CHAPELET D’ASSASSINATS BARBARES D’ALASSANE OUATTARA
Quand le 23 décembre 2019 , alors que je déposais à peine mes bagages de retour , d’un séjour d’affaires au Ghana , je croyais à peine mes oreilles et mes yeux , sur les infortunes de Soro Guillaume , fâché à mort avec son ancien mentor Alassane Ouattara. Celui au sujet duquel , le Président Laurent Gbagbo avait un jour , déclaré à Yamoussoukro, en présence de Wattao, Morrou, plusieurs autres chefs rebelles , et de Gildas Lidec , alors ambassadeur de France: “ Vous me combattez pour un homme que vous ne connaissez pas . S’il advenait qu’il arrive au pouvoir , les plus chanceux d’entre vous , seront jetés en prison ou seront contraints à l’exil . Tous les autres seront tués . “
Durant mon séjour au Ghana , je fus à deux reprises invité à dîner avec l’ancien footballeur, Abédi Pelé dans sa cossue villa , du quartier East-Lagone, pour ceux qui connaissent la ville d’Accra .
Je découvrais alors , au fil de nos échanges que Soro Guillaume , la sympathie de Blaise Compaoré , l’ancien dictateur déchu du Burkina Faso , en exil en Côte d’Ivoire , envers Soro Guillaume n’avait pas tari , et était restée intacte , mais aussi que l’ancien chef rebelle disposait d’une seconde épouse et d’une immense villa à Accra , où il prenait souvent ses quartiers et ses aises .
Blaise Compaoré chez qui mon hôte , projetait de se rendre , pour passer les fêtes de fin d’année, était de plus en plus gêné aux entournures , dans le conflit qui opposait Ouattara et Soro , et dans lequel il était astreint , et pour cause , à observer une neutralité de rigueur , qui lui pesait de temps plus en plus et lui coûtait même .
Je me souviens du 11 avril 2011, il était un peu moins de 14h , et l’armée française après avoir pilonné la résidence de Laurent Gbagbo, de mars jusqu’à ce jour , défonçait le portail à l’aide d’un char , pour permettre la capture du président et le remettre à son adversaire politique.
Je me souviens , de la mort de mon ami Désiré Tagro, ministre de l’intérieur, tué à bout portant par une balle tirée exprès sur sa mâchoire , avec l’intention de lui donner la mort . Je me suis avoir été tenu au courant de son supposé transfert à la clinique Sainte -Odile , où il n’avait jamais en réalité été , puisque selon plusieurs sources concordantes , il aurait été achevé au Golf hôtel .
Je me souviens aussi assez distinctement, qu’en apprenant ce qui ne pouvait -être rien d’autre , qu’un assassinat sur ordre , de Désiré Tagro , je repensais instantanément à la disparition aussi tragique , d’un autre ami qui avait qui avait précédé Désiré Tagro au ministère de l’intérieur : Émile Boga Doudou, assassiné froidement le 19 septembre 2002 , de plusieurs balles dans le dos en essayant d’escalader le mur de la clôture de sa résidence , pour échapper à ses assassins .
Je me souviens des images , horribles et insoutenables, montrant madame Simone Gbagbo , battue et traînée au sol , par de hordes de barbares lui tenant les cheveux comme un trophée de guerre . Je me souviens qu’à la vue du président Gbagbo, poussé brutalement par Morou Wattao, le petit- frère de Wattao, vêtue d’un grossier gilet pare-balles, et d’un casque ridicule, j’ai eu beaucoup de peine à retenir mes larmes . Je me souviens , du président Gbagbo , en maillot de corps , lorsque changeant de chemise sous les flashs des caméras de l’armée française, j’ai soudainement repensé à Patrice Lumumba , menotté comme un fagot de bois , par les hommes de Mobutu essayant de lui faire avaler un papier , sur lequel était écrit un de ses discours .
Je me souviens , du passage à tabac de l’ancien ministre de la fonction publique, du président Houphouët, Jean -Béchiot depuis décédé . Je me souviens aussi de la bastonnade infligée à Michel Gbagbo , arrivé en sang à l’hôtel du Golf , sous les yeux de son père impuissant et résigné face à la fatalité . Je me souviens des maltraitances infligées , aux partisans du président Gbagbo, parmi lesquelles se trouvaient des vieillards et des nourrissons , dont certains sous les bombes de l’armée française, n’avaient pas mangé depuis plusieurs jours .
Je me suis du regard hagard , du président Gbagbo, assis à ces hordes sur un lit , mais surtout de son majestueux et impérial sang froid , balbutiant que la phase militaire du conflit terminé, il fallait maintenant enclencher la phase politique. Mais quel contrôle de soi !
Je me souviens , du Laurent Gbagbo , confiant la veille de sa capture à ses amis qui lui proposaient un abri anonyme à Abidjan, répondant : “ Il ne sera dans l’histoire , jamais dit ou écrit de moi que j’avais fui pour me mettre à l’abri , en abandonnant derrière moi , le peuple qui a tout enduré, risqué et perdu pour moi . Si Laurent Gbagbo devait mourir , alors il mourra dans le palais dont le peuple lui a permis l’accès et confié les clés . “
Je me souviens des humiliations gratuites , dont fut victime l’ancien gouverneur de la BECEAO, Philippe Dacoury Tabley , débarqué pour loyauté et fidélité à Gbagbo . Je me souviens des fanfaronnades de Soro Guillaume sur la chaîne de télévision britannique BBC : “ Gbagbo is finish ! “
Je me souviens de la classe , et de la galanterie de Wattao, ordonnant à ses hommes au sujet du Président Gbagbo, lorsqu’ils sont descendus dans le souterrain de la résidence présidentielle: “ Ne le touchez pas ! “
Rien que pour ce geste humain , je souhaite à Wattao que la terre de nos ancêtres lui soit à jamais , infiniment douce et légère. Quelques jours avant sa mort , et son évacuation sanitaire , il confiait à Soro Guillaume au téléphone: “ Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive . Je saigne de partout sans raison. “
Jean -Pierre Du Pont