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COUP D’ÉTAT EN COURS : ÇA CHAUFFE AU SOUDAN

L’armée soudanaise a arrêté plusieurs dirigeants civils de la transition dont le Premier ministre Abdalla Hamdok. De nombreux manifestants sont dans les rues de Khartoum alors que les syndicats appellent à de la désobéissance civile. Les militaires ont pris la télévision d’État et le général Abdel Fattah al-Burhane annonce prendre la parole sous peu.

Les diplomaties européenne et américaine sont inquiètes suite aux annonces de « coup d’État »
L’arrestation de la plupart des ministres et des membres civils du Conseil de transition, à moins d’un mois de la date prévue de transmission du pouvoir des militaires aux civils, met le feu aux poudres dans ce pays de l’Afrique de l’Est. Des forces armées détiennent dans un lieu non identifié le Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, qui a été arrêté après avoir refusé de soutenir un « coup d’État », a rapporté le ministère de l’Information dans un communiqué.
Ce même ministère a ensuite indiqué que des soldats ont pris d’assaut le siège de la radiotélévision d’État soudanaise à Omdourman, ville jumelle de Khartoum uniquement séparée par un pont sur le Nil. « Des employés sont retenus », ajoute le ministère alors que la télévision d’État diffuse actuellement un long concert de musique traditionnelle. Le général Abdel Fattah al-Burhan, à la tête de la transition soudanaise, allait prendre la parole sous peu alors qu’un « coup d’État » est en cours.

Depuis l’annonce des arrestations, des manifestants se sont spontanément installés dans les rues de Khartoum pour protester, ils ont brûlé des pneus, coupé des routes et des ponts alors que la ville connaît un déploiement militaire renforcé et que l’internet a été coupé.

« Nous n’accepterons pas de régime militaire et nous sommes prêts à sacrifier nos vies pour la transition démocratique », a juré un des manifestants à l’AFP.
Il semble bien que ce soit un coup d’État des militaires contre la période de transition et contre le partenariat avec les civils au pouvoir comme l’a stipulé la déclaration constitutionnelle de 2019 suivant la chute d’Omar el-Béchir. Les civils avaient d’ailleurs multiplié les mises en garde depuis plusieurs semaines « contre un coup d’État » fomenté par les militaires.

Ces derniers jours, la tension était montée entre les camps des civils et des militaires. Le 16 octobre, indique l’AFP, des pro-armée ont planté leurs tentes devant le palais présidentiel où siègent les autorités de transition, partagées entre civils et militaires, selon la transition qui devait s’achever en 2023. En réponse, le 21 octobre, des pro-civils sont descendus par dizaines de milliers dans les rues des différentes villes du pays, dans un joyeux festival pour, disaient-ils, « sauver » leur « révolution ». Depuis, le sit-in des pro-armée a débordé ailleurs dans Khartoum.

Le bloc civil, les Forces pour la liberté et le changement, qui a conduit les manifestations contre el-Béchir, s’est désormais scindé en deux factions qui s’opposent. L’armée et les forces sécuritaires, dirigées par d’anciens bras droits d’el-Béchir, ont multiplié les déclarations pour dire qu’ils ne peuvent pas remettre le pouvoir à des civils divisés entre eux. La semaine dernière, des milliers de Soudanais ont défilé à Khartoum et dans d’autres villes du Soudan, refusant déjà « un coup d’État militaire ».

Près d’un mois après un coup d’Etat manqué, la tension monte d’un cran au Soudan. Des « forces militaires » ont arrêté, tôt ce lundi, la plupart des ministres et les membres civils du Conseil de transition à leurs domiciles, a confirmé le ministère de l’Information dans un communiqué. Le Premier ministre, Abdallah Hamdok, ayant refusé de soutenir le putsch, a lui aussi été arrêté et amené dans un lieu non identifié. Internet a été coupé et la télévision d’Etat a été prise d’assaut par des soldats, tandis que des manifestations contre ces arrestations se sont organisées dans les rues.

Cet événement est dénoncé comme un « coup d’Etat militaire » par des militants pro démocratie de ce pays d’Afrique de l’Est, où la pression monte depuis plusieurs semaines. Il intervient deux jours après qu’une faction soudanaise appelant à un transfert du pouvoir vers un régime civil a mis en garde contre un « coup d’Etat rampant », lors d’une conférence de presse qu’une foule de personnes non identifiées avait cherché à empêcher.

La communauté internationale a rapidement réagi à ces événements. Les Etats-Unis comme la Ligue arabe ont exprimé leur vive inquiétude. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a, quant à lui, fait part de la grande préoccupation de l’UE concernant l’évolution de la situation. L’ONU a, de son côté, dénoncé des arrestations « inacceptables » et appelé les forces armées « à relâcher immédiatement les détenus ».

Le Soudan connaît une transition précaire, entachée de divisions politiques et de luttes de pouvoir depuis l’éviction du président Omar el-Béchir en avril 2019. Depuis août 2019, le pays est dirigé par une administration composée de civils et de militaires chargée de superviser la transition vers un régime entièrement civil. La direction du pays est censée être remise aux civils lors d’une première étape avant d’arriver fin 2023 aux premières élections libres en 30 ans.

Le principal bloc civil, les Forces pour la liberté et le changement (FFC), qui a mené les manifestations anti-Béchir en 2019, s’est scindé en deux factions opposées de longue date. Les tensions entre ces deux parties se sont exacerbées depuis le coup d’Etat manqué du 21 septembre dernier. La semaine dernière, des dizaines de milliers de Soudanais ont défilé dans plusieurs villes pour soutenir le transfert complet du pouvoir aux civils, et pour contrer un sit-in rival de plusieurs jours devant le palais présidentiel dans la capitale Khartoum, qui exigeait un retour au « régime militaire ».

L’Association des professionnels, l’un des fers de lance de la révolte qui a mis fin en 2019 à la dictature du président Omar el-Béchir, accompagné des syndicats des médecins et des banques, a appelé ce lundi les Soudanais à la « désobéissance ».

De leur côté, les États-Unis tout comme la Ligue arabe se disent « inquiets » à la suite d’annonces de prise de pouvoir par des militaires. L’émissaire Jeffrey Feltman prévient que « tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l’aide américaine ». Le secrétaire général de l’organisation panarabe Ahmed Aboul Gheit a fait part dans un communiqué de sa « profonde préoccupation face aux développements » au Soudan et appelé « toutes les parties à respecter » l’accord de partage du pouvoir de transition établi en 2019 Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a fait part sur Twitter de la grande préoccupation de l’Union européenne concernant l’évolution de la situation au Soudan. Les arrestations des dirigeants civils au Soudan sont « inacceptables », a estimé lundi l’émissaire de l’ONU au Soudan Volker Perthes, se disant « très inquiet des informations sur un coup d’État ».

Le Soudan connaît une transition précaire entachée de divisions politiques et de luttes de pouvoir depuis que l’armée a poussé au départ l’ancien président Omar el-Béchir en avril 2019, après trois décennies de pouvoir, sous la pression d’une énorme mobilisation populaire. Depuis août de la même année, le pays est dirigé par un Conseil de souveraineté composé pour moitié de civils et pour moitié de militaires.

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