EMMANUEL MACRON BLOQUE LES ARCHIVES D’ASSASSINATS LIÉS AU FRANC CFA
« Le franc CFA est un non-sujet pour la France » (Emmanuel Macron)
Si les archives de l’assassinat de Thomas Sankara abattu en 1987 peuvent être dévoilées, il n’y a pas de raison que celles portant sur l’assassinat de Sylvanus Olympio ne le soient pas. A moins que la France et –pourquoi pas- les Etats-Unis aient des choses à se reprocher. A ce jour, il y a trop d’indices qui militent en faveur de la responsabilité de l’ancienne puissance coloniale, la France, du fait du côté rebelle du premier président élu du Togo.
Quels services feu Étienne Gnassingbé Eyadema avait-il rendu à la France pour que son ambassadeur d’alors le cadeauta d’un moulin et d’une enveloppe de 300 mille francs CFA, selon certaines sources?
Qui pouvait orchestrer un coup d’Etat dans les années 60 puis laisser le fauteuil présidentiel à un autre si ce n’est un étranger ou un maquisard en mission ? C’était ce qui s’était passé. Car c’est trop facile de penser que les soldats démobilisés au rang desquels Etienne Eyadema auraient pu exécuter ce coup et se résoudre à ne pas accaparer le pouvoir. Mais au moment où se passait cet assassinat, des choses s’étaient passées.
En cette période où la France faisait des pieds et des mains pour contenir ses colonies, Sylvanus Olympio avait chargé son ministre des Finances, Dr Hospice Imoru Dominique Abou Coco de passer commande du matériel nécessaire pour doter la future Banque Centrale du Togo de la capacité de frapper les pièces et d’imprimer les billets de banque. En clair, Sylvanus Olympio était sur le point de doter le Togo de sa propre monnaie. Seulement, trois jours après rédaction du courrier devant être adressé à la France, Sylvanus Olympio a été froidement abattu.
Si depuis, une omerta est entretenue sur cet assassinat, il n’en reste pas moins des indices qui indiquent les éventuels auteurs de l’œuvre macabre. En effet, les archives françaises ou américaines devraient expliquer les raisons pour lesquelles le Commandant Georges Maitrier avait fait descendre l’Adjudant Pock –ou Poch, c’est selon- de Sokode sur Lomé. Celui-ci était basé en permanence à Sokodé. Pour le faire repartir illico presto une fois la vie de Sylvanus Olympio ôtée froidement.
Sans affirmer la responsabilité française dans le premier coup d’Etat sanglant en Afrique francophone, il est de notoriété publique que la France ne voulait pas entendre parler de retrait d’un quelconque pays de la zone CFA. Quand l’ancien président malien Modibo Keita avait osé, on connait la suite.
Lorsque Sekou Touré avait tenté de doter la Guinée Conakry de sa propre monnaie, on sait comment la France a injecté de faux billets dans le circuit en Guinée pour couler l’économie et faire revenir ce pays dans le giron français. Comment alors cette même France auprès de laquelle Sylvanus Olympio demandait du matériel pour frapper sa propre monnaie n’allait pas réagir violemment, mortellement ?
Et depuis le 13 janvier 1963, les archives sont gardées en lieux sûrs, enfermées à double tour, inaccessibles aux citoyens togolais. La réclamation actuelle de la famille Olympio d’avoir à l’accès aux archives sera-t-elle juste un feu de paille, ou bien portera-t-elle sur la durée, jusqu’à satisfaction ?
Godson Ketomagnan