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BOLLORÉ ATTEND LE COUP DE SIFFLET DE QUEL ARBITRE POUR QUITTER L’AFRIQUE?

30.000 employés bientôt au chômage : Les menaces de Vincent Bolloré. C’est l’hôpital qui se moque de la charité

Il a été soupçonné d’avoir utilisé les activités de conseil d’Havas, entreprise qu’il contrôle, pour obtenir des marchés au Togo et en Guinée. Mais face à cette situation, Vincent Bolloré, le milliardaire français, a répliqué de manière véhémente mais maladroite. Il menace de se retirer de l’Afrique où il a de milliers d’agents.

Ils sont 30.000 employés qui relèvent de diverses structures de l’empire du richissime français, Vincent Bolloré. Les salariés de celui-ci pourraient se retrouver sur le carreau. En effet, travaillant dans divers pays africains comme la Guinée-Conakry, le Togo, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Bénin, c’est grâce à leur travail que cet empire n’a d’égal en Afrique. Ce qui a permis à cette multinationale d’essaimer les ports, les chemins de fers, sans oublier la télévision Canal+.

Stratégie peu convaincante.
Mis en examen dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de corruption pour l’obtention de concessions portuaires du Togo et de la Guinée-Conakry, Vincent Bolloré a répliqué. Il a choisi le journal français ‘’Le journal du dimanche’’ du 29 avril 2018 pour rompre le silence. Dans cette tribune, il se dit victime de préjugés contre l’Afrique et n’a pas fait dans la dentelle par rapport à sa ligne d’attaque.

Pour lui, s’il est ciblé, c’est parce qu’on a formaté une vision biaisée de l’Afrique, un « continent d’avenir » mais qui subit un « traitement inexact et condescendant des Africains ». Poursuivant son réquisitoire, il a laissé entendre que : « En raison de campagnes véhiculant des informations fausses ou malveillantes », l’Afrique est considérée « comme une terre de non-gouvernance, voire de corruption, [avec] des chefs d’Etat décidant seuls d’accorder des contrats mirobolants à des financiers peu scrupuleux », écrit M. Bolloré. Pour conclure que compte tenu de la situation qu’il vit, il va quitter l’Afrique avec toutes les conséquences, comme ce chômage de masse qu’il agite comme un chiffon rouge.
Tunnel à très basse température
En écoutant Vincent Bolloré, suite à ce qui lui est arrivé c’est une analyse qui semble être loufoque ou complètement obscure et prête à rire. Et cela pour plusieurs raisons.

 

D’abord, son argumentaire semble être au fond du jardin. En effet, sur un dossier très sérieux, le milliardaire a préféré s’appuyer sur des peccadilles alors que la justice lui reproche la corruption d’argent public étranger, complicité d’abus de confiance et complicité de faux. Mieux, la justice de son pays soupçonne des dirigeants du groupe d’avoir utilisé ‘’Havas’’, alors une de ses filiales de communication, pour faciliter l’accession au pouvoir de dirigeants africains en contrepartie des concessions portuaires. Comme c’est le cas au Togo et en Guinée-Conakry.
Mais au lieu de fourbir ses armes pour se défendre devant la justice, Vincent Bolloré fait d’abord de la diversion et se défend maladroitement. C’est ainsi qu’il conclut hâtivement que : « Comment imaginer que des dépenses de communication de quelques centaines de milliers d’euros comptabilisées en toute transparence avec un groupe de communication de taille et de réputation mondiales aient déterminé des investissements de centaines de millions d’euros pour des opérations portuaires [ayant fait l’objet] d’appels d’offres internationaux ? »
Que retenir de ce décryptage ? Ce dernier n’est pas très sérieux parce que la thèse se détache des textes pour une mise en perspective qui refuse les affaires, les secrets d’Etat, la sociologie politique et l’histoire. Même si c’est son droit de répliquer, il revient bientôt à Vincent Bolloré de démontrer devant la justice et non dans les colonnes des médias qu’il ne s’est jamais inscrit dans ‘’un champ général de corruption et d’achat de conscience’’.

 

Mieux, au-delà de sa vision réductrice, Vincent Bolloré est devenu subitement un africaniste patenté qui fustige le regard de l’autre. Et le voilà devenu l’avocat défenseur de l’Afrique, avec sa nouvelle posture du fait de sa mésaventure juridique. Et pour ce faire, il tire à boulets rouges sur ceux qui tirent l’Afrique vers le bas et qui : « comme une terre de non-gouvernance, voire de corruption ». Et de poursuivre que : « J’ai réalisé au cours de ces derniers jours que ce que nous faisions en toute bonne foi depuis longtemps, vu à travers le prisme d’un continent africain considéré comme dirigé par des équipes sans foi ni loi était le terreau d’une suspicion légitime ».

Et du fait de ces critiques acerbes contre lui, Vincent Bolloré, a menacé de quitter l’Afrique, laissant derrière lui plus de 30.000 salariés. Pourra-t-il passer à l’acte ? De nombreux analystes sont sceptiques. En effet, l’empire ‘’Bolloré’’, c’est deux milliards d’Euros de chiffre d’affaires par an soit 25% de ses investissements globaux. Mieux, Canal+ a, à lui seul sur le continent, c’est une croissance annuelle régulière de 57%. Au regard de ces chiffres mirobolants pour cet empire financier, Vincent Bolloré peut-il casser la baraque et partir de l’Afrique au regard de cette manne ?

Germain TEKLY

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