ALPHA CONDÉ S’ÉCROULE ET HUMILIE LA GUINÉE
Une campagne qui se termine en queue de poisson avec une humiliation en mondovision pour Alpha Condé. Alors qu’il voulait faire une démonstration de force dans un stade en ébullition, le président est rattrapé par son âge et suscite des interrogations sur sa santé physique et mentale à cause de ses multiples loupés durant la campagne.
Alpha Condé avait d’abord été filmé en dansant avec des poings levés pendant l’exécution de l’hymne national à un moment où il faut plutôt s’immobiliser, rester droit et chanter. Il aura fallu un caméraman pour lui chuchoter à l’oreille que c’est l’hymne national de son pays qui est joué et non un générique de campagne . Ce scandale a fait le tour de la toile laissant croire qu’il aurait des problèmes d’audition.
« Vendredi à Conakry, Alpha Condé a rassemblé des milliers de sympathisants dans une ambiance fiévreuse au stade du 28-Septembre, chauffé à blanc par des ambianceurs et des musiciens, pour ce qui s’annonçait comme sa dernière grande réunion publique avant la fin de la campagne à minuit (locales et GMT).M. Condé a défendu son action pendant dix ans à la tête du pays, en faveur de la croissance, l’industrie, le désendettement. Il s’est moqué de ses adversaires et du premier d’entre eux, Cellou Dalein Diallo, qui a contesté sa faculté physique et intellectuelle à diriger le pays à 82 ans. »Comme certains ne vivent que dans le mensonge, ils ont dit: Il est malade », s’est-il gaussé, mimant la maladie et assurant avoir fait la démonstration de sa vitalité en enchaînant les meetings dans plusieurs villes de province chaque jour cette semaine.Évoquant la période actuelle comme une quatrième « révolution industrielle », Alpha Condé proclamait que « l’heure est venue de s’occuper du social » quand les haut-parleurs se sont brutalement tus, laissant la foule enthousiaste en suspens. M. Condé et son entourage ont brièvement cherché une parade, avant qu’il ne renonce et se retire », décrit AFP.
Mais un autre couac est survenu. Alpha Condé a failli tomber lors de cet ultime meeting. C’est un de ses gardes du corps qui l’a aidé à ne pas se retrouver par terre. Les images montrent un président de la république épuisé, soutenu à deux bras, comme s’il avait perdu ses forces et sa lucidité. Selon ses supporters, il aurait trébuché sur une marche. Mais tous ces loupés et ces petits détails font du chef d’État guinéen la risée du monde entier.
« Des images qui déshonorent la Guinée, le vieux est fatigué mais ils refusent qu’il se répose pour des intérêts égoïstes. Il est fatigué, difficilement il marche, ces images sont d’aujourd’hui au stade si ce n’était pas l’aide de son garde du corps il allait tomber sur place. Quelle humiliation ! La Guinée méritait mieux que ça », lit-on sur la page Facebook d’un internaute.
» Le trait est cruel dans la bouche d’un de ses anciens compagnons de route : « Alpha Condé se rêvait en Mandela d’Afrique de l’Ouest, ne risque-t-il pas plutôt de finir en Mugabe ? » Le président de la Guinée n’est ni l’un ni l’autre, mais cette comparaison avec deux icônes africaines – côté pile, l’image du héros immaculé de la lutte contre l’apartheid sud-africain et, côté face, la métamorphose de l’intraitable combattant anticolonial et libérateur de l’ancienne Rhodésie du Sud en dictateur ubuesque dépassé par l’âge – traduit la déception qui a gagné certains de ses plus fidèles partisans. Alpha Condé, l’ancien opposant, auréolé par une vie de lutte pour la démocratie durant la dictature de Sékou Touré (1958-1984) puis sous le régime autocratique de Lansana Conté (1984-2008), qui lui valut une condamnation à mort par contumace puis quelques années plus tard un séjour en prison, ne tente-t-il pas, âgé aujourd’hui de 82 ans, le mandat présidentiel de trop ? », écrit Le Monde.
« Avec l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, le climat des affaires s’améliore et la Guinée se tourne vers de nouveaux partenaires, comme la Chine, l’Inde et la Turquie. Le secteur minier redémarre et l’État tente de relancer l’agriculture.
Mais le pays part de très loin et les résultats ne sont pas toujours visibles aux yeux d’une jeunesse qui souffre en premier lieu d’un chômage de masse. Des lois insuffisantes, un système bancaire inadapté, une corruption dénoncée de toutes parts, des routes et des infrastructures délabrées ou inexistantes », analyse Le Point. Tout est dit pour celui qui est bien parti pour rester au pouvoir jusqu’à 87 ans. Et pourquoi pas plus ?