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C’EST GRAVE À MADAGASCAR ! LE COVID ORGANICS IMPUISSANT DEVANT LE COVID-19

Le Covid-19 n’a pas été tué par le super héros Covid organics à Madagascar. Bien au contraire, il gagne du terrain, d’où le retour au confinement pour Antananarivo.

À Madagascar, le gouvernement renforce même  les mesures de l’état d’urgence sanitaire. Un Conseil de ministres extraordinaire, tenu samedi 4 juillet au soir par visioconférence, a décidé du confinement total de la région Analamanga où se situe la capitale, Antananarivo. Le confinement est prévu pour une durée de 15 jours, du lundi 6 au 20 juillet.

C’est un retour au confinement total pour la région Analamanga avec interdiction d’y sortir ou d’y entrer. Les commerces de première nécessité sont ouverts seulement de 6h00 à midi. Seules les pharmacies peuvent ouvrir toute la journée.

La circulation est interdite sauf celle pour le transport de marchandises et de malades vers l’hôpital. Le port du masque reste obligatoire et l’interdiction des rassemblements est toujours valable. Les cours sont suspendus et les établissement scolaires ferment. La phase de déconfinement était pourtant enclenchée, depuis le 20 avril.

Les cours avaient repris le 22 avril, avec notamment la prise du covid-organics, la tisane à l’artemisia lancée par la présidence.

Mais deux mois et demi plus tard, le nombre de cas contaminés a explosé, avec 2 941 cas recensés et 32 morts, depuis le début de l’épidémie. Certains hôpitaux de la capitale sont pleins et ont dépassé leur capacité logistique.

Cette annonce vient refroidir les ardeurs du gouvernement malgache dans sa course au traitement avec ce qu’il croyait être le remède miracle  avant le dépôt définitif du brevet. Le gouvernement malgache n’avait pas dévoilé toute la composition du Covid-Organics. Un secret de polichinelle bien gardé par les chercheurs de l’IMRA. Mais en fait, il s’agit d’une décoction à base de plusieurs plantes médicinales, dont 62% d’Artemisia annua. Elle prend la forme d’une tisane ou d’une bouteille contenant le liquide. Le traitement avait déjà été largement distribué à Madagascar. D’autres pays africains comme la Guinée équatoriale avaient reçu des échantillons.

« Il existe deux plantes : l’Artemisia annua qui est la plante asiatique qui contient de l’artémisinine, le principe actif qui est utilisé actuellement pour lutter contre le paludisme, et l’Artemisia afra qui ne contient pas d’artémisinine », détaille Sylvie Manguin, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement et spécialiste des maladies infectieuses. La molécule artémisinine, combinée à d’autres médicaments, a prouvé son efficacité contre le paludisme. En avril 2019, l’Académie de médecine émettait cependant des réserves quant à l’utilisation de l’artemisia seule.

Le président Andry Rajelina avait choisi d’endosser le rôle du porte-parole et profitait de toutes les opportunités pour vanter les mérites de son « remède miracle » contre le coronavirus. « Il n’y a pas de morts à Madagascar. Nous n’avons que des personnes guéries », avait-t-il notamment justifié sur France 24. 171 cas seulement ont été détectés dans le pays pour 113 guérisons. « C’est une affirmation politique et non scientifique », répliquait un chercheur de l’Institut Pasteur, fin connaisseur de Madagascar.

Selon lui, « le président veut essayer de faire quelque chose pour son pays. Il doit se dire que cette plante-là a de nombreuses vertus, déjà évoquées pour le traitement des cancers. Il faut remettre tout ça dans le contexte : il est en train de promouvoir cette plante en espérant avoir des retombées ». Madagascar est en effet l’un des premiers producteurs d’artemisia au monde. L’écho retentissant qu’a eu la découverte d’un traitement supposé efficace contre le Covid-19 a suscité l’inquiétude de nombreuses organisations. L’OMS avait notamment appelé à la prudence.

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