DEPUIS 200 JOURS, PAUL BIYA LE CASANIER EST DEVENU PRISONNIER
Louis -Paul Aujoulat, l’homme qui jadis , inscrivit Paul Biya au lycée Général Leclerc de Yaoundé en 1950, avant de lui décrocher une bourse d’études deux ans plustard pour l’hexagone, confiait à Pierre Mesmer , qu’ étudiant en France , le futur président camerounais , préférait de loin le comfort douillet de sa chambrette d’étudiant aux sorties mondaines , dont raffolaient pourtant ses camarades de promotion .
Cette propension à ne jamais quitter son antre , va le suivre des années plustard , lorsque revenu au bercail comme haut fonctionnaire , il se fera souvent presque sermoner par le président Ahmadou Ahidjo , qui n’hésite pas à lui dire devant témoins en guise de remontrances : » Mais Paul ! Sortez souvent un peu de votre tannière, bon sang ! Faites -vous donc connaître du monde extérieur , et visitez du pays ! Il n’ya pas que le travail dans la vie ! Prenez le temps de vivre et faites-vous des amis ! » En effet , il n’était pas rare que Paul Biya , au cours des années pendant lesquelles il fût tour à tour directeur de cabinet , chargé de mission à la présidence, sécrétaire général à la présidence et ensuite premier ministre , se décommande au tout dernier moment à une réception à laquelle il était pourtant convié de longue date , et se faire réprésenter par son épouse en premières noces , la très charismatique et autoritaire feue Jeanne -Irène .
Accédant à la magistrature suprême , Paul Biya qui à en croire les confidences de ses anciens condisciples du petit séminaire d’Akom, disait » Je veux être Roi ou Pape » , n’a pas fait beaucoup de progrès , dans ses rapports aux autres . Non seulement , il ne prend directement jamais , personne au téléphone , mais il ne rend davantage presque jamais visite à ses pairs africains. Je vous ai raconté sur ce même forum, à maintes reprises comment un jour , lors d’un sommet France-Afrique, le président camerounais s’est fait interpeller par son homologue français, qui était alors Jacques Chirac : » Mais Paul , tu ne m’appelles ni me rappelles d’ailleurs presque jamais ! » Paul Biya , toujours fuyant, s’est alors contenté d’un » Ah, Jacques, je suis souvent au village où le réseau passe mal . »
Une fois , c’est Omar Bongo le défunt président gabonais, qui s’ adresse en des termes peu diplomatiques , au chef de la diplomatie camerounaise, de passage à Libreville , au sujet du tropisme casanier du chef de l’État camerounais . Le ministre camerounais était alors porteur d’un message de son président , à l’intention de son homologue gabonais. Omar Bongo, réputé pour son franc-parler , a alors donné libre cours à sa colère : » Mais il faudra bien qu’il daigne laisser son village et se rendre chez les autres , histoire ne serait-ce que de retourner les visites que les gens lui rendent ! Mais pour qui se prend-t-il à la fin , bon sang ! Même son patron Ahidjo, l’homme qui l’a mis là où il est , et qui avait un grand sens des usages diplomatiques, traitait les gens avec beaucoup plus d’égard et de consideration ! Le mois dernier à Hararé, il a fait poireauter et languir tout le monde , et en définitive n’est pas venu! Et aucun mot d’excuse, rien ! C’est inconséquent ! »
Omar Bongo faisait ainsi , allusion au sommet de l’ OUA ( ancêtre de l’ UA) , qui s’est tenu à Hararé au Zimbabwe en 1996 . L’ année d’avant, c’est le Cameroun et donc Paul Biya qui en assumait la présidence tournante , et selon l’usage, il était censé se rendre à Hararé, afin de transmettre le relais à son homologue zimbabwéen . Non seulement , Paul Biya ne s’est pas donné la peine pour effectuer le voyage , mais il n’a davantage pas estimé nécessaire fournir la moindre explication à ses pairs, pour excuser cette attitude pour le moins méprisant , car contraire à tous les usages diplomatiques.
Le 19 mai 2010, Omar Bongo décédé une année plutôt , c’est au président camerounais que revenait de droit, le flambeau du doyen Des chefs d’État du pré-carré français . À tout seigneur tout honneur, c’est donc lui qui recevait à double titre , ses homolgues pour commémorer les festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun , qui en dehors de celle de la Guinée obtenue dans des conditions particulières, suite au » Non » de Sékou-Touré à de Gaulle en 1958, qui donna le las de celles d’autres pays . Le Cameroun, ayant obtenu son independence » nominale » le 1er janvier 1960 .
Le 19 mai 2000, lorsque le Burkinabé Blaise Compaoré , dont Paul Biya n’ignore pas qu’il a parachevé sa formation d’officier à l’ÉMIA ( École militaire inter-armes ) de Yaoundé, débarque à Yaoundé en compagnie de son épouse , il lance d’emblée au président camerounais venu l’accueillir avec la premiere dame à ses côtés : » Alors, Monsieur qui ne va jamais chez les gens , vous êtes satisfait? » Silence de marbre de Paul Biya , qui feint de sourire . Là-dessus, c’est Chantal Biya la première dame , qui vole in extremis au secours de son époux : » On va venir , on va venir . »
Si le président camerounais qui ne déteste rien , tant que le fait de devoir agir sous l’urgence, ou celui de se faire forcer la main, n’a rien dit sur le champ en guise de réplique a son homologue burkinabé, il n’en démeurait pas moins vrai que , l’hôte d’Étoudi qui dévore à longueur de journées, les rapports des services spéciaux à son intention , n’ignore pas que Blaise Compaoré avait à l’ ÉMIA , pour condisciple et promotionnaire , un certain Guérandi Mbara.
Ce dernier , en date de ce 19 mai 2010 , venait effectivement de passer 26 ans d’exil sans discontinuer , au Burkina Faso. Cerveau parmi les cerveaux de la tentative avortée du pustch du 06 avril 1984, Guérandi Mbara menaçait constamment depuis son lieu d’exil burkinabé, de s’en prendre à Paul Biya . Le président camerounais , sait aussi que l’ancien pustchiste se déplace à l’aide d’un passeport de service burkinabé ( équivalent d’un passeport diplomatique ) délivré au nom d’Ahmadou Diallo . Ce fait expliquerait peut- être , la réticencece du » Ngomgui ) camerounais à se rendre au pays des hommes intègres .
Jean Pierre Du Pont