ALPHA CONDÉ VERS L’EXIL ET LA CPI
8 morts, une dizaine de blessés et plusieurs arrestations. C’est le bilan qu’aurait fait la répression des manifestants en Guinée, cette semaine dans le cadre d’un appel à manifester, lancé par le Front national pour la défense de la constitution. Alpha Condé est fortement soupçonné de vouloir tripatouiller la constitution pour s’offrir un troisième mandat.
Pour assouvir son avidité, voire sa boulimie du pouvoir, le président Condé semble prêt à tout, y compris passer sur le cadavre de ses compatriotes. Toute choses qui rappellent tristement les vieux démons ce pays. En effet, Alpha Condé joue allègrement avec le feu en oubliant manifestement le déshonneur avec lequel Blaise Compaoré a été chassé du pouvoir en 2014 au Burkina Faso ou encore la manière dont Mamadou Tandja a été dégagé en 2010, au Niger, pour avoir tenté de jouer les prolongations après ses deux mandats constitutionnels. Enfin, il faudra qu’Alpha Condé se souviennent que la Cour pénale internationale (CPI) est toujours en activité.
La Société civile et opposition guinéennes sont persuadées que le président de la République veut s’offrir un nouveau mandat. Parce qu’il y a des signes qui ne trompent pas. En cela, Alpha Condé fait partie assurément des dirigeants qui infligent la honte à l’Afrique, qui permettent que les autres manquent allègrement du respect à ce continent. Après tout ce qu’a vécu le peuple guinéen depuis les indépendances : la dictature, des sacrifices et des drames au prix desquels, le pays a retrouvé le chemin de la démocratie, – et dont lui-même a fait les frais-, c’est à peine croyable qu’au moment où finit son deuxième et dernier mandat, Alpha Condé tente de s’accrocher au pouvoir telle une sangsue. Même pas du respect pour son titre de professeur. Professeur de droit de surcroit. Tout comme s’il n’y avait pas de vie après le pouvoir ou encore, si la Guinée devrait s’arrêter après lui. Mais que non ! Il ne peut y avoir déluge après Alpha Condé parce que lui-même n’est pas un démiurge avec de super capacités, autant que nous le sachions. Et donc il n’est pas indispensable.
De la nécessité de sortir par la grande porte
A 81 ans, Monsieur le président, c’en est assez. Le temps est au repos. Il vaut mieux prendre la retraite et vous occupez de vos petits-enfants plutôt que de s’accrocher à une fonction jusqu’à atteindre un âge grabataire au pouvoir. Vous avez fait ce que vous avez pu hier comme aujourd’hui. Vos compatriotes vous le reconnaitront sans doute. Les réformes que vous croyez être dans l’intérêt des Guinéens et que vous n’auriez pas pu entreprendre, ne vous inquiétez pas, vos successeurs s’en occuperont. Puisque l’Etat est une continuité. Les hommes passeront, mais l’Etat restera.Vous ne pouvez en aucun cas être indispensable pour votre pays. Nul être n’est indispensable. Au contraire, il y certainement nombre de Guinéens qui peuvent gouverner autant et voire mieux que vous le pays. De ce point de vue, vous pouvez partir dans l’honneur. Ce message des manifestants mérite que vous l’entendiez et preniez une sage décision. Même si votre cour vous pousse à agir autrement.
Des problèmes, on en a suffisamment dans la sous-région et dans chaque pays, vous Alpha Condé feriez mieux d’en épargner un de plus à la sous-région. La démocratie, c’est aussi les alternances. Vous comprendrez que vous laborieuses et spécieuses justifications ne convaincront personne. En effet, votre forfaiture latente critiquée de toutes parts, vous aviez tenté de vous justifier en ces termes. «Non seulement, la constitution a des insuffisances par la façon elle a été adoptée, mais aussi le monde a évolué. Il faut adapter notre constitution à ce nouveau monde. Cela n’a rien à voir avec le troisième mandat ou pas ».Qui peut bien croire à ces explications si ce n’est votre cour. On est d’ailleurs habitués à ce genre d’arguments fallacieux de la part des autres membres de votre « syndicat» de chez d’État quand, ils veulent passer à l’acte, quand ils veulent tripatouiller les textes pour rester. C’est de faire part que le peuple veut.
En soi, il n’y a pas de crime à modifier une constitution
C’est à cause des présidents «pouvoiristes» dans l’âme, comme vous semblez l’être, Monsieur le président, que finalement toute intention de changer la constitution dans un pays africain est toujours suspecte, mal vue et à juste raison. Or en temps normal, dans un pays normal, on peut, pour ne pas dire, on doit changer, une constitution pour l’adapter aux défis nouveaux qui se posent à la nation ou pour corriger éventuellement quelques injustices sociales, voire politiques. Seulement, vous comme d’autres «pouvoiristes», lorsque vous entreprenez des modifications ou changement de la constitution, c’est pour vous servir à titre personnel. C’est pour vous maintenir au pouvoir et continuer à profiter des délices de la fonction et des coulisses du palais. «C’est rarement des modifications consolidantes». Dans certains cas, nous dirigeants touchent la constitution pour surveiller vos arrières, se protéger parfois des poursuites pour les crimes économiques et autres, éventuellement commis pendant leur magistère. Par conséquent, quand il y a un projet de modification, le peuple ne peut que se braquer, même si la cour applaudit.
Monsieur le président, vous devrez savoir qu’il y a une vie après le pouvoir. Vous dirigeants africains, avez coutume de dire aux jeunes, n’attendez pas toujours l’emploi de l’État, allez créer, lancez-vous dans l’entrepreneuriat. Et bien vous aussi Alpha Condé -Allez ! lancez-vous! Allez créer votre cabinet si de par votre personnalité, vous estimez que vous devez continuer à travailler vos méninges, être actif. Reconvertissez-vous en consultant international.
C’est d’ailleurs curieux de voir que des présidents qui cherchent laborieusement à s’accrocher au pouvoir. Or pendant leur magistère, ils ont rencontré toute sorte de personnalités d’envergure et de stature mondiale, ils se sont constitués des carnets d’adresse impressionnants à travers le monde et a rencontré des gens fascinants. Ce carnet d’adresse devait être une opportunité inestimable à exploiter en tant qu’ancien chef d’État pour faire affaires pour les anciens présidents qui sont des damnés du travail. En sus, avec une carte de visite ancien président de la République de …, beaucoup de portes s’ouvrent facilement. C’est pourquoi le coach en développement Patrick Armand Pognon, ironise en disant que s’il y avait un concours pour être ancien chef d’État, il préférerait bien, lui, ce poste d’ancien président plutôt que d’être président en exercice. Dans les pays du Nord, c’est le marché des conférences internationales qui sont aussi grassement rémunérées. Mais sous les tropiques, il peut y avoir d’autres filières pour anciens présidents.
Autrement, il y a tant de choses utiles que vous pouvez faire pour votre pays en tant qu’ancien chef d’État. Vous pouvez, par exemple, mettre votre expérience dans la formation de la jeunesse de votre pays à la conscience citoyenne et la postérité retiendra. Vous pouvez reconvertir dans le lobbying et driver les investisseurs vers l’Afrique et vous en avez les moyens et les capacités.
Mais vouloir tripatouillez la constitution pour rester au pouvoir en marchant sur le cadavre des Guinéens ne vous honore pas et vous risquez même de trouver la CPI à vos trousses. Et à travers la mobilisation exceptionnelle de ce lundi, 14 octobre, dans les grandes villes du pays, les Guinéens vous ont clairement dit qu’ils n’en veulent pas. Vous avez le devoir d’écouter ce message. «On ne veut pas un troisième mandat, on ne veut pas une nouvelle constitution, on ne veut pas un référendum. Nous manifestions qu’à la fin de son deuxième mandat, il laisse l’opportunité aux autres accéder au pouvoir pour qu’on ait un nouveau président», dit Ibrahima Bah, un manifestant à Conakry et c’est à l’unisson que vos compatriotes le disent.
Votre ami Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, lui après avoir lancé une balle de sonde qui n’était pas favorable à son troisième mandat, semble avoir abandonné, malgré l’envie folle qu’il avait de s’accrocher lui aussi. Espérons que vous suivrez ses pas. Monsieur le Président, qu’il vous souvienne, Blaise Comparé, toute honte bue, a été obligé de fuir dans le déshonneur son pays à cause du refus catégorique des Burkinabé d’un tripatouillage pour un énième mandat. Au Niger Mamadou Tandja a été déposé parce qu’il voulait une prolongation. Le peuple nigérien n’en voulait pas, il s’est entêté. Et l’armée a pris ses responsabilités. Donc pensez-y !
Source : Sene.News