familles et des sources sur place :

1.Boubacar Barry alias Brother ( tué à cosa)

2.Elhadj Nassouroulaye Diallo ( tué à cosa)

3. Hafiziou Diallo ( Tué à Hamdallaye)

4. Thierno Ibrahima 25 ans ( tué à Kakimbo)

5. Mamadou Oury Diallo, 23 ans ( tué à Dar-Es-Salam)

6. Hamidou, Chauffeur, âgé 25 ans (tué à Wanindara)

7. Issa YERO, ( tuée à Ansoumanya)

Alpha Condé, 82 ans, a été élu en 2010 et réélu en 2015. L’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats, la nouvelle que propose M. Condé également. Mais, selon ses opposants, elle lui permettrait de remettre son compteur à zéro.

L’ancien opposant devenu sanguinaire assure qu’il s’agit de doter son pays d’une Constitution « moderne ». Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l’excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres. Cependant, il entretient le flou sur sa volonté de briguer un troisième mandat.

Les remises en cause internationales quant à la crédibilité du vote se sont succédé, étayées par la présence sur les listes électorales de 2,5 millions de noms douteux, soit le tiers du fichier. Les recommandations des organisations internationales sur le fichier ont été « intégralement prises en compte », a affirmé le président Condé dans un discours publié samedi sur la page Facebook de la présidence guinéenne, promettant des scrutins « transparents ».

Amnesty International, l’Union européenne et même l’ONU ont fait part de leur inquiétude, en amont, d’un scrutin qui se déroule sans les observateurs internationaux de l’OIF, de la Cédéao et de l’Union Africaine qui se sont retirés du processus, le report du double scrutin n’ayant pas été mis à profit pour réintégrer l’opposition. Il n’y a par ailleurs pas de réseaux sociaux non plus depuis samedi soir. Facebook et Twitter sont inaccessibles sans VPN.

L’opposition avait promis de boycotter le vote et d’en empêcher la tenue. La persistance depuis plusieurs semaines des troubles n’a pas dissuadé le gouvernement d’organiser les scrutins, pas même l’apparition récente du coronavirus.

La Guinée a déclaré deux cas de contamination dont un a été guéri, selon le gouvernement. La présence du Covid-19 suscite l’attention dans un pays où la fièvre Ebola a fait 2 500 morts entre 2013 et 2016.

« J’ai comme l’impression que notre pays prend les choses à la légère », s’émeut Amadou Oury Bah, banquier et homme politique. « Au lieu de donner congé aux enfants pour une période conséquente pour limiter la propagation de cette maladie, les autorités sont plutôt intéressées par leur campagne électorale. »
Le parti au pouvoir appelle la population à aller voter. « Nous insistons sur le strict respect des règles hygiéniques », a déclaré l’un de ses responsables, Fodé Cissé.

Des chefs d’Etat ouest-africains ont annulé leur mission de bons offices au cours de la semaine en Guinée. Avant le vote initialement prévu pour le 1er mars, deux grandes organisations régionales avaient renoncé à se déployer ou avaient rappelé leurs observateurs.

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