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DIABOLISÉ, OUSMANE SONKO DEVIENT POPULAIRE COMME ABDOULAYE WADE

Tous les opposants irréductibles des régimes qui se sont succédé au Sénégal ont été taxés de violents. Ils ne sont pas très nombreux à atteindre un certain niveau de succès qui se traduit par des votes massifs en leur faveur à des élections de natures différentes.

Deux de ces opposants sortent du lot, du point de vue de l’électorat et de la constance de leur ascension : Abdoulaye Wade et Ousmane Sonko.
Abdoulaye Wade a séjourné en prison à plusieurs reprises, suite à des événements émaillés de violences pré ou post électorales.
Ce leader charismatique, qui a traversé des années compliquées, bravé et surmonté des braises ardentes du temps de la pensée unique, du Parti-État, du temps où opposant signifie véritable « guerrier », « vaillant » et « courageux ».
À cette époque-là, il était très facile de distinguer le lion, maître de la forêt et le « gaïndé » médiatique ou tigre de réseaux sociaux. Abdoulaye Wade, en fin politique, a toujours utilisé la stratégie de son « homonyme » « Njombor ».

En fin virtuose du verbe, dans ses déclarations, même les plus intempestives, il s’est toujours aménagé une issue de secours. En général, les plus belles, celles dont on se souvient avec délectation, sont celles non violentes, symboles de patriotisme, au sens le plus élevé, le plus noble.

« Je ne marcherai jamais sur des cadavres pour entrer au palais », répondait-il à une jeunesse surexcitée et survoltée, qui lui imposait quasiment un mot d’ordre insurrectionnel.
Ousmane Sonko s’est vu, à l’image de son prédécesseur dans l’opposition radicale, attribué des qualificatifs les plus excessifs qui renvoient à la violence: salafisme, séparatisme, etc. et tout dernièrement, violeur.

Chacun de ces qualificatifs suffit pour faire inspirer la peur et la psychose au sein d’une population, surtout celle du Sénégal, réputée par son caractère paisible. Les Sénégalais tiennent au « ceebu jën » et aux « trois normaux » journaliers, sans compter les faits divers quasi-quotidiens qui alimentent les conversations.

Les deux dernières élections, la présidentielle de 2019 et les locales du 23 janvier 2022, prouvent à suffisance que le peuple sénégalais est resté insensible à ces manipulations contre Ousmane Sonko. Qu’est-ce qui a été fait pour qu’une bonne frange de la population continue d’accorder sa confiance à Ousmane Sonko ? La réponse à cette question montre la voie à suivre.

Rappelons que, quand il est sorti en mars 2021, suite à des événements tragiques qui ont causé plusieurs morts, blessés et d’importants dégâts matériels, Ousmane Sonko a prononcé un discours, l’un de ses meilleurs, pour repousser toute idée d’insurrection et de prise de pouvoir par la rue; ce qui équivaut forcément à un régime militaire.

Il faut comprendre que la rue ne prend jamais le pouvoir et le leader de la révolte populaire, non plus!C’est toujours un troisième larron, quelqu’un ou quelques-uns, des hommes de tenues, de plus en plus une garde rapprochée d’un président ou une GIE soldatesque.

Ousmane Sonko comprend parfaitement cela; ce qui explique son discours du 8 mars.
Mais, depuis ce 8 mars, ses adversaires, dont les plus redoutables- c’est ma ferme conviction-, ne sont pas seulement du côté du gouvernement, n’ont pas abdiqué.

Au contraire, ils développent des stratégies de plus en plus difficiles à appréhender.
C’est très simple: pousser Ousmane Sonko à commettre une faute afin de le mettre en mal avec les Sénégalais!

La méthode: le provoquer sournoisement, l’inciter à commettre une erreur fatale, ou l’avoir à l’issure.

J’ai souvent dit que sa libération sous contrôle judiciaire n’est ni plus ni moins qu’une prison à ciel ouvert, une manière de le mettre perpétuellement sous tension, d’éprouver ses nerfs, sans compter les autres formes de provocation.

Aujourd’hui, l’élimination de la liste de Yewwi, notamment celle des titulaires de la nationale, qui entraîne de facto sa sortie de course en tant que tête de liste, le 31 juillet 2022, apparaît comme un maillon de plus dans cette longue chaîne d’épreuves.

Ousmane Sonko, dans les actes qu’il pose pour surmonter cette redoutable épreuve, doit également et surtout se souvenir que l’objectif principal est de le faire passer comme un pyromane aux yeux des Sénégalais.
Il doit aussi faire attention au troisième larron et aux charognards en ronde qui ne sont jamais loin.

Amadou Sow
MONCAP

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