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ÉTAT SUISSE : CACHETTE DES DICTATEURS ET ASSASSIN DES PANAFRICANISTES

 » Les Nations n’ont que des intérêts  » : la Confédération Helvétique n’y échappe pas.

L’Intercontinental, tour des bords du Lac Léman, comme la Place des Nations ne sont pas loin de la rue dite Grand Rue dans le Vieux Genève. C’est là-bas en Suisse que Félix-Roland Moumié a vomi ses viscères, le 3 novembre 1960, empoisonné dans le restaurant dit le Plat d’argent, par un faux journaliste, en réalité un Franco-Suisse, espion des services spéciaux français, le fameux SDECE et son implacable service Action : William Bechtel, missionné par le sinistre Jacques Foccart, voix et haut commis de l’Elysée. Un roman vrai et macabre dont les auteurs de « Kamerun, une guerre cachée aux origines de la Françafrique », des journalistes comme Jean-Pierre Bat et Jean-Martin Tchaptchet, compagnon de lutte et témoin de l’agonie de Moumié ont troussé les lignes.

Présenté au président de l’Union des Populations du Cameroun, naviguant entre plusieurs capitales africaines pour défendre sa cause – l’Indépendance effective et la Réunification du Cameroun -, il allait coincer fatalement Moumié, aidé d’une belle brune, call-girl,  » vendeuse de piment  » de l’époque, dans l’un de ses ports d’attache en Europe : Genève…lieu d’impression de ses brochures destinées, entre autres griefs, à dénoncer le rôle de la France dans la mise en place d’une dictature au Cameroun.

Pour Moumié, déjà en ce temps-là, Genève serait le lieu idéal pour populariser son combat, celui de son peuple et d’une grande partie de l’Afrique. Aidé alors par AllPress, une agence favorable aux luttes anticoloniales pour laquelle travaillait le faux journaliste, William Bechtel…

Admis dans une clinique genevoise, Moumié agonisant, avait juste eu le temps de gémir devant le médecin qui refusa de lui administrer des soins en maugréant :  » aidez-moi, j’ai été empoisonné au Pastis « …

Dans un simulacre d’enquête, les policiers suisses effectuèrent une perquisition au domicile de Bechtel, odieux assassin, au Chêne-Bourg, suffisamment tard pour lui laisser le temps de s’échapper. Ils y trouvèrent des traces de thallium sur son veston et des documents mettant en évidence ses liens avec le chef de la police genevoise, Charles Necht, précieuse source d’informations pour localiser Moumié…Arrêté bien plus tard, il fut libéré sous caution en 1974 et acquitté en 1980 par un Tribunal de Genève.

C’est en Suisse aussi que Mobutu, Abacha et bien d’autres présidents-Rapetous d’Afrique, ont déposé dans le secret absolu des milliers de milliards. Ces fonds qui auraient pu transformer Kinshasa, Lagos, Brazzaville ou Yaoundé en paradis de la médecine pour chefs d’Etat. De sorte que Bouteflika, Paul Biya et bien d’autres n’y passent un clair du temps pour soins et…vacances, alors même qu’existent des spots et lieux paradisiaques dans leurs pays, entre sites balnéaires, type Kribi et Limbé et résidences loties et incrustées dans les pays luxuriants du Cameroun.

C’est en Suisse aussi, hélas, que ce week-end, s’est délocalisé un ring où s’affrontaient des Camerounais. Les uns, sous le sigle BAS pour Brigades Anti-Sardinards, ligués contre le président Biya, lui reprochant de noyer ces précieux milliards de F.cfa, qui serviraient autrement pour le développement, dans les piscines de l’hôtel Intercontinental depuis 1983 et les autres, dits patriotes, aux côtés du chef de l’Etat, soucieux de préserver les Institutions et l’image du Cameroun.

L’air était aussi vicié et empoisonné que ce 3 novembre 1960 : stupeur et désolation ! Les leçons de l’histoire n’ont pas été retenues : la Suisse au-delà des principes des droits de l’Homme et de sa « neutralité », est aussi comme le disait De Gaulle, un pays soucieux de ses intérêts. L’un d’eux est de vivre, en pays sans ressources naturelles, de l’argent que lui apportent ces chefs d’Etat africains dont Paul Biya. De ces milliards fructifiés par les mécanismes de la finance internationale, lui ayant longtemps conféré le statut de paradis fiscal et de temple du secret bancaire.

Quand est-ce que les Camerounais se mettront d’accord sur les questions essentielles ? : l’usage judicieux des fonds publics, la réduction des dépenses de luxe de l’Etat, pour chasser cette pauvreté endémique dans notre pays, l’un des objectifs, d’ailleurs, de « la stratégie d’émergence de Paul Biya » ; un consensus sur le train de vie du chef de l’Etat, l’orientant vers des dépenses intérieures, l’usage des résidences présidentielles dans nos dix régions pour des vacances ; la capacité à développer des mécanismes de Dialogue pour réguler les tensions sociales et politiques…En clair, apprendre à transformer ce cacao, qu’importe aujourd’hui le suisse Barry…, pour produire un chocolat camerounais. Avec une saveur autre que celle de ces séjours à Genève !

A. Moundé Njimbam

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