CES VALEUREUSES FEMMES AFRICAINES ONT COMBATTU LES COLONS
Tout au contraire de ce qu’on essaie de nous faire croire, les femmes Africaines, instruites ou non se sont battues tout comme les hommes contre le colonialisme, bravant le refus des maris de les voir se mêler de la politique. Nombre de femmes non scolarisées et de milieu populaire se jetteront avec élan et conviction dans la résistance anticoloniale.
Au Mali par exemple, elles joueront un rôle important dans l’élection de leaders indépendantistes, relayant leurs mots d’ordre dans les milieux traditionnels, poussant les femmes rurales et urbaines à aller voter ou à cotiser pour contribuer au financement des campagnes électorales et participant aux marches de soutien à l’Union soudanaise affiliée au Rassemblement démocratique africain (US/RDA).
En Côte d’Ivoire, la célèbre Marche des femmes sur Grand-Bassam vit déferler en décembre 1949 vers l’ancienne capitale coloniale ivoirienne distante d’une quarantaine de kilomètres d’Abidjan, des femmes de tous âges venues réclamer la libération de leurs époux, frères et fils, des militants nationalistes emprisonnés depuis plus d’une année par les autorités françaises, au prétexte de subversion. Battues par les miliciens, repoussées à coups de pompes à eau, elles demeurent au regard de l’histoire les actrices du premier grand mouvement anticolonial féminin ouest-africain.
En Guinée Conakry, les femmes furent le plus ardent soutien du jeune Parti démocratique de Guinée et de son leader Ahmed Sékou Touré, l’homme du « Non » au général de Gaulle en 1958, alors que ce dernier espérait regrouper ses colonies africaines dans une Communauté française que la France pourrait contrôler. L’une des promesses phares de Sékou Touré concernait d’ailleurs l’émancipation des femmes. Pour lui : « La situation d’infériorité de la femme était une séquelle du colonialisme » et, de ce fait, la construction de la nation s’effectuerait avec la participation des femmes.
Des femmes dans la mouvance du Panafricanisme Révolution guinéenne. On disait même à l’époque, jusque dans les villageses plus reculés, que c’étaient les Guinéennes qui entraînaient leurs maris dans l’arène politique, et qu’elles ne manquaient aucune réunion des ténors du parti de leur choix. Elles n’étaient pas en reste non plus pour participer aux meetings, soutenir les grèves lancées par les syndicats ouvriers, et braver la milice coloniale en cas de répression, quitte à se retrouver en prison. Des anecdotes subsistent encore sur cet engouement des Guinéennes pour l’engagement politique, par exemple celle sur Sékou Touré disant dans un discours : « Les femmes doivent inciter leur mari à adhérer au RDA (Rassemblement démocratique africain). S’ils ne veulent pas, elles n’ont qu’à se refuser à eux : le lendemain ils seront obligés d’adhérer au RDA.»
Le pays célèbre aujourd’hui encore le souvenir de M’balia Camara (1929-1955), qui a eu une mort tragique ; enceinte et presque à terme, agressée à coups de sabre le 9 février 1955 par un chef de canton auxiliaire de l’administration coloniale . Responsable du premier comité des femmes du PDG/RDA du village de Tondon dans le nord-est du pays, elle était en tête d’une manifestation de protestation contre la répression de militants du Parti Démocratique de Guinée après une bagarre avec un parti adverse soutenu par l’administration.
Faisant partie des femmes dans la mouvance du Panafricanisme , évacuée dans un hôpital de Conakry, la jeune femme, éventrée, accoucha d’un enfant mort-né le 11 février et succomba à ses blessures le 18. Ce drame provoqua une intense émotion dans le pays. 10 000 personnes assistèrent à son enterrement. Son assassin qui avait pourtant blessé une quinzaine de personnes avec son arme, fut relaxé par la justice coloniale.
Je pourrai vous parler des heures et des heures de ces femmes noires totalement dévouées pour la cause de notre peuple. Je pourrai vous parler de la nigériane Funmilayo Frances Beere Anikulapo Kuti, de la Malienne Aoua Keita, de la Malgache Gisèle Rabesahala , de Wangari Muta Maathai 1940 – 2001, etc.
Mais a quoi sert d’appeler une femme Africaine, » une combattante »? Elles ont, été, sont et resteront toujours à la première ligne dans le combat pour l’épanouissement du peuple noir.