ATTAQUES DES ÉCOLES : TERRORISME D’ÉTAT POUR TROMPER LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
Il est évident que le massacre de 7 élèves perpétré le 24 octobre dernier dans une école à Kumba est un crime d’Etat. Indiscutable ! Mais en planifiant cette attaque, les sécurocrates depuis Yaoundé avaient espéré que la communauté internationale se ligue contre les séparatistes anglophones, condamne leur mouvement indépendantiste et si possible le classe parmi les organisations terroristes. Peine perdue car dans son rapport rendu public ce 3 novembre 2020, l’ONG Human Right Watch a plutôt invité le régime Biya à ouvrir une enquête indépendante sur le drame de Kumba, avec le concours éventuel de l’ONU et de l’Union Africaine. Ce qui signifie que la thèse incriminant les séparatistes ne fait plus recette.
Dos au mur et à l’approche des élections régionales prévues le 6 décembre prochain (à l’issue lesquelles un statut spécial sera accordé aux régions anglophones), le pouvoir Biya se bat comme il peut pour convaincre l’opinion internationale de la réalité indéniable du « terrorisme ambazonien ». Confronté à la symbiose entre ces groupes armés et la population (dont ils émanent d’ailleurs), le régime de Yaoundé, à travers ses milices, multiplie des attaques des écoles par des soldats, gendarmes et policiers camerounais en civils, aidés en celà par des groupes de brigands qui leur servent de supplétifs pour le sale boulot.
Leurs dernières cibles en date est une école privée à Limbe (Sud-Ouest) et près d’une dizaine d’écoliers à Fundong (Nord-Ouest) qui ont été enlevés. Il s’agit d’opérations secrètes savamment montées par le haut sommet de l’État à Yaoundé. Eh oui ! Ceux qui ont planifié le carnage de Kumba sont les mêmes dont l’ombre plane derrière toutes ces attaques d’établissements scolaires. Que le monde entier ne se laisse donc pas manipuler.
Souvenez-vous qu’après l’incident de Kumba, nous vous avons annoncé d’autres attaques dans les écoles en zone anglophone . Nous y sommes. Hier 3 novembre 2020, Kumbo a été évité de justesse, aujourd’hui c’est Limbe et Fundong. Rassurez-vous, d’autres localités sont dans le viseur de ces malfrats qui ont pris l’appareil de l’Etat en otage depuis le 6 novembre 1982.
Pour gagner la bataille de l’opinion internationale dans le cadre du conflit anglophone, le pouvoir Biya est visiblement dans l’obligation de recourir à des méthodes terroristes et de voyous. La stratégie a des visées qui sont simples : (1) semer la pagaille en insistant dans la propagande officielle qu’il s’agit des séparatistes (2) susciter les réactions de condamnation de la presse internationale, des ONG internationales et des gouvernements occidentaux qui seront sans doute obligés d’intervenir et de réclamer l’arrêt du conflit (3) Le gouvernement camerounais va engager un lobbying en vue de convaincre l’opinion internationale du bien-fondé de la Coalition for Dialogue and Negociations. Il s’agit d’une initiative de paix sponsorisée par Yaoundé et qui vise à donner une illusion des pourparlers de paix avec la mouvance indépendantiste corrompue par le régime Biya. Ces semblants de négociation ont pour but de paver la voie vers le statut spécial des régions anglophones et le programme de reconstruction de ces dernières. L’enjeu de ce terrorisme d’Etat sur des élèves anglophones est donc celà : imposer le statut spécial et le programme de reconstruction des régions anglophones.
Ce gangstérisme d’Etat commandité par le palais présidentiel d’Etoudi vise à contourner les négociations avec l’aile radicale du mouvement, sous la médiation suisse (soutenue par les USA), car les dignitaires du régime Biya ne veulent pas à cette occasion aborder les causes réelles du conflit anglophone qui résident dans l’inexistence d’un traité de l’Union entre les deux Camerouns et sur l’annexion du Southern Cameroons (devenu Nord-Ouest et Sud-Ouest) par la République du Cameroun dès 1961. Par ailleurs, il faut avoir une cervelle givrée pour croire que les indépendantistes armés anglophones sont les auteurs de ces attaques sur des écoles. Ces groupes armés séparatistes vivent en harmonie avec la population locale et espèrent que la communauté internationale reconnaisse l’Etat d’Ambazonie dont ils rêvent. Alors comment peuvent-ils dans le même temps risquer le courroux de cette même communauté internationale en s’attaquant aux élèves ? Comment peuvent-ils s’aliéner le soutien de la communauté pour laquelle ils se battent ainsi que de leurs frères de la diaspora dont ils bénéficient des financements ?
Que l’association criminelle et mafieuse qui dirige le Cameroun arrête de jouer les dangereux avec les vies de pauvres innocents pour des raisons politiques. Paul Biya lui-même ne disait-il pas il y a 30 ans que » l’école aux écoliers, la politique aux politiciens »?
Michel Biem Tong, journaliste web en exil