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ANCIEN FLEURISTE DEVENU PRÉSIDENT LE PLUS HUMBLE DU MONDE

Un homme qui faisait de l’autostop sur une route du Sud-Ouest de l’Uruguaya eu la surprise d’être pris par un véhicule dans lequel circulaient le président du pays,José Mujica, et son épouse, rapporte le journal El Observador. « j’ai marché un moment, 25 ou 30 voitures sont passées, mais aucune ne s’est arrêtée », a-t-il raconté El Observador. Puis soudain, une camionnette avec une plaque officielle suivie d’une autre voiture ont stoppé. Le conducteur de la voiture lui a demandé où il se rendait. »Je lui ai dit que j’allais à Juan Lacaze. Il m’a répondu qu’il pouvait m’avancer jusqu’à Anchorena (où se trouve une résidence présidentielle, NDLR) et m’a dit d’aller dans la camionnette. Quand je suis monté, je me suis dit (à propos de la conductrice) :cette femme, je la connais. C’était Lucia (Topolansky, sénatrice et épouse de « Pépé » Mujica), avec leur chienne Manuela, et Pépé était assis devant ». « Le voyage a été court, mais ils ont été très aimables », a commenté Gerhald Acosta, qui a posté sur Facebook des photos de ses chauffeurs inattendus.

Pepe Mujica, ancien fleuriste, guérillero, prisonnier, devenu  président de l’Uruguay , est une e vedette mondiale pour son style austère. Il ne porte jamais de cravate, mais il porte le verbe haut. Il est du genre à se rendre à des sommets de chefs d’Etat chaussé de bottines élimées. Un moindre mal quand on sait qu’à l’époque où il était député et sénateur, il allait au Congrès avec des bottes en caoutchouc terreuses aux pieds.

Dans un long portrait que l’hebdomadaire Courrier international lui a consacré, Graziano Pascale, le premier journaliste à avoir affirmé que Pepe Mujica pourrait être le candidat du Frente Amplio (la coalition de gauche au pouvoir), décrit ainsi ce président pas comme les autres, élu en 2005 : « Mujica, c’est ce vieil oncle un peu fou que l’on a tous dans nos familles. L’élire président a été une folie collective. Son personnage public ne s’accorde pas avec la vie normale de l’Uruguayen ».

Lui se définit comme « ex-guérillero végétarien » et « un paysan de vocation ». Il est vrai que José Mujica n’a pas le parcours classique d’un chef d’Etat. Vraiment pas. Issu d’une modeste famille paysanne, avant d’arriver à la tête de l’Uruguay, c’est au sein des Tupamaros , la guérilla qui luttait contre la dictature militaire (1973-1985) qu’il s’engage. Ce qui lui vaut de passer près de quinze ans en prison, dont les deux tiers à l’isolement total. Et même s’il fut finalement rattrappé et de nouveau emprisonné, Pepe Mujica peut sans doute se targuer d’être le seul président à être entré dans le Livre des records pour son évasion de la prison de Punta Carretas, en 1971, aux côtés d’une centaine de militants par un tunnel de 40 mètres de long !

Amnistié avec le retour de la démocratie, il se lance en politique et gagne toutes les élections auxquelles il se présente . Il accède également au poste de ministre de l’Agriculture. Derrière les barreaux, torturé, il a raconté avoir perdu la tête. Fin 2011, en visite dans un hôpital psychiatrique, il expliquait aux médecins et patients qu’il entendait des bruits et était devenu fou. Avant de conclure, désormais président : « Et me voilà ici, encore plus fou qu’avant ».

Malgré les six balles qu’il a reçues dans le corps dans le passé, José Mujica est un président philosophe. Lors de la conférence Rio+20 de 2012, il a expliqué que « les vieux penseurs – Epicure, Sénèque et même les Aymaras – définissaient le pauvre non pas comme celui qui a peu, mais comme celui qui a une infinité de besoins et désire toujours plus que ce qu’il a ».

Président des pauvres, c’est une philosophie qu’il s’applique à lui-même. Il reverse 90% de son indemnité présidentielle et a refusé de s’installer dans le palais présidentiel. Il vit toujours dans une ferme, avec son ex-guérillera de compagne, Lucia Topolansky. José Mujica a d’ailleurs décidé que le palais présidentiel figurerait sur la liste des lieux d’accueil des sans-abri en cas de saturation des centres d’hébergement en hiver. Pour parfaire le tableau, la seule richesse que « le président le plus pauvre », comme on l’appelle, revendique, c’est une Coccinelle bleue achetée en 1987. Le président d’un tout petit pays qui pourrait en inspirer des plus grands.

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