ÉRIC ZEMMOUR, L’INCARNATION DE LA XÉNOPHOBIE, DE LA HAINE ET DU RACISME EN FRANCE

Autrefois Montesquieu écrivait : “ Comment peut -on être Persan ? “

Eh bien , reprenant cette métaphore , on serait légitimement fondé aujourd’hui, de se demander comment est – ce possible d’être en même temps raciste .et xénophobe, tout en étant berbère et juif indigène d’Algérie , c’est-à-dire ce que De Gaulle qualifiait naguère de Bougnoule et de bicot ( expression péjorative et raciste , désignant une personne autochtone d’Afrique du Nord ) , par différenciation aux français de souche .

L’homme de l’appel du 18 juin 1940 , allait même se faire plus explicite , s’adressant à son collaborateur Léon Delbecque : “ Les français sont les français . Ils ne sont ni des Arabes , ni des Berbères , et encore moins des juifs ! Voyons Delbecque , donneriez – vous votre fille à marier à un Bougnoule ? Allons voyons ! Ces gens sont des couillons et rien d’autre ! “

Eric Zemmour qui se targue pourtant d’histoire , et s’approprie le mythe du Général de Gaulle pour mieux distiller son fiel raciste , semble avoir une mémoire sélective , et manie une double dichotomie à l’endroit de ses ouailles majoritairement obscurantistes et incultes , pour ne pas dire carrément illettrés .

Zemmour se dit Gaulliste , mais cherche dans le même temps à réhabiliter le maréchal Pétain, l’homme qui a non seulement condamné De Gaulle à mort , mais l’a aussi déchu de sa nationalité française. Le même Pétain , a envoyé dans des camps de concentration nazis , prosaïquement appelés camps de la mort , des millions de juifs , c’est-à-dire les propres frères et sœurs en Judaïsme d’Éric Zemmour le renégat, l’homme qui trahit systématiquement le peuple qui l’a engendré .

L’autre motif d’incongruité de la tentative de réhabilitation, de Pétain par Zemmour , à grand renfort de distorsion et falsification de l’histoire , et de négation , réside dans le fait que le régime de Vichy avait en 1940 unilatéralement abrogé le décret Crémieux, vous savez du nom de la fameuse loi du 24 octobre 1870 , ayant exceptionnellement et exclusivement accordé la nationalité française aux israélites autochtones d’Algérie, mécanisme par lequel les parents de Zemmour sont devenus français.

Par cette abrogation , ceux – ci devenaient de facto apatrides , puisque l’Algérie ne deviendra un État indépendant qu’à partir de 1962 , et que ce n’est en 1946 , que les algériens dans leur globalité , comme du reste les citoyens d’autres possessions françaises bénéficieront de la nationalité française, jusqu’à l’accession de leurs pays à la souveraineté nationale. Déchus de leur nationalité française, les parents de Zemmour à l’instar d’autres juifs , firent l’objet d’un statut particulier de quasi – parias et de damnés de la terre , au sens premier du terme , mais aussi de discriminations . C’est de cette situation que naîtra du reste , le terme de “ juifs errants “ , réservé uniquement aux israélites indigènes d’Algérie , à ne pas confondre avec les juifs d’Europe de l’Est ou Orientale qui regardaient les premiers de haut , à l’exact instar du mépris réciproque que se vouent au Royaume – Uni , les indiens des Indes , et ceux nés en Afrique ou y ayant une ascendance.

Il y’a deux jours , Valérie Pécresse , la candidate du parti de LR , à l’élection présidentielle, affrontait dans un débat télévisé , Éric Zemmour . Répondait à une observation de son adversaire sur la présence des neo-nazis dans son état – major , le polémiste d’extrême droite a rétorqué , en pointant une pétition que l’autre aurait signé conjointement avec l’ancien international des bleus Lillian Thuram et la journaliste et activiste contre le racisme Rokhaya Diallo .

À l’instar de Saint – Pierre reniant Jésus, trois fois avant que le coq n’ait chanté , Valérie Pécresse émit de vives protestations . Or , Thuram et Diallo étant tous les deux français , il aurait pourtant suffit à la candidate LR , de rétorquer qu’il n’y avait absolument rien de déshonorant à signer une pétition en leur compagnie , comparativement à Éric Zemmour qui se plaît à déjeuner chez Jean- Marie Le Pen , en compagnie de la fille du ministre des affaires étrangères d’un certain Adolf Hitler, excusez du peu !

D’Eric Zemmour, François Holland que le polémiste eut naguère à Sciences- Po Paris comme Prof d’économie dit : “ J’ai connu Éric Zemmour il y’a plus de trente ans. Jeune journaliste, il suivait non sarcasmes et perfidie , les tribulations de la droite française. Il se proclamait Gaulliste et ne cachait pas son admiration pour les grands hommes , à commencer par Bonaparte. À côté d’eux , les héros du conservatisme français lui semblaient bien pâles . Il distrayait les puissants par ses effronteries et , surtout, il se distinguait de ses pairs par son envie de faire de la politique, non comme élu mais comme bretteur . Il tardait à être reconnu : il en nourrissait une amertume grandissante, craignant de rester à la porte des salons . Il se désespérait de son rôle d’amuseur , qui distrayait par ses foucades mais échouait à exercer une influence . Il avait beau multiplier les épigrammes, rien n’y faisait . Il se sentait toujours comme Le Petit Chose à côté de plus brillants sujets. Il fustigeait de la plume une droite immobile et timorée mais il demeurait à la porte de la maison dont il prônait la refondation . “

Les ressorts de la haine d’Éric Zemmour , sont d’abord à rechercher dans l’amertume et l’aigreur , émanation d’une blessure intime d’égo , d’avoir à deux reprises raté le concours d’entrée de l’ENA, mais aussi le complexe d’infériorité lié à ses origines algériennes dont il veut se défaire , en attribuant malhonnêtement la création et même l’appellation de l’Algérie à la France.

Se faire élire à la présidence de la république française, serait une formidable revanche personnelle sur le sort, mais aussi contre tous ceux , membres de l’établissement comme dirait Jean- Marie Le Pen , en allusion à l’Establishment anglo-saxon, qui ne l’ont jamais jugé digne de leur compagnie , en le mettant systématiquement au bout de la table , place d’ordinaire réservée aux amis de naissance “ désavantageuse “ .

Jean-Pierre Du Pont