AVEC SA MONNAIE ET SANS LE FMI, L’ÉCONOMIE DU GHANA SE PORTE MIEUX QUE LA ZONE CFA
Les grands économistes d’Afrique francophone dont Alassane Ouattara, expliquent que le franc CFA est une monnaie solide qui développe leur économie. Mais, tous les pays de la zone franc CFA sont encore à traîner derrière le FMI. Par contre, le Ghana, avec sa propre monnaie, jouit d’une meilleure santé économique. Sa monnaie est plus forte que le franc CFA. À titre de comparaison, 85 cedis = 10 000francs CFA ! Et le Ghana ne mendie plus au FMI.
Le Ghana avait bénéficié, en 2016, d’un programme d’aide de 918 millions de dollars, échelonné sur trois ans, et destiné à stabiliser l’économie qui a souffert d’une hausse de l’inflation et de la dette, conjuguée à un ralentissement de la croissance. Le président ghanéen avait annoncé en mars 2018, que son pays va se passer de l’assistance financière du FMI à partir de 2019 et financer son budget grâce à ses propres recettes.
Le Ghana a effectivement claqué la porte au FMI, principal régulateur institutionnel de la finance internationale, se privant ainsi d’une manne qui lui tendait les bras. Il se devait donc de vite trouver de quoi financer son développement et soutenir son déficit budgétaire. Le 19 mars dernier, soit la veille de la fin de la dépendance du Ghana de l’emprise du FMI, le président Nana Akufo Addo a ordonné que soit lancé sur le marché international un emprunt obligataire de 3 milliards de dollars, soit 1 milliard de plus que le record obtenu en 2018 par la Côte d’Ivoire. La barre était très haute, l’enjeu vital pour le pays, et si l’opération de séduction fonctionne, elle sera un nouveau record africain en zone subsaharienne. Tous les observateurs alertés des intentions ghanéennes avaient scruté avec un peu de circonspection après le non au FMI.
Le résultat est plutôt spectaculaire . Le lendemain de la sortie du Ghana du programme du FMI, c’est à dire le 21 mars, 3 jours seulement après le lancement officiel de l’offre ghanéenne, le montant a été souscrit plus de six fois, selon la très sérieuse agence Bloomberg. Pied de nez on ne peut plus frontal au FMI et aux experts de Bretton Woods, car le carnet de commandes relatif à cette opération a en effet atteint les sommets à près de 20 milliards de dollars, là où le FMI proposait un nouveau programme (FEC) de 1 milliard de dollars avec les contraintes en matière de directives et de surveillance qui les accompagnent.
Pour cet Eurobond de 3 milliards de dollars, ont été validées une première tranche d’une maturité de 7 ans à 7,875%, une seconde de 12 ans à 8,125% et une dernière de 31 ans à 8,95%. Les taux bien que considérés comme relativement bas pour un pays africain, ( + ou -les mêmes que ceux du Portugal ou de l’Italie), le président ghanéen assure que son gouvernement a déjà trouvé de quoi financer à des taux encore plus bas les 20 prochaines années de son pays.
Devenu puissance pétrolière majeure en Afrique avec des découvertes de plus en plus importantes chaque année, ce pays qui devrait selon toutes les projections devenir 4 ème producteur africain de brut d’ici l’an prochain, a de quoi se frotter les mains, et rembourser sauf choc pétrolier important. La stabilité politique ayant été un facteur déterminant, le Ghana attise plus que jamais toutes les convoitises, pouvant le cas échéant compter sur le cacao et surtout l’or dont il est toujours le second producteur africain. Quelques indiscrétions parlent de pourparlers très avancés avec la Chine pour un montant vertigineux de 50 milliards de dollars à des taux réputés défier toutes concurrences.
Nana Akufo Addo est entrain de relever un défi que sont incapables d’oser les dirigeants d’Afrique francophone. Il travaille en étroite collaboration avec le vice-président du Ghana, Dr Mahamudu Bawumia, 56 ans, PhD en économie. C’est cet économiste chevronné qui est le principal maître d’oeuvre des grandes réformes du système économique, monétaire et financier ghanéen, ainsi que celui qui a inspiré le fameux slogan : » NO FMI, we are not your children ». Le président Akufo Addo, lui aussi économiste et avocat, le répète avec beaucoup d’humilité lors de presque toutes ses interventions publiques : » Mahamudu et moi formons un tandem efficace. Il compose, j’aide à la correction, on dilue. Et j’explique aux Ghanéens.