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ENCORE UN GLISSEMENT : LA CAN 2021 AU CAMEROUN DÉCALÉE

En 2010, la FIFA avait décidé d’attribuer la Coupe du monde 2022 au Qatar, sans réfléchir une seule seconde aux conditions climatiques qui règnent dans le golfe Persique en juin et juillet, période à laquelle la compétition se déroule traditionnellement. Le 24 octobre à Shanghaï, l’instance a officialisé la création de la nouvelle formule de la Coupe du monde des clubs, élargie à vingt-quatre équipes (contre sept actuellement), et qui remplacera la Coupe des confédérations, dédiées aux sélections nationales et qui se déroulait tous les quatre ans. La nouvelle mouture de la Coupe du monde des clubs aura lieu tous les quatre ans, les années impaires. Cela signifie qu’à partir de 2021, ce tournoi aura lieu la même année que la Coupe d’Afrique des nations (CAN).

La FIFA n’a pas encore communiqué les dates de l’édition 2021, organisée en Chine, mais plusieurs sources avancent que celle-ci, qui durera dix-huit jours, pourrait se jouer entre la mi-juin et la mi-juillet (du 17 juin au 4 juillet). Or, depuis que la Confédération africaine de football (CAF) a décidé de l’élargissement de la CAN à vingt-quatre sélections, le tournoi, qui se jouait habituellement en hiver, s’est déroulé en Egypte sous sa nouvelle formule du 21 juin au 19 juillet. Cette situation soulève évidemment de nombreuses questions sur la programmation de la CAN et interpelle les acteurs du football africain.

C’est le cas de Sita Sangaré, le président de la Fédération burkinabée de football (FBF) : « Je suis un peu inquiet, même s’il faut attendre de connaître les dates définitives de la Coupe du monde des clubs. La FIFA et la CAF auront des discussions à propos de la programmation de la CAN. Il apparaît évident que les deux compétitions ne se chevaucheront pas. Il semble envisageable que la CAN soit décalée. Cela fait partie des hypothèses. » Une réflexion partagée par Constant Omari, président de la Fédération congolaise de football (Fecofa), vice-président de la CAF et membre du Comité exécutif de la FIFA : « Il n’y a aucun risque que les deux tournois se disputent en même temps. La FIFA fera des propositions concrètes

Les sept membres africains du Comité exécutif de la CAF – le Malgache Ahmad Ahmad, l’Egyptien Hany Abo Rida, la Burundaise Lydia Nsekera, le Congolais Constant Omari, le Tunisien Tarek Bouchamaoui, le Guinéen Almamy Kabélé Camara et le Malawite Walter Nyamilandu – ont voté en faveur de cette réforme de la Coupe du monde des clubs. Pour le Français Claude Le Roy, sélectionneur du Togo, la CAF devra donc s’adapter. Une situation qu’il déplore : « J’attends de connaître la suite, mais tout cela est un peu pathétique. La CAF doit faire ce que la FIFA lui dit, car la Coupe du monde des clubs va générer beaucoup de revenus. Et comme c’est le plus important aux yeux de Gianni Infantino, le président de la FIFA, il semble acquis, si la Coupe du monde des clubs se joue aux dates envisagées, qu’il faudra décaler la CAN de quelques semaines. »

Cela pourrait donc obliger des joueurs africains à disputer les deux compétitions, une perspective qui inquiète Claude Le Roy : « Enchaîner deux tournois majeurs en plein été, quand on parle de la surcharge du calendrier, cela me semble assez irresponsable. Et l’été, c’est la période où les clubs préparent la saison… Aujourd’hui, avec la Coupe du monde des clubs nouvelle formule, l’Afrique va être confrontée tous les quatre ans à un problème de calendrier. Les gens qui prennent ces décisions n’ont jamais vu un ballon à moins de 150 mètres. »

Si la Coupe du monde des clubs devait s’achever le 4 juillet 2021, il faudrait laisser s’écouler un délai de deux à trois semaines au minimum, le temps pour les joueurs concernés par les deux compétitions de bénéficier de quelques jours de repos, et aux sélections africaines de se préparer et de disputer des matchs amicaux. Ainsi, la CAN ne pourrait débuter qu’entre le 20 et le 21 juillet et s’entendrait sur un mois, alors que les championnats européens, où évoluent la majorité des internationaux africains, auront repris.

L’hypothèse d’un nouveau bouleversement du calendrier ne réjouit guère ce dirigeant d’un club européen, qui a souhaité conserver l’anonymat : « Même si cela ne va se produire que tous les quatre ans, la situation va être gênante. Cela signifie que des joueurs manqueront non seulement la préparation avec les clubs, mais également plusieurs journées de championnats et éventuellement des matchs de coupe d’Europe. » Les crispations entre les clubs et les fédérations africaines, qui s’étaient atténuées depuis que la CAN se joue en été, devraient bientôt ressurgir.
Source : Le Monde.

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