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APRÈS OUATTARA ET CONDÉ, GEORGE WEAH LANCE LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION

Après le référendum de la révision de la Constitution qui a permis à Alpha Condé et Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat, George Weah appelle les Libériens à se rendre aux urnes ce mardi pour une consultation visant la réduction des mandats électoraux. Elle concerne non seulement les députés, les sénateurs, maillot aussi le Président de la République, dont le passage à la tête de l’Etat pourrait être porté de six à cinq ans en cas de victoire du « Oui ».

Le président George Weah a expliqué à la population de se déplacer en masse afin de voter pour la réduction des limites de mandat. « Je veux que vous disiez Oui au référendum, parce que c’est dans votre intérêt », avait-il lâché à ses supporteurs lors d’un meeting.

Les explications de George Weah ne sont toutefois pas partagées par l’opposition qui y voit une manœuvre déguisée pour prolonger son règne à la tête du pays. « Je ne comprends pas trop l’intérêt de ce référendum, alors pour être sincère je n’irai pas voter » , s’insurge  Amelia Johnson, une jeune sympathisante de l’opposition.

Plébiscité lors de son élection en 2018, George Weah doit faire face aujourd’hui à de nombreuses critiques. Depuis son élection, la situation économique du pays, l’un des plus pauvres du monde, s’est encore aggravée en raison de la crise du coronavirus. Et la popularité de l’unique Africain ayant rapporté le Ballon d’Or s’est largement érodée, notamment auprès des jeunes qui l’avaient porté au pouvoir.

Des rumeurs lui ont attribué ces derniers mois la volonté de tirer profit du  changement de Constitution,  qu’il appelle de ses vœux, pour aller au-delà de la limite de deux mandats présidentiels, comme viennent de le faire ses homologues de la Guinée et de la Côte d’Ivoire, des pays voisins du Liberia, Alpha Condé et Alassane Ouattara.

« Il briguera un troisième mandat simplement parce que ses six premières années se seraient déroulées sous une autre Constitution. Voter Oui au référendum serait une erreur », estime le sénateur d’opposition Darius Dillon.
En se targuant d’une « remise à zéro » de son compteur présidentiel, George Weah pourrait non seulement se représenter en 2024 pour un second mandat (de cinq ans), mais aussi encore une fois en 2029, ce qui rendrait possible une présidence Weah jusqu’en 2034.

Son entourage affirme pourtant que l’ex-attaquant vedette du PSG et de l’AC Milan « ne pense pas à un troisième mandat » alors qu’il n’a même pas achevé le premier.

La révision constitutionnelle vise aussi à modifier les règles en matière de nationalité, une question qui continue à diviser la société du Liberia, plus ancienne république d’Afrique noire fondée au XIXe siècle sous l’impulsion des Etats-Unis pour des esclaves noirs affranchis, dont les descendants ont dominé la vie politique pendant 170 ans.

Alors que la double nationalité est interdite depuis 1973, le projet de nouvelle Constitution prévoit que tout enfant né d’au moins un parent libérien serait automatiquement un « citoyen naturel » du pays et qu’il aurait le droit de détenir une autre nationalité.

Ces bi-nationaux n’auraient pas le droit d’accéder à certaines hautes fonctions, notamment électives, mais ils seraient autorisés à accéder à la propriété au Liberia, ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent.

De nombreux membres de l’élite américano-libérienne sont également et secrètement citoyens des Etats-Unis. La population  « autochtone » leur reproche d’appauvrir le pays en utilisant l’argent qu’ils gagnent au Liberia pour se construire des propriétés aux Etats-Unis.

Quelque 2,5 millions d’électeurs sont appelés à approuver ou non huit amendements à la Constitution de 1986, dont un réduisant la durée du mandat présidentiel de six à cinq ans. La révision proposée réduit également la durée des mandats des députés et des sénateurs, respectivement de six à cinq ans et neuf à sept ans.

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