ELLE VENGE SON MARI OPPOSANT ASSASSINÉ ET RENVERSE UN DICTATEUR
En 1965, Ferdinand Marcos est élu Président des Philippines. Son accession à la magistrature suprême est accueillie avec beaucoup d’espoir. Il met en place de grandes réformes économiques et le pays connaît un véritable décollage. Ce qui lui vaudra d’être réélu en en 1969. Peu à peu, le régime se durcit et la loi martiale est instaurée en 1972. Certains membres de l’opposition vont décider de prendre le chemin du maquis et créer la New People’s Army.
Benigno Aquino, le principal leader de l’opposition est emprisonné. Les opposants politiques sont pourchassés et prennent pour la plupart, le chemin de l’exil si bien que lorsque la fin de la loi Martiale est proclamée en 1981, Marcos ne fait face à aucune opposition. Les principaux partis de l’opposition boycottent les différentes élections et Marcos est réélu en 1981 avec 91,4% des voix. Son régime devenu dictatorial sombre dans la corruption, les détournements des fonds publics et le népotisme. Marcos a pris la peine de placer les membres de sa famille et ses amis aux postes clés de son gouvernement. En 1980, Benigno Aquino leader de l’opposition incarcéré au début de l’érection de la loi martiale, réussit à aller aux Etats-Unis en exil pour « raisons médicales ».
Le Président Ferdinand Marcos se montre de plus en plus absent en raison de sa santé qui est devenue très fragile ; il est souvent absent pendant de longues semaines et cela inquiète le peuple qui se demande s’il est toujours vivant et en mesure de gouverner.
Alors que la situation économique et politique des Philippines se dégradait et que l’insurrection communiste gagnait du terrain, Benigno Aquino leader de l’opposition négocie une promesse de vie sauve de la part du gouvernement philippin au cas où il quittait son exil américain pour rentrer dans son pays. En août 1983, l’opposant décide donc de retourner dans son pays pour mener la lutte aux côtés des siens. Seulement dès sa descente d’avion ; il est froidement abattu de plusieurs balles par des francs-tireurs. Il ne sortira pas vivant de l’aéroport. Il s’en suivra une série de manifestations populaires pour dénoncer cet assassinat odieux.
Après avoir longuement pleuré, son épouse Corazon Aquino fit le serment de venger la mort de son mari, de continuer son combat et de libérer les philippins du joug du régime du « Président malade » Marcos. Les forces vives de l’opposition philippine et plusieurs mouvements populaires vont lui demander de prendre la tête de l’opposition. Corazon Aquino devient la principale dirigeante de l’opposition.
Elle se présente à l’élection présidentielle de février 1986 face à Marcos. L’élection est entachée de fraudes massives ; Marcos et Aquino se déclarent tous deux vainqueurs. Des soutiens de l’opposante Corazon comme Evelio Javier sont assassinés pendant la fièvre électorale ; malgré les intimidations, Corazon Aquino ne se démonte pas ; elle est prête à aller jusqu’au sacrifice suprême comme son mari. Elle lance une campagne appelée « Pouvoir au peuples » qui commence par une grève générale.
Elle prête serment le 25 février 1986, nomme un gouvernement parallèle, et décide de mener la lutte pour la conquête de sa victoire et la libération de son peuple. Son arme c’est le peuple. Elle décide alors d’organisation des manifestations non-violentes et pacifiques dans les rues de Manille. Près de deux millions de philippins vont répondre à son appel et engager une marche pacifique dans l’avenue principale de la ville. Le nombre des manifestants sortis sera et fera sa force.
Sentant l’imminence d’une révolution populaire, le président Ferdinand Marcos demande à l’armée de tirer sur le tas. L’armée commandée par le général Fidel Ramos va refuser de prendre position et va adopter une attitude neutre en refusant de massacrer les philippins. La foule en liesse prend alors la route de la Présidence de la République ; le Président Marcos confronté à l’afflux de manifestants pacifiques, décide de prendre le chemin de l’exil en catastrophe. Direction Hawaii, escorté par des hélicoptères militaires américains.
La neutralité de l’armée a été très déterminante dans la chute du régime de Marcos. Rappelons que cette armée était commandé par Fidel Ramos cousin du Président. Bien qu’il fût cousin et ministre de la Défense du dictateur Ferdinand Marcos, ce militaire décida de se ranger du côté du peuple alors qu’il aurait pu liquider ses compatriotes pour préserver ses intérêts égoïstes et ceux de son clan.
Comme promis sur la tombe de son mari, Corazon Aquino accède officiellement au pouvoir, elle fait adopter une nouvelle constitution et maintient le général Fidel Ramos à ses côtés. Celui-ci sera son ange gardien ; il va protéger la Présidente pendant tout son mandat et va déjouer sept tentatives de coup d’État militaire.
Après son premier mandat (1986-1992), elle décide de ne pas briguer un second mandat. Sous sa présidence, elle supervisa la rédaction d’une nouvelle Constitution qui limitait à un mandat de six ans l’exercice du pouvoir par le chef de l’Etat. Son ange gardien, le général Fidel Ramos lui succède comme président des Philippines du 30 mai 1992 au 30 mai 1998.
Corazon Aquino a reçu le prix Ramon Magsaysay en 1998 pour son action en faveur de la démocratie. Après son retrait de la présidence, elle prit la tête d’un mouvement de protestation, en 1997, pour empêcher son successeur d’amender la Constitution afin d’autoriser plus d’un mandat présidentiel. En 2001, elle contribua au renversement du gouvernement du président Joseph Estrada, accusé de corruption et de mauvaise gestion.
Elle est morte le 1er août 2009 des suites d’un arrêt cardiaque, alors qu’elle était atteinte d’un cancer du côlon. Son fils Benigno Aquino III a été président de la République des Philippines du 30 juin 2010 au 30 juin 2016.
Le leader Benigno Aquino assassiné en 1983 est certainement fier de sa femme et de son fils là où il se trouve.
Arol KETCH
Rat des archives
Fourmi Magnan égarée