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APRÈS AVOIR SACRIFIÉ DES MILITAIRES , PAUL BIYA RECRUTE DES CHEFS TRADITIONNELS POUR ALLER EN GUERRE CONTRE LES SÉPARATISTES

Par Michel Biem Tong, journaliste web en exil

Presque défait sur le front de guerre, pressé par la communauté internationale de s’asseoir sur une table de négociations avec les séparatistes anglophones, le pouvoir de Yaoundé ne veut pas du tout l’entendre de cette oreille. Conséquence, il faut multiplier des scénarios pour (1) donner l’impression au monde entier que la situation se normalise dans le Cameroun anglophone (2) affaiblir le moral des populations locales qui sponsorisent la lutte et surtout (3) faire tout pour créer des conditions de la tenue des législatives et municipales le 9 février prochain sans lesquelles la séparation sera actée.

Après la grosse arnaque du retour du Nigéria des soi-disant 87 réfugiés de la crise anglophone au Cameroun (en réalité, 99% de ces « réfugiés » étaient des Camerounais francophones résidant au Bénin), le régime de Paul Biya, à travers l’élite anglophone basée à Yaoundé, est en train de mettre en place un plan qui consiste à : (1) infiltrer les groupes armés de bandits qui vont procéder à des kidnappings contre rançons et à pas mal de mesures vexatoires vis-à-vis de la population (2) mettre à contribution les chefs traditionnels et les militaires afin d’amener une poignée de villageois à se soulever contre ces groupes armés.

Ce plan a bien marché vendredi 3 janvier dernier à Balikumbat dans le nord-ouest anglophone où l’on a vu une trentaine de villageois, à l’instigation du chef traditionnel babungo, se soulever contre les groupes armés qui contrôlent le Ngoketunja. Ce soulèvement n’avait rien de spontané. Il s’agit en réalité d’un coup savamment monté par l’élite RDPC (parti au pouvoir) du Ngoketunja et commandité par Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale, de sources bien informées. D’ailleurs, les toutes premières personnes à avoir diffusé cette information en temps réel c’était la Cameroon radio and television (Crtv), média d’Etat, et les agents du régime sur les réseaux sociaux. Autre preuve que ces manifestations n’avaient rien de spontanées, la présence d’une vingtaine d’éléments du Bataillon d’intervention rapide (BIR) sur les lieux. Comme quoi, les populations qui se sont soulevées y ont été presqu’obligées par les soldats du BIR.

Cette autre mise en scène du régime de Yaoundé avait pour objectif de donner l’impression à la communauté internationale que les populations en ont marre de la lutte pour la restauration du Southern Cameroons et les groupes armés séparatistes ne sont qu’une poignée de criminels et de terroristes dont la population locale ne veut plus. La présence du BIR à Balikumbat ce vendredi 3 janvier est ce détail qui a échappé aux manipulateurs de Yaoundé et qui vient conforter plus d’un à l’idée de ce que ce soulèvement populaire n’était pas une volonté délibérée des villageois. De sources dignes de foi, d’autres villages pourront prendre le relais dans les prochains jours. Mais nul n’est dupe. Il est désormais facile à deviner d’où ça vient.

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