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COMMENT ET POURQUOI LA PREMIÈRE DAME JEANNE IRÈNE BIYA A ÉTÉ ASSASSINÉE

Il y a 27 ans, le 29 juillet 1992, Jeanne Irène Atyam Biya, Première dame camerounaise, trouvait subitement la mort au palais présidentiel d’ Étoudi à Yaoundé. Tous les mystères restent autour de sa mort. Qui a vu son corps? Pourquoi le cercueil a -t-il été scellé? Était -ce un cercueil sans son corps qui a été enterré à Mvomeka’a, village natal de son époux Paul Biya ? Pourquoi aucune messe d’action de grâce n’a jamais été célébrée en sa mémoire depuis sa disparition ?

La mort de Jeanne Irène Atyam Biya survient alors qu’il y avait de vives tensions entre elle et son mari. Elle aurait demandé à Paul Biya d’abandonner le pouvoir après l’interview  du directeur général de la Société Camerounaise des Banques Robert Messi Messi  qui s’était réfugié au Canada, et qui avait révélé à Jeune Afrique que  le chef de l’ État Paul Biya et son entourage  avaient pillé la banque en emportant 4 milliards .

Très pieuse et proche des religieux et religieuses auprès desquels elle se confessait et avait dévoilé les pratiques mystiques de son mari adepte des loges sataniques , la mort de Jeanne Irène Atyam Biya marque aussi le début de l’assassinat des servantes et serviteurs de Dieu. Quelques jours seulement après l’annonce de sa mort, deux religieuses sont enlevées, frappées, violées et tuées et balancées dans les buissons à Djoum, dans le sud du pays, la province natale de Paul Biya La série des meurtres ne de prêtres et témoins  s’ arrête plus.

Mari autoritaire et brutal, le président Paul Biya avait défiguré son épouse en mai 1989, après un voyage chez le roi Beaudouin . Rentrée au Cameroun  camouflée par des lunettes noires, Jeanne Irène  avait dit à son entourage qu’elle voulait divorcer. Elle avait demandé à son neveu le capitaine  Roger Motaze, aide-de camp de Paul Biya, d’organiser sa fuite.

Le 29 juillet 1992, alors qu’il ne s’est jamais rendu à un sommet africain, Paul Biya improvise de partir à Dakar pour des historiettes de la francophonie. Et c’est là où lui- même annonce à ses pairs que son épouse vient de décéder des suites de maladie. On prétend que c’est le cancer, mais quel est donc ce cancer qui tue subitement comme une attaque cardiaque? Pourquoi abandonner son épouse alors qu’on affirme qu’ elle était gravement malade?

Dans son agenda, la Première dame était attendue pour une visite dans un champ expérimental des paysannes à Obala. La veille, elle avait confirmé ce rendez-vous avec la ministre Yaou Aissatou qu’elle avait aussi reçu la veille. Aurait-elle programmé ce déplacement si elle se sentait mal?

La réalité est que la Première dame avait été abattue par balles. Le jour de sa mort, elle avait reçu les religieuses qui furent toutes retrouvées violées, assassinées  dans leur congrégation, avant d’être balancées dans les buissons  à Djoum.

L’ Abbé Amougou qui avait célébré la messe des obsèques fut retrouvé mort. Une missionnaire de l’ église catholique qui avait lavé le corps de la dépouille de Jeanne Irène Biya fut abattue. Père Engelbert Mveng, son confident, fut cruellement assassiné. Le médecin légiste qui avait constaté le genre de mort fut éliminé. Le cercueil de la Première dame qui devait pourtant être ouvert pour la messe de requiem, fut scellé. Le capitaine Roger Motaze, aide de camp du chef de l’ État, fut tué dans un accident de voiture, après avoir déjeuné avec le Président Biya.

Aucune Première dame amie à Jeanne Irène Biya n’était venue assister à l’enterrement . À part le maréchal Mobutu Sese Seko qui avait assassiné son épouse Marie Antoinette, aucun autre chef d’État africain n’avait fait le déplacement pour venir assister à l’inhumation de celle que tout le monde appellait affectueusement  » maman « .  Tous ceux qui pouvaient avoir un lien avec cette affaire, ont été  envoyés dans le silence des morts, l’un après l’autre. Tous rayés  de l’histoire .  Comme le disait Calvera : 《 Les uns sont devenus un petit tas de cendres. Les autres ne sont que des troncs déformés. Que des têtes sans bras, sans mains, en pourriture》.

J. RÉMY NGONO

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