DES LYCÉENS CAMEROUNAIS OFFRENT EN SACRIFICES LEURS FAMILLES À UN MARABOUT BÉNINOIS
Des élèves ont été arrêtés pour pratique de sorcellerie au lycée bilingue de Kribi. Les mis en cause inscrits en classes de 4ème, 3ème et Première avaient pour condition de recruter leurs camarades de classe. Ils sont passés aux aveux et disent avoir déjà reçu, chacun, pas moins d’un million de Fcfa du porte-monnaie magique octroyé par un mystique béninois. Seulement, les conditions ignobles leur ont été soumises par ce dernier. Il s’agit, pour chacun, de donner une liste des membres de sa famille à sacrifier et consommer, en 24h, la somme reçue en millions. Au-delà de tout, l’invasion du porte-monnaie magique remet au goût du jour l’intérêt des individus pour l’irrationnel et la valorisation de la quête du gain facile.
Autrefois, le village était affublé de toutes sortes de maux. Dans l’imaginaire collectif, les contrées rurales étaient perçues comme des aires culturelles où prédomine l’existence du phénomène de la sorcellerie. Des enfants qui exprimaient le vœu d’aller en vacances passer du bon temps avec leurs grands parents redoutaient les sorciers à cause des préjugés, des croyances et des idées reçues qui leur avaient été inculqués par les membres de leur sphère sociale d’appartenance.
Aujourd’hui, la ville, censée être le socle de la rationalité, s’est transformée en pôle de diffusion de l’irrationalité. Des acteurs sociaux censés distinguer la graine de l’ivraie ne croient pas toujours à la raison pure et à la matérialisation des choses objectivables. Mais, ils affectionnent l’immatériel et vouent un culte au mysticisme, au maraboutisme et, par corollaire, à la sorcellerie. Il est plus facile, pour les uns et les autres, de croire aux gris gris ou de consommer les potions et décoctions des tradi-praticiens massés dans les carrefours et de contribuer, sans coup férir, à la propagation de l’obscurantisme.
Que le porte-monnaie magique resurgit, aujourd’hui, dans l’espace urbain témoigne de l’onction que des catégories sociales accordent à l’irrationnel et,,singulièrement, au magico-mystique. Des jeunes du Lycée bilingue de Kribi ont reçu, chacun, un million de Fcfa et ont été contraints à la folie dépensière dans les îlots de plaisir et de loisir en compagnie des belles de nuit. Alertés, des éléments de la compagnie de gendarmerie de la cité balnéaire les ont interpellés pour dépenses abusives des sommes faramineuses d’argent à leur jeune âge. Durant les enquêtes, ces élèves se sont livrés à des aveux martelant qu’ils sont en contact avec un marabout béninois, qui leur promet monts et merveilles à travers un porte-monnaie magique. Sans conteste, le phénomène méta-social du porte-monnaie mystique traduit la préférence des jeunesses du pouvoir pour l’appât du gain facile et l’inversion de l’échelle des valeurs dans une société où les déterminants mercantilistes sont sublimés au détriment des vertus spiritualistes. Le paraître a, pour ainsi dire, pris le dessus sur l’être. D’où l’intrusion du phénomène lié aux stratagèmes de fructification de l’argent.
Indéniablement, nous sommes au cœur des mécanismes ésotériques où s’entremêlent la vente des faux rêves, les pseudo stratégies d’enrichissement facile, l’enflure du charme et une espèce d’envoûtement de la progéniture scolaire, laquelle est constituée des proies faciles à happer. En réalité, il s’agit, somme toute, d’une escroquerie à grande échelle assortie des relents brumeux de multiplication du pécule. Ces catégories juvéniles, qui se prêtent à ces pratiques a-sociales, sont subjugués par l’argent facile et sont pressés de concentrer sur eux tous les regards.
Or, les salles de classe doivent concentrer tous ces efforts. Il est donc impératif de sensibiliser la couche juvénile sur les ravages et les dommages de cette excroissance pour revenir sur les sentiers de la rationalité. Les jeunes ont, avec eux, des gagdets de la modernité du village planétaire. Les techno médias étant le terrain de jeu de prédilection de ces vendeurs d’illusion, il est facile, dans un monde de plus en plus détourné des médias traditionnels, de se remettre aux croyances, aux rumeurs et aux dogmes mystiques générateurs de ces fantasmes. Devant les écueils qui aiguillonnent l’environnement socio-éducatif, il est urgent de décider, d’agir et de démanteler tous les réseaux paranormaux constitués des personnalités parfois insoupçonnées.
Le Don King
Mot à wou à wou!