CABRAL LIBII SE PERD DANS LE NID DE L’AMBAZONIE
L’une des attitudes affichées par bon nombre d’hommes politiques (et même l’intelligentsia) camerounais face à la lutte armée des anglophones c’est l’émotivité et Dieu seul sait que cette dernière dilue toute objectivité dans l’analyse d’une situation. Conséquence, on tire des conclusions hâtives sans avoir pris la pleine mesure de la situation.
Posez la question à Cabral Libii, du haut de ses attributs de député, s’il a déjà fait un tour dans le Cameroun anglophone ou alors s’il échange très régulièrement avec les activistes, leaders et autres sympathisants (qui forment une grande majorité selon le sondage de la Coalition for Dialogue and Negociations de novembre 2020) de la cause indépendantiste, la réponse sera négative. Mais juste une info captée sur une chaîne de radio et hop, la conclusion coule de source. Il est impérieux de rappeler à Cabral Libii que :
Lorsque les vrais groupes séparatistes (c’est-à-dire les Restorations Forces dirigés par Sako Ikome) posent un acte, ils le revendiquent. Quand 5 délégués départementaux ont été arrêtés récemment dans le Ndian, le Interim Government par la voix de son porte-parole Chris Anu, a revendiqué cette arrestation. Lorsque les troupes de General No Pity du Marine Force of Bambalang ont incendié le marché, la mairie d’Oku et la résidence du maire de la localité le 23 août dernier, elles ont revendiqué cette action dont elles ont pris des images. Quand le convoi de feu Cardinal Christian Tumi a été intercepté en novembre 2020 à Kumbo et le prélat gardé en captivité pendant 2 jours par le groupe armé Bui Warriors, sans exiger la moindre rançon, des membres de ce groupe armé ont filmé l’interrogatoire auquel ils ont soumis l’homme de Dieu.
Quel groupe armé a déjà revendiqué l’enlèvement ce 29 août 2021 de l’abbé Julius Agbortoko à Mamfe pour que Cabral Libii parle de criminalité en faisant allusion aux indépendantistes anglophones ? Ces derniers se battent pour que la communauté internationale reconnaisse la République d’Ambazonie. Comment peuvent-ils se mettre la même communauté internationale à dos en kidnappant un prélat, en attaquant les églises?
Tous les actes posés par les vrais indépendantistes anglophones trouvent leurs fondements dans le rejet de tout ce qui symbolise sur leur territoire 60 ans d’annexion par la République du Cameroun. Les 5 délégués départementaux nommés par Yaoundé ont été enlevés en signe de réprobation de la politique d’assimilation contre laquelle se battent les Restorations Forces. Le marché d’Oku a été incendié parce que les indépendantistes anglophones voulaient faire respecter le mot d’ordre de ville-morte qui est suivi tous les lundis dans la zone. Les villes-mortes sont une arme de guerre dont se servent les indépendantistes pour asphyxier économiquement le pouvoir de Yaoundé. Le Cardinal Tumi a été interpellé en fin d’année dernière parce que dans son convoi se trouvait un chef traditionnel soupçonné de collaborer avec le gouvernement pour mater la lutte armée.
Que Cabral Libii nous donne la raison valable qui puisse avoir poussé les indépendantistes à enlever un prêtre et surtout à exiger des rançons, qu’il nous dise en quoi les attaques sur des lieux saints ou l’assassinat des élèves à l’école servent la cause des revendications indépendantistes du peuple anglophone du Southern Cameroons.
©️Michel Biem Tong, journaliste web réfugié