CE QUI SE JOUE EN CE MOMENT À L’HÔTEL DE PAUL BIYA EN SUISSE
Par Benjamin Zebaze
Les images de ce qui se passe en Suisse sont dévastatrices sur ce qui reste de l’image du Cameroun.
Dans un pays normal et avec un dirigeant normal, on pourrait comprendre l’indignation des Camerounais qui n’acceptent pas les cris, en terre étrangère, de leurs compatriotes indignés par ce qu’on a fait de leur pays depuis le 06 novembre 1982.
Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est qu’ils soient plus indignés par ces cris plutôt que par le fait qu’un homme, à la tête d’un pays sinistré à cause de ses propres errements, déplace une horde de courtisans pour aller dépenser l’argent du contribuable dans un pays et hôtel les plus chers du monde.
Et tout cela, sans que ces dépenses ne soient liées à la fonction qu’il occupe.
Comme je l’ai toujours dit, ceux qui s’offusquent de ce qui se passe en Suisse doivent se poser cette unique question : pourquoi ?
Lorsque des citoyens sont violés, volés, violentés, pour chassés, traqués aux « faciès » ; que l’on triche impunément et grossièrement à toutes les élections ; qu’on parle de démocratie alors qu’ils ne peuvent tenir ni meeting, ni conférence de presse même dans leur toilette: comment s’étonner qu’ils utilisent tout espace disponible pour crier leur colère face à un régime et son représentant qui vivent à leurs crochets et qui n’ont même pas la reconnaissance du ventre ?
A tous ces « bavards », je demande juste: si vous étiez originaires du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ; qu’un membre de votre famille était victime des bavures de l’armée ; que votre maison était rasée sans cause; que votre famille était obligée de vivre dans les champs de la Menoua, des Bamboutos, du Littoral…je verrais si vous irez avec des fleurs à l’hôtel Intercontinental en Suisse pour applaudir le Chef de l’Etat, Chef du gouvernement, Chef des armées, premier magistrat, premier sportif…chef du parti inique et surtout un homme « toujours chaud gars ».
Le seul fait qu’il se trouve en Suisse en villégiature avec des voyous autour de lui alors que son pays se meurt, justifie à lui seul qu’on n’ait plus aucun égard pour sa personne.
Qu’on explique à tous ces jeunes qui manifestent en Suisse, qu’est ce qu’il faudrait faire d’autre pour indiquer leur mécontentement dans leur pays alors que toute opposition est embastillée.
En Afrique, on respecte les vieux, surtout les ancêtres : mais à condition qu’il se respecte eux-mêmes.
Ce qui se joue à l’Intercontinental est la volonté d’une partie d’un peuple de dire à un « roi » des tropiques qu’il n’est plus possible d’accepter au sommet de L’État, un homme qui se contente de jouir des bienfaits du pouvoir en n’effectuant pas le travail pour lequel on le paye.
Plus les jours passent, plus les risques qu’il court, sa clique comprise, sont grands.
Benjamin Zebaze