CES DICTATEURS AFRICAINS QUI ONT FINANCÉ JACQUES CHIRAC
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Au soir de sa carrière politique, Jacques Chirac est passé aux aveux et au repentir en déclarant en 2008 qu’« une grande de partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation depuis des siècles de l’Afrique ». Et d’ajouter : « Alors il faut avoir un peu de bon sens, je ne dis pas de générosité, un peu de bon sens, de justice, pour rendre aux Africains ce qu’on leur a pris. »
Aucun autre président français ne peut se prévaloir d’avoir entretenu des liens aussi forts, amicaux parfois très opaques, avec les dictateurs du « pré carré » français en Afrique
S’il se présentait comme l’ami des peuples africains , jouant à merveille le registre de la proximité, l’ancien chef de l’Etat français au pouvoir de 1995 à 2007), a été avant tout un relais, voire un parrain pour nombre des dictateurs d’Afrique francophone . Le Gabonais Omar Bongo Ondimba, le Congolais Denis Sassou-Nguesso, le Togolais Gnassingbé Eyadéma, le Burkinabé Blaise Compaoré, le Camerounais Paul Biya, l’Ivoirien Henri Konan Bédié savaient qu’ils pouvaient compter sur une oreille attentive à Paris lorsque M. Chirac était en fonction. Et en retour, il a bénéficié des financements.
Grâce à Jacques Foccart qui était le Monsieur Afrique du Général De Gaulle, Jacques Chirac a été initié aux affaires africaines et les dessous de table. Dans le premier tome de ses Mémoires, qui a pour sous-titre Chaque pas doit être un but (Nil, 2009), Chirac raconte qu’un jour de 1969, il assiste à un entretien à Paris entre Foccart et le président centrafricain Jean-Bedel Bokassa. « Arrêtez d’appeler le Général « papa », ça l’énerve », dit Foccart à Bokassa… Quand Chirac se présente à la présidentielle de 1981 contre Giscard et Mitterrand, il demande à Foccart de le mettre en relation avec des chefs d’État africains susceptibles de l’aider à financer sa campagne.
La première rencontre Chirac-Bongo a lieu en octobre 1980 à l’Hôtel de Ville de Paris. 28 ans plus tard, en 2009, Giscard affirmera sur Europe 1 que les pétrodollars du président gabonais Omar Bongo sont bien arrivés à l’époque dans les caisses du candidat Chirac. Et après sa victoire aux législatives de 1986, quand Chirac retourne à Matignon, il demande à Foccart de le suivre pour contrer la politique africaine de Mitterrand.
Autre mentor de Chirac, le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Souvent à cette époque, Chirac va à Abidjan pour consulter « le vieux ». C’est d’ailleurs à l’issue de l’un de ces entretiens qu’il va dire l’une de ses plus grosses bourdes. En février 1990, en pleine conférence nationale au Bénin, il déclare à Abidjan, au micro de RFI que le multipartisme est une « sorte de luxe » pour les pays africains.