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BIYA DIVISE NOAH ET ETO’O ET REND LES CAMEROUNAIS RACISTES

Ce que les Camerounais écrivent sur Yannick Noah sous prétexte de soutenir Samuel Eto’o me brise le cœur. Il n’y a rien d’autre à dire, ce n’est ni plus ni moins que du racisme. NON, les origines ethniques ou raciales d’un individu ne devraient jamais être le prisme sous lequel on définit une personne et encore moins le juger. A la lecture de ce que je viens de lire, il est clair que les Camerounais sont racistes. Comment peut-il en être autrement si le racisme n’est qu’une extension du tribalisme qui est désormais monnaie courante dans notre pays.

N’y a-t-il plus personne dans ce pays pour dire stop ? Si diviser était une stratégie politique, il est de plus en plus certain qu’après le départ de Paul Biya, nous devrons ramasser ce pays en lambeaux.
Si nous avons connu et aimé Samuel Eto’o et Yannick Noah, c’était sur les terrains de sport. D’où vient que le fanatisme des supporters passe des stades à la gestion des affaires du football ? Ce ne sont pas les partis politiques, ce n’est pas le football lui-même mais plutôt sa gestion qui est devenue le théâtre d’une guerre sans merci entre les partisans de l’un et de l’autre. Alors que les futurs Noah et Eto’o croupissent dans les quartiers sans fans ni supporters et encore moins une politique de développement su sport national?

Si les Camerounais sont autant passionnés par Eto’o et Noah, c’est parce qu’ils ont été fabriqués par un monde au delà de leurs frontières alors que le leur se meurt. S’ils focalisent toute leur attention sur ces icônes mondiales c’est parce qu’ils ont eu le malheur de revenir dans leur pays, le Cameroun . Deux Camerounais qui sont aussi français pour l’un et espagnols pour l’autre dans un pays qui refuse la double nationalité. Les Camerounais se comportent comme si le monde entier leur devait quelque chose, soyons clairs, Yannick Noah ne vous doit rien. Incapable d’aller demander des comptes à ceux qui vivent sur votre dos et qui ont juré de vous servir, c’est à Noah que vous demandez de faire quelque chose pour le Cameroun, la question qui se pose est la suivante, le méritez-vous ?

Voilà un pays où tout le monde veut que son enfant ait une nationalité européenne ou américaine, fait tout pour intégrer les administrations et entreprises françaises, américaines, allemandes… mais eux par contre le système camerounais reste une forteresse inaccessible aux étrangers et même aux camerounais de la diaspora. Comment comprendre cette vision  » parasitaire  » de la relation à l’Autre où l’on reçoit mais on ne donne pas ? Sachez que ces pays qui s’ouvrent à vos enfants ne le font pas parce qu’ils ont peur de vous ou parce que vous êtes plus intelligents, ils le font parce qu’ils ont choisi le multiculturalisme comme modernité malgré le repli identitaire et l’extrême droite.

S’il y a une chose avec ces sociétés occidentales, loin d’être stupides, elles s’ouvrent à nous, Africains, parce qu’elles veulent s’enrichir de nos cultures. Ainsi, nos artistes font la tournée des festivals dans leurs pays. Quand nous voulons nous enrichir de l’Occident, c’est pour acheter dans les supermarchés. Pourquoi voyons-nous les choses de cette manière ?

Certes, il y a eu la colonisation avec son cortège d’ombres, mais cela ne signifie pas qu’il soit impensable pour nous d’envisager une véritable politique d’accueil de l’autre. Les Nigérians ont accueilli les fermiers blancs du Zimbabwe en faisant d’eux des Nigérians, les Ghanéens offrent la citoyenneté aux Afro-américains, les Camerounais sont incapables d’offrir la citoyenneté camerounaise aux Camerounais.

Voilà un peuple en roue libre sans direction qui court dans tous les sens comme un poulet sans tête, prisonnier d’un vieux monde fait de jalousie, de haine et d’envie, avec des gens qui ont pris l’habitude de tout faire et de tout faire, de tout dire et de tout dire… n’oublions pas que chaque jour nous ajoutons de nouvelles divisions aux divisions déjà effectives comme la crise anglophone ou la crise post-électorale.

Si Eto’o et Noah en arrivent à nous diviser, c’est nous le problème et non pas ce que nous sommes censés défendre à travers leurs noms. Arrêtez ce que vous faites. L’Africanisme ne doit pas devenir un racisme! Le Cameroun ne doit pas se construire contre les autres et encore moins contre nous-mêmes. Apprenez à vous inventer un pays!

Jean-Pierre Bekollo

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