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BIYA NE DIALOGUE PAS AVEC KAMTO, MAIS AVEC CEUX QUI  » PRENNENT LES ARMES, TUENT, VIOLENT, BRÛLENT »

J’ai attendu de lire certaines analyses après l’intervention de Paul Biya, en vain. Bien sûr il y a eu des choses très intéressantes partout sur le net, mais quelques remarques me semblent nécessaires.
Je vais me faire allumer par mes habituels détracteurs qui m’accusent d’être un donneur de leçons : mais j’estime qu’ayant été souvent dans mon enfance chez Paul Biya voir sa brave défunte épouse, étant le neveu de Foning, ayant des amis au sein pouvoir et de nombreux qui y aspirent en se battant avec toute l’énergie du désespoir; mes 30 années comme observateur de la vie politique à travers mes nombreux journaux, je peux apprendre certaines choses à notre jeunesse.
Ceux que cela n’intéresse pas, ne sont pas obligé de lire.

1- UN DIALOGUE ENTRE FRANCOPHONES

Je n’arrive pas à comprendre que nos frères anglophones ne soient pas choques et ne se sentent pas humiliés par les propositions du Chef de l’Etat.
Si on regarde avec attention les personnes attendues par catégorie socio professionnelle ; par rapport à la masse de la population, il y aura combien d’anglophones ? Ils représenteront quel pourcentage ?
Même si le président n’a pas parlé de « crise anglophone », il a quand même « mangé son chapeau » en reconnaissant qu’il y avait bien crise dans le nord-ouest et le sud-ouest.
Et trouve t il normal que ce soient des francophones qui viennent régler des problèmes qu’ils ont créé ? Une situation dont ils ne comprennent pas grand chose ?
On risque de voir des « intellectuels » du genre Meon, Maitre de Conférence par décret, venir dans la grande salle du « Dialogue national » argumenter sur des problèmes d’une zone alors qu’en dehors du Centre et du Sud, on n’est pas sûr qu’il ait passé plus d’une semaine ailleurs dans le pays.
Qu’est-ce que les francophones, pour la plupart, savent de l’histoire de « l’ex Cameroun Occidental » ? Combien savent même que Limbe s’appelait Victoria ? Combien peuvent expliquer pourquoi les Ambazoniens veulent revenir à ce nom ?
Dans ces conditions, que peuvent espérer les anglophones, noyautés par une horde de francophones, dans ce faux dialogue national ?

2- ÉQUILIBRE RÉGIONAL OU ESCROQUERIE NATIONALE ?

Voulant justifier sa politique dans la zone, Paul Biya n’a trouvé mieux que de parler des « nominations ». Normal, lui qui ne conçoit sa fonction que comme celle d’un signataire des décrets et de distributeur de poste pour détournements..
Comment un homme sensé peut-il à ce point, donner un bâton pour se faire taper dessus ?
Je suis pour une véritable politique d’équilibre régional tant le développement de nos territoires est inégal. Mais qualifier la politique menée en ce domaine par le pouvoir « d’équilibre régional », est une escroquerie insupportable.
– Quand on nomme la première préfète, elle est de l’ethnie du chef de l’Etat ; comme la première colonel comme la première « tout ».
– Au concours de l’Enam, c’est là où on constate que l’ethnie du chef de l’Etat est la seule où il y a tant de « génies » puis qu’à 50/100 en moyenne, les lauréats sont du Centre, du Sud et un peu de l’Est en guise de « cache sexe ».
– Préfets, sous-préfets, inspecteurs des Impôts, de douane… pareils
– Dans la haute Administration, je rappelle tout le temps que la présidence est une enclave beti : président de la République, Secrétaire général, directeur du cabinet civil, chef du protocole, chef d’état-major particulier, ministre délégué à la défense, cuisiniers, chauffeurs, gardes de corps…
– Le premier Ministre dont il a parlé, n’est qu’un alibi puis qu’à chaque fois, les Jules Doret Ndongo, Motaze, Fouda sont au secrétariat pour épier ses courriers et ses moindres gestes, quand par décret, on ne les confie pas des missions spécifiques.
– Même pour la prison, Paul Biya « accorde » plus de places aux beti, qui sont majoritaires parmi les personnes écrouées pour détournement de fonds.

3- LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

Qu’on m’aime ou pas, l’histoire retiendra que j’ai été le premier journaliste dans les années 1990 à dénoncer les cas de corruption dans ce pays en citant des noms.
Mon premier article portait sur l’Oncpb où sous Roger Melingui, la société s’était retrouvée en cessation de paiement alors qu’elle gérait une caisse de péréquation qui devait permettre aux planteurs de cacao et de café de traverser des périodes difficiles. Au moment de les soutenir, l’argent retenu avait disparu.
Le fait qu’après, Melingui ait été nommé ministre, montre que Biya sait ce qui s’était passé.
J’ai dénoncé un bamileké célèbre avec un fils non moins célèbre, dont le Directeur Général français avait été interpellé en France pour trafic international de drogue ; un autre qui trafiquait du champagne au port en le faisant passer pour des tomates ; les frasques de Mendo Ze à la Crtv…
Les affaires s’accumulant, le très grand journaliste Eric Tchinjé avait posé la question au président Biya au cours d’une interview mémorable. Paul Biya avait alors eu cette réponse lapidaire : « Où sont les preuves ? » Que la presse apporte les preuves.
Aujourd’hui, il ose parler de sa détermination à lutter contre la corruption alors que c’est lui qui bloque l’application de l’article 66 de la Constitution qui à lui tout seul, permettrait de mettre tout le gouvernement en prison.

4- UNE MÉCONNAISSANCE TOTALE DE FAITS HISTORIQUES

Il est parfois bon, lorsqu’on veut régler des problèmes aussi délicats que la crise anglophone, de s’en référer à l’histoire.
Celle-ci nous apprend qu’il est impossible de régler dans le dialogue, ce genre de crise avec des acteurs majeurs comme Ayuk et ses compagnons en prison.
Parce que même si c’est difficile à comprendre, c’est Bien Paul Biya et son régime qui ont ouvert les hostilités.
Les avocats manifestaient pacifiquement ; les enseignants aussi tout comme les étudiants. Ce sont les forces de l’ordre qui ont violé, violenté, des citoyens oubliant qu’il ne s’agissait pas de francophones, corvéables à merci. Les gars se sont défendu en allant au delà du bon sens.
Comment alors régler un tel problème en laissant Ayuk et ses amis en prison alors que pour beaucoup dans la zone, ce sont des héros ?
Les anglo saxons en Afrique du sud, au Zimbabwé, en Angola, au Kenya…ont montré la voie à suivre. On négocie avec ses pires ennemis dans de telles situations..

5- UN MESSAGE SUBLIMINAL A MAURICE KAMTO ET SES SUPPORTERS

En ne citant jamais l’autre crise née de la tentative éradication du MRC, Paul Biya ne se rend pas compte qu’il donne à ce parti un message des plus clairs.
Après 3 années de déni, il a enfin accepté de « baisser un peu la culotte » face aux anglophones en colère.
Puisque lui-même dit qu’ils ont violé, tué, brulé…il reconnait en mondovision qu’il ne peut négocier que lorsque qu’il a à faire à des gens qui tuent, violent, violentent, brulent…
Ils sont moins dangereux, à ses yeux ; que ceux qui marchent pacifiquement pour défendre leurs droits élémentaires.
Avec qui Paul Biya écrit ses discours ? Tous sont des maitres de conférence par décret ?

Benjamin Zebaze

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