EN VOULANT TUER MAURICE KAMTO ET LE MRC, PAUL BIYA ET LE RDPC SE SONT SUICIDÉS
N’oubliez jamais que le pouvoir de Yaoundé a organisé la mort politique du MRC par le biais d’une construction des correspondances entre l’existence du MRC et le spectre d’une insurrection. Le pouvoir travaille inlassablement à criminaliser l’appartenance au MRC, à la production d’une frayeur vis-à-vis de ce parti. La logique permanente de construction de la figure de l’ennemi intérieur fait l’objet de la stratégie de l’élimination politique du parti de Maurice KAMTO. Mais ce qu’il faut comprendre c’est le caractère de plus en plus désuet de cette stratégie à l’ère de la communication.
La communication gouvernementale manque de cohérence, car l’élimination d’un acteur politique consiste en la capacité de le mettre hors des projecteurs, mais dans le cas d’espèce le MRC est la cible des projecteurs, y compris et surtout au moment de son expulsion vers la marge de la piste de course. L’image correspond à des régiments de commandos tirant sans répit à l’obus sur un corbillard. Jamais aucune formation politique et aucun homme politique ne furent autant calomniés, que le MRC et son leader.
L’arrestation et l’incarcération de ce dernier et des militants au rôle pertinent procédait d’une manœuvre de mise à mort politique à travers des méthodes d’humiliation et de désignation du déviant social. Sauf qu’à contrario, les mélanges et la confusion entre la scène politique et la scène du cannibalisme ont produit l’effet inverse. La scène politique est une scène d’adversité et non une scène d’inimitié. La confusion y découlant a permis de voir que même après avoir organisé la mort d’un acteur politique, l’on ne cesse de le diaboliser, de l’humilier, de l’accuser des échecs de plusieurs décennies de gouvernance.
Tenez une illustration, le jour où le premier vice-président du MRC est saisi et torturé à la prison centrale de Yaoundé après le mouvement d’humeur des prisonniers, quel était l’intérêt de prendre en image et de publier cette photo de Mamadou MOTA dénudé, maltraité et mal en point, si ce n’était de l’humilier. Seulement, le sentiment d’amertume et de tristesse suscité dans un accès de pitié rehaussait la victime et son parti dans un élan de solidarité qui transposait cette image à celle de Patrice Emery LUMUMBA dans une situation similaire.
De ce fait, la mobilisation des catégories de héros national est accordée aux acteurs du MRC. La prison politique en tant que levier capital des dictatures a été domptée et transformée comme un levain pour la dotation d’une envergure nationale et internationale pour le MRC et son leader en tant que formation politique. Il est un fait vérifiable, c’est que les pics de croissance en effectifs encartés au MRC correspondent aux périodes d’incarcération, de libération des prisonniers politiques militants du MRC. La solidarité autour d’une cause se renforce aussi à force de la violence et des injustices que subissent les porteurs de ladite cause.
Lorsque cette formation politique décide, contre toute attente, de ne pas prendre part aux élections locales du 9 février 2020, certains ont tôt fait de qualifier ce choix de suicidaire. Mais les raisons de la non-participation sont si intelligibles et perceptibles par tous que les Camerounais dans une majorité progressive se reconnaissent dans cette décision du MRC. Il ne s’agit pas d’un boycott vide, mais d’un conditionnement auquel dépend l’intégrité territorial et populaire du pays. Il s’agit de la résolution sérieuse de la crise du NOSO au moyen d’un dialogue inclusif avec des acteurs et des sujets pertinents, y compris le sujet sur la forme de l’Etat. Il s’agit également de la réforme du système des élections à travers l’adoption d’un code électoral consensuel. Sinon, comment un parti qui se suicide ne cesse de susciter des adhésions et la création des nouvelles unités ?
Serge Éric DZOU, coordonnateur de l’académie nationale de la Renaissance