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ELLE OBTIENT SON DOCTORAT À 91 ANS AVEC MENTION TRÈS HONORABLE

«J’ai mis du temps, parce que j’ai fait des pauses… J’ai fait du mieux que j’ai pu, je crois que le jury était satisfait» a déclaré Colette Bourlier à l’issue de sa soutenance. Trente ans ont passé depuis le jour où la dame de 91 ans a décidé de commencer sa démonstration. Axée sur les travailleurs immigrés à Besançon dans la seconde moitié du XXe siècle, cette thèse -entièrement manuscrite- a pris la forme du titre de docteur en géologie sur le thème « Les travailleurs immigrés à Besançon dans la seconde moitié du XX siècle ».

Un exercice à l’issue duquel elle sort avec une mention « très honorable ». Il faut dire qu’elle commencé à écrire sa thèse depuis une trentaine d’années. Une rédaction entrecoupée, comme elle-même le dit, de « pauses » avant de la terminer. « J’ai fait du mieux que j’ai pu, je crois que le jury était satisfait ».

Son directeur de thèse, Serge Ormaux, souligne que « c’est un travail extrêmement atypique, parce que c’est un travail de thèse qui a duré 30 ans – aujourd’hui, une thèse, c’est en moyenne trois ans – et qui a été réalisé par quelqu’un qui a commencé sa recherche après son départ en retraite, à 60 ans ».

Née le 3 avril 1925 à Lyon, Colette Bourlier obtient son baccalauréat en 1944. Elle devient par la suite Institutrice dans la ville de Besançon. À côté de cela, Colette commence des études d’histoire géographie à la faculté des Lettres. Elle sort diplômée de la faculté de Besançon en 1945 et obtient sa licence en juin 1950. Elle valide également son Capes d’histoire-géographie en 1956. Colette débute sa carrière d’enseignante d’histoire-géographie à Poligny, puis à Lons-le-Saunier, puis à Besançon à partir des années 60, où elle fera l’essentiel de sa carrière au lycée-collège de Montjoux.

Très concernée par l’accueil et l’alphabétisation des travailleurs immigrés de sa ville, elle s’investit auprès d’associations et organismes en relation avec ce domaine. «Les questions sur l’immigration sont toujours abordées de manière passionnelle ou compassionnelle. Elle ne s’est pas satisfaite de ça, elle en voulait plus. Elle voulait faire de ses convictions, un objet scientifique.» explique Serge Ormaux, professeur à l’université de Franche-Comté et membre du jury. Cette expérience lui permettra par la suite, d’en dresser un tableau précis et légal.

«Elle a gardé beaucoup de relations avec les familles d’immigrés. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’humour, une compétence relationnelle. Elle a fait beaucoup de bénévolat concernant l’alphabétisation des populations immigrées, elle connaît tous les dispositifs car elle les a vécus» détaille Serge Ormaux.

En 1983, c’est déjà l’heure de la retraite pour Colette Bourlier. Elle décide alors de commencer un travail de recherche universitaire sur la problématique des travailleurs immigrés à Besançon. Direction l’Université de Franche-Comté où elle obtient brillamment sa maitrise, accompagnée de la mention «Très Bien».

Désirant traiter de manière plus profonde le sujet, elle s’inscrit l’année suivante en diplôme de recherche appliquée (DRA), un diplôme qui n’existe plus aujourd’hui. Il permettait aux personnes non issues du monde universitaire, de réaliser une thèse, sans limite de durée. «Il y a un mot qui la résume: pugnacité. Sans être sûre d’avoir la force d’aller jusqu’au bout, elle a tenu bon. Quand on lit les 400 pages de son travail, on voit qu’elle ne se contente pas d’une première impression». «Elle torture ses chiffres, elle va jusqu’au bout, et ne se satisfait de rien» résume avec respect son directeur de thèse.

Le résultat est déjà considéré comme un outil de référence pour les générations futures. «Nous sommes très contents, on considère ce travail comme une référence pour les étudiants chercheurs. Nous avons déjà des touches pour une publication scientifique. La thèse va être éditée, et placée sur le site des thèses» conclue Serge Ormaux.

NB: La photo de la grand-mère africaine  est à titre illustratif

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