Afrique Politique

CALIBRI CALIBRO, MÊME PARCOURS QUE LE PRÉSIDENT AHMADOU AHIDJO

De quoi Calibri Calibro est-il le nom !

Posée comme cela , cette question ou exclamation , vous fait tout de suite penser , si vous êtes mélomane , à la chanson d’Enrico Macias ( Gaston Ghrenassia de son vrai patronyme complet ) intitulée  » Enfant de tout pays  » , qui à elle seule est un véritable et vaste programme politique , comme dirait De Gaulle .

Car elle raconte à merveille , le déchirement qu’ont naguère connu au lendemain de l’indépendance algérienne en 1962, des familles entières , tant du côté des pieds -noirs , c’est-à-dire , les européens et juifs dont les ancêtres étaient établis en Algérie depuis 1830 , mais aussi des Harkis qui pour avoir cru à la légende selon laquelle leurs ancêtres étaient des gaulois , que leur avaient subtilement vendue les colons , s’étaient définitivement compromis aux yeux des arabes en s’engageant comme supplétifs dans l’armée française pour mater les leurs .

Rappelé au pouvoir , à la seule faveur d’un énorme méprise , pour ne pas dire d’un grand mensonge et chantage, double dichotomie par excellence , faisant peser sur la France , la menace de l’imminence d’un débarquement des paras sur venus d’Alger Paris , De Gaulle était supposé comme il s’y était , il est vrai par sous -entendus , engagé auprès des comploteurs , de maintenir l’Algérie au sein de la République française . L’homme du 18 juin 1940 , qui avait d’autres desseins ( ne dit-on pas qu’en politique , les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ? ) , avait tôt fait de s’ouvrir à son ministre de la justice , Alain Peyrefitte , sur ses appréhensions quant à l’impossibilité d’intégration des musulmans , qui compte tenu de la cadence de leur maternité , déborderaient très vite les français démographiquement , avec cette formule passée à la postérité :  » Vous vous rendez-compte ? Avec 80 millions d’algériens ayant accédé à la citoyenneté française , et disposant par conséquent du droit de vote et celui d’être élu , mon village Colombey-les -deux -Églises s’appellerait Colombey-les deux -Mosquées !  »

Voilà donc , pour le contexte qui inspira Enrico Macias , lui-même contraint de quitter sa terre natale algérienne , avec les siens , pour débarquer en France métropolitaine , comme on disait alors . Un pays dont bien qu’il détînt la citoyenneté , lui était complètement inconnu .

Alors , Calibi Calibro , né de père Franco-Sénégalais , et de mère Camerounaise , membre de l’ethnie Mbo , est-il Camerounais ? Mille fois oui ! On va même dire , exactement à l’instar du président Ahmadou Ahidjo , qui revendiquait jadis ouvertement et publiquement , les ascendances maliennes de sa maman , dont il fut l’enfant unique .

Calibi Calibro , est-il un patriote ? Oh que oui , et même au-dessus de la moyenne , et il a eu à le prouver de la plus belle et éclatante manière qui soit ! Quand il vous parle de son pays , et de ses compatriotes qu’il appelle ses frères et soeurs , on sent poindre des trémolos dans sa voix , et voit ses yeux briller de larmes dont il éprouve beaucoup de peine à retenir . Comme dirait Jacques Brel :  » Chez ces gens -là messieurs , on ne triche pas !  »

C’est que , Calibri c’est d’abord un écorché vif qui dit les choses comme il les ressent . L’expression du patriotisme chez lui , le prend par des tripes et le met en transe comme s’il entendait des voix . Quand on l’écoute articuler et appuyer sur les mots Cameroun , Liberté, Patriotisme , Démocratie etc… on a l’impression qu’il n’est venu sur terre que pour exprimer ou manifester de la commisération à l’endroit de ceux qui sont moins fortunés que lui .

Comme dirait Coluche , Calibri Calibro , c’est l’histoire d’un jeune révolté, qui aime passionnément son pays et ses compatriotes , et ne demande juste que le droit pour tout le monde , de pouvoir disposer des mêmes chances à égalité de départ dans la vie .

Le Cameroun , c’est le pays qui l’a vu naître , c’est donc le sien parce que non seulement c’est celui de sa génitrice , mais celui dans lequel , il a connu ses premières joies , ressenti les premières injustices et frustrations , qui l’ont au final décidé à aller voir ailleurs , et peut -être pour mieux revenir en ayant depuis l’étranger , contribué à sa façon à faire bouger les lignes , en exprimant le fond de sa pensée dans la langue qui est la sienne , au moins compréhensible par Emmanuel Macron , le chef de l’État français , dont même les plus grands détracteurs reconnaissent sa maitrise de la langue de Voltaire.

Qui au Cameroun , en dehors des pygmées , n’est venu d’ailleurs ? C’est justement en raison , du caractère mosaïque non seulement de ses paysages , mais aussi de ses populations qu’on dit du Cameroun , qu’il est l’Afrique en miniature ! Tenez , vous avez par exemple les Dualas et autres peuples apparentés , arrivés du bassin du Congo , où ils ont vécu après leur départ d’Égypte .

Quand ils arrivent dans l’actuel emplacement de la ville de Douala , les Bona MBedi , comme on les appelle , trouvent sur place d’autres peuples antérieurs à eux , dans l’occupation de cet espace : il s’agit notamment des Bassas et des Bakokos , eux aussi partis d’Égypte pour échapper à l’esclavage et à l’islamisation forcé.

Les uns arrivent par voie fluviale , et les autres par voie routière en se dissimulant dans la forêt , difficile et presqu’ impossible d’accès pour leurs poursuivants cavaliers .

Les Bamilékés , derniers arrivants en provenance d’Égypte dont ils partent vers le IXe siècle , seront retrouvés dans la plaine Tikar au XIIe siècle , d’où ils partiront par petites vagues migratoires , d’abord en direction de Baleng . Les Tikars , présents dans quatre régions ( Adamaoua , Ouest , Nord-Ouest et Centre ) sont également disséminés au Nigéria et au Burkina Faso .

Idem pour les Bassas qu’on trouve au Libéria et en Sierra-Leone … Quant aux Peuls, partis de la Péninsule yéménite , comme du reste les Tikars , avant de transiter par l’Égypte , leur premier foyer en Afrique d’accueil se situerait dans le Fouta Toro au Sénégal , d’où ils vont partir pour s’éparpiller un partout en Afrique en se métissant parfois avec des peuples sédentaires.

On ne va pas refaire , toute l’histoire anthropologique des populations du Cameroun ici , ce n’étant ni le lieu ou l’endroit , mais je trouve tout de même singulièrement petit , que l’on botte en touche en usant de l’argutie des origines d’un des parents de ce brave garçon , patriote pour le disqualifier d’exercer son droit et devoir civique , qui consiste principalement à dire s’il est pour ou contre , en formulant des propositions pour son pays .

Chateaubriand disait :  » Pour être l’homme de son pays , il faut-être l’homme de son temps .  » Et Calibri est assurément l’homme de son temps et de son pays , lui qui a intégré et apprivoisé avec maestria les techniques de communication politique.

Oh , pas celles bien sûr que l’on enseigne dans les universités ou dans les grandes écoles de sciences politiques , ou de marketing politique , mais celles dont usaient naguère nos pères qui à l’instar de Patrice Lumumba , s’étaient tout appris eux-mêmes .

Chateaubriand :  » Que le passé d’un homme est étroit et court , à côté du vaste présent des peuples et de leur avenir immense . Toute révolution qui n’est pas accomplie dans les moeurs et dans les idées échoue .  »

Et pour le mot de fin , mon cher Calibri , tu es comme le petit canard de Robert Lamoureux , qui raconte l’acharnement de tout un village , sur un pauvre petit canard . Tout le monde lui tirait dessus , et on le donnait toujours pour mort . Mais malgré ses plumes et sa tête qui volaient éclats , dès le lendemain aux aurores , le petit canard était toujours et encore vivant , et cancanait de plus belle .

Mon cher Calibri Calibro, compatriote et frère , eh bien comme je l’ai souvent dit à d’autres patriotes menacés d’excommunication par les pseudo-censeurs , absolument personne ne pourra t’interdire d’histoire , et dire que du Cameroun , tu ne fus un fils digne , valeureux et méritant , mais surtout un authentique Africain , qui plaça l’amour et l’intérêt du peuple qui l’a engendré , par-dessus toute autre considération futile et puérile . Seule chose qui vaille en fin de compte .

Jean-Pierre Du Pont

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