AVANT BIYA, MOBUTU AVAIT VOULU DÉFIER LES USA
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Petit conseil précieux aux amis sardinards.
Chers amis et compatriotes sardinards, j’ai constaté la fureur concentrée avec laquelle, vous avez entrepris de dénigrer et de manifester du mépris à l’endroit de Tybor Nagy, le Monsieur Afrique de Donald Trump , attendu au Cameroun entre le 17 et le 18 mars 2019 . Si j’étais vous , je chercherais plutôt à gagner l’estime et la sympathie de ce “ simple sous -secrétaire d’Etat aux affaires africaines “ , comme vous dites péjorativement. Car , des précédents existent , où une simple ambassadrice des États -Unis à causé la perte d’un dinosaure , autrement plus redoutable que le roitelet de Mvog meka’a, qui se prend pour un stratège, mais qui en réalité n’est qu’un géant aux pieds d’argile .
Tenez , le maréchal auquel tient tant à ressembler le roi fainéant à perpétuité, sur le plan du culte de la personnalité, avait crû faire preuve d’ingéniosité politique en organisant une conférence nationale en son Zaïre en 1991 , histoire de faire diversion . Le dictateur voyait en l’organisation de cette grande messe , un énième subterfuge pour détourner ces assises populaires aux relents de constituante , de leurs vrais objectifs . Pour y parvenir, il avait comme leurre , trouvé la parade de la parole libre , et les participants l’avaient pris au mot .Face à cette liberté de ton soudain retrouvée , le maréchal fit brusquement marche arrière toute , en multipliant des entraves aux avancées des travaux , après qu’il eut fait l’objet de plusieurs noms d’oiseaux sous fond d’ironie et de sarcasmes . Car , les autocrates ont cela en commun , qu’ils ne supportent pas la critique et encore l’outrance .
Nous en étions là , lorsque l’ambassadrice des États-Unis à Kinshasa, Melissa Wells se décida à aller défier frontalement le maréchal à bord du bâtiment de guerre à son et à ses armes . Peu avant son accréditation à Kinshasa, Bill Clinton avait donné des instructions nettes et précises à l’ambassadrice : “ Mobutu fait partie d’une génération dont l’Afrique doit se passer , et les États -Unis aussi . Il était déjà président lorsque j’étais étudiant , et il était toujours président lorsque je suis devenu gouverneur, et il est encore président maintenant que moi-même je le suis devenu . Il est plus que temps qu’il parte . “
Confrontant le maréchal Mobutu , Melissa Well va lui enjoindre sans y mettre la moindre forme de courtoisie , que Washington exige l’avancée rapide des travaux de la conférence nationale alors dirigées par Mgr Monsegwo. Choqué , Mobutu lui fera observer que le Zaïre est un État souverain , qu’il ne reçoit pas ses ordres des États -Unis . Là-dessus Melissa Wells rétorque : “ L’époque où nous avions besoin de vous est finie ; la guerre froide est finie ; vous n’avez plus d’instrument de chantage sur nous ; et vous n’avez plus vos amis à la Maison Blanche pour vous couvrir . Si vous n’acceptez pas notre shéma de changement démocratique, nous allons vous forcer à quitter le pouvoir . Nous en avons les moyens . “
Black boulée à Kinshasa sur ordre du maréchal, la diplomate incapable de se faire recevoir par quiconque sera rappelée à Washington, et son ambassade restera longtemps vacante en guise de protestation de la part des autorités américaines.
Six ans plus tard , le 29 avril 1997 , c’est Bill Richardson ambassadeur des États-Unis à l’ONU , qui débarque à Kinshasa au plus fort de l’avancée des hommes de Laurent Désiré Kabila , qui font tomber les villes après les autres . Le diplomate américain qui est aussitôt reçu par un Mobutu convalescent, est porteur d’un message de Bill Clinton , dont la teneur n’a absolument rien de diplomatique: Nous ne voulons pas voir votre cadavre demain traîné dans les rues de Kinshasa . Vous partez , et vous partez maintenant ou vous mourrez. Vous aurez les oreilles coupées et votre corps sera trainé dans les rues de Kinshasa. “
Pendant que Bill Richardson égrenait ces menaces , le dictateur assis , pilonnait machinalement le sol de sa traditionnelle canne , tout en fixant le plafond de sa résidence . Au terme de cette entrevue , il rédigea une missive qu’il fit porter en retour au président américain , et que l’émissaire de ce dernier exhibera à la presse , sur la devanture de la résidence du maréchal.
Jean-Pierre Du Pont