EMPRISONNÉ ET ÂGÉ DE 24 ANS, IL RÉUSSIT À VOLER L’ÉQUIVALENT DE 593 MILLIONS DE FCFA
Aux âmes mal nées, la valeur du voleur n’attend point le nombre d’années. D’ailleurs, il n’y a pas d’université de vol, à part celle du » professeur » de la série télévisée à succès » La casa de Papel » où on voit des génies en braquage prendre le dessus sur toutes les forces de sécurité et les experts en cybercriminalité. Mais ce n’est que du cinéma. Par contre, au Nigéria, c’est la réalité.
Hope Olusegun Aroke est » le professeur » des braqueurs en cybercriminalité. Expert en fraude, il a été reconnu coupable d’escroquerie sur Internet et a été placé sous mandat de dépôt au Nigeria pour avoir organisé une « méga escroquerie » dans une prison à sécurité maximale.
L’arnaque en ligne porte sur un montant d’une valeur d’au moins 1 million de dollars US, soit l’équivalent de 593 millions de francs CFA .
Les responsables de la lutte contre la corruption ont déclaré que Hope Olusegun Aroke a utilisé un « réseau de complices » pour orchestrer la fraude.
Il a été arrêté en 2012 et purge une peine de 24 ans à la prison de haute sécurité de Kirikiri.
Mais une enquête préliminaire a révélé qu’il avait toujours accès à Internet, une arme avec laquelle il peut braquer des banques à distance, donner des ordres à son gang, élaborer tous les plans.
Dans une déclaration faite mardi, l’Economic and Financial Crimes Commission (EFCC) du Nigeria a déclaré qu’elle avait reçu des informations sur l’arnaque d’Aroke et qu’elle était confrontée à l' »énigme » de savoir comment il a pu « continuer à exercer son ignoble métier » depuis la prison de Lagos.
Après son arrestation en 2012, l’EFCC avait déclaré que l’étudiant alors basé en Malaisie, était la « tête pensante d’un réseau complexe de fraudes sur Internet qui concerne deux continents ».
L’EFCC a déclaré cette semaine que son enquête préliminaire avait révélé que, « contre toute pratique habituelle », Aroke avait eu accès à Internet et à son téléphone. Il avait également été admis à l’hôpital de la police nigériane à Lagos pour une « maladie non divulguée » et avait pu quitter l’établissement pour séjourner dans des hôtels, rencontrer sa femme et ses enfants et assister à des activités sociales.
Information capitale, le génie en fraude avait utilisé le nom fictif d’Akinwunmi Sorinmade pour ouvrir deux comptes bancaires et avait acheté une voiture de luxe et des maisons pendant son séjour en prison, a ajouté l’EFCC.
Il avait également été « en possession des identifiants du compte bancaire de sa femme » en prison, lesquels il utilisait pour « transférer librement des fonds ».
Les responsables de la lutte contre la corruption enquêtent sur les raisons de son admission à l’hôpital et sur la manière dont il a pu se rendre à l’hôtel et dans d’autres lieux. La prison de haute sécurité de Kirikiri est gérée par le Service correctionnel nigérian, qui n’a pas encore commenté l’affaire. Mais, comment expliquer qu’un individu reconnu dangereux sur internet, ait accès libre à internet et au téléphone portable en prison ?
C’est un cas qui choque de nombreux Nigérians qu’un détenu purgeant une peine dans la prison de haute sécurité la plus importante du pays, mène une vie de bourgeoisie, se filme avec des grosses cylindrées et s’adonne à ses activités frauduleuses librement.
Beaucoup pensent qu’Aroke n’aurait pu réussir ses exploits qu’avec l’aide de fonctionnaires pénitentiaires nigérians corrompus. Les arnaques en ligne enrichissent les fraudeurs sur Internet au Nigeria. Les malfaiteurs ont la possibilité de soudoyer aisément des fonctionnaires pénitentiaires vulnérables car mal payés. Jusqu’à présent, personne n’a été suspendu bien qu’il s’agisse d’une violation majeure des protocoles de sécurité. C’est dire que le réseau est immense et pourrait bien mouiller des hautes personnalités de l’administration pénitentiaire.
L’agence anti-corruption, qui a mis Aroke derrière les barreaux, ou plutôt, l’a isolé en le qualifiant d' »énigme » et a promis une enquête approfondie.
Et l’autre question que beaucoup de Nigérians se posent est : parmi les nombreux prisonniers riches – politiciens et fraudeurs sur Internet – en prison, qui d’autre a « soudoyé » des agents? Alors, beaucoup semblent mouillés, selon les premières indiscrétions.