FAURE GNASSINGBE, DERNIER PRÉSIDENT INVITÉ PAR MACRON SANS DÉJEUNER
Faure Gnassingbe va enfin aller saluer Emmanuel Macron à l’Elysée. Le déplacement du Chef de l’Etat togolais répond à l’invitation à lui adressée par son homologue français et s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération, du partenariat et de l’amitié entre les deux pays .
D’après un communiqué de la présidence de la République togolaise, les deux chefs d’État auront des entretiens sur de nombreux sujets d’intérêt commun, de développement, de la crise sanitaire liée au covid-19, de la sécurité dans la sous-région… et d’autres activités de premier plan.
Le Togo et la France développent en effet depuis les années 60, d’excellentes relations. Mais, c’est la première visite d’amitié et de travail de Faure Gnassingbe à Emmanuel Macron . Les deux hommes devront évoquer la situation au Sahel où le président togolais renforce son influence, le cas du Mali et la pandémie de Covid-19. Cependant, Faure Gnassingbe a fait savoir au président français qu’il ne veut pas parler du dossier Agbéyomé Kodjo.
Alors que tous ses pairs sont passés rencontrer Emmanuel Macron, Faure Gnassingbe sera le dernier à être reçu à l’Elysée . Il sera accompagné d’une forte de délégation de pas moins de 49 personnes qui ont réservé sur Air France, en direction de Paris. La délégation présidentielle est arrivée ce mercredi matin en France par vol commercial. Faure Gnassingbé devrait suivre dans la journée où Calixte Madjoulba, son ambassadeur dans l’hexagone, le recevra à l’aéroport du Bourget, près de Paris, en compagnie de Robert Dussey qui quitte Lomé ce soir, ainsi que le directeur de la communication de la présidence. Un test de communication et de marketing d’ailleurs pour Kouessan Yovodévi d’autant que Reckya Madougou, longtemps conseillère spéciale en charge de la communication et du marketing n’a pas pu faire le déplacement. Celle qui est devenue entre temps opposante au Bénin, son pays d’origine, est détenue à la prison de Missérété, près de Porto-Novo la capitale, où Patrice Talon défère ses « dérangeurs » politiques. Elle a pu, la semaine dernière, faire parvenir un message à son ex patron, le locataire de Lomé II. L’ancien directeur général de la télévision nationale togolaise qui a pris le pilotage de la com présidentielle depuis septembre dernier profite de son escale à Abidjan pour activer, à distance, contacts et réseaux dans la capitale française. Car, comme toute l’équipe, il a été pris de court. Le trop introverti président togolais n’ayant rien dit à personne, jusqu’à lundi de Pâques.
Faure Gnassingbé vient en maître du Sahel
« Ce voyage n’est pas déterminant dans son quotidien de chef d’Etat » , prétend un de ses ministres qui ne trouve pas le périple « indispensable« . Sauf que, alors que tous ses pairs ont été reçus par le président français Emmanuel Macron , le chef de l’Etat togolais n’aurait pas vu d’un mauvais œil de faire son tour emblématique au Palais du dirigeant de l’ex puissance colonisatrice. Ça sera chose faite ce vendredi, à 13h15 où, après une séance de travail avec les deux délégations, d’un côté celle menée par Robert Dussey et de l’autre Jean-Yves Ledrian, les deux chefs d’Etat auront un tête à tête d’une demie heure environ. Aucun déjeuner n’est prévu à l’heure actuelle en marge des discussions. Emmanuel Macron déjeunera, normalement, seul, avec son épouse au Palais après le départ de son hôte. Faure Gnassingbé, attendu à l’hôtel Shangri-la, avenue Iléna, dans le 16e arrondissement. Une escapade est prévue à Milan ou aux États-Unis.
Le président togolais maintient le flou sur la suite, lui qui a instruit son entourage pour que « rien ne fuite« . Sur le vol Air France qui est parti de Lomé mardi soir à 19h20 pour arriver ce mercredi matin à 6h25 à Paris via Niamey, les réservations ont été faites au dernier moment, en début de journée mardi. En fait, Faure Gnassingbe tente de brouiller les pistes pour désorienter les activistes de la diaspora togolaise qui envisage le surprendre avec des tomates et oeufs pourris.
Faure Gnassingbe a tenu à participer personnellement à l’investiture de Mohamed Bazoum, nouveau président nigérien à qui, en décembre dernier, il avait apporté son soutien par un bref séjour à Niamey ainsi qu’un appui financier important. « Plus d’un million d’euro pour sa campagne« , susurre l’entourage. La France qui entend quitter le Mali d’ici 2023 veut compter sur le contingent militaire togolais au Mali pour prendre la relève. Ce qui a inspiré à Robert Dussey d’orienter la diplomatie de son pays vers le Sahel. Prudent et méticuleux, le ministre togolais des affaires étrangères « sait que tenir le Sahel, c’est tenir Paris par les couilles » déclare un diplomate belge en poste à Bamako au micro de nos confrères d’Afrika Stratégies France. Faure Gnassingbé sera donc l’interlocuteur idéal de l’Afrique pour l’Élysée qui perd le terrain sur le continent africain.
Dans la valise du président togolaise, un journaliste qui n’a pas manqué d’attaquer Agbéyomé Kodjo ces derniers jours. Jean Paul Agboh. Le patron de Focus Info a pu être repêché dans la délégation avec l’insistance de Victoire Dogbé, première ministre et mentor du controversé journaliste. Le candidat arrivé en 2e position avec près de 20% des voix officiellement sera à la touche. Des rumeurs couraient sur le déplacement en France de Kodjo « pour tenter de perturber le voyage« , ce qui a obligé non seulement Lomé II à en demander le report, puisqu’il était préalablement prévu au 1er avril, mais aussi à garder le secret jusqu’au dernier moment. Paris a même tenu à l’œil, ses derniers jours, tout déplacement du principal opposant togolais vers Paris, insistant auprès des consulats sur le fait que le visa que détient Agbéyomé Kodjo dans son passeport diplomatique « est valide mais nécessite une note verbale » que Robert Dussey ne lui délivrera naturellement pas. Une manière d’empêcher le gouvernement virtuel, mis en place par le candidat malheureux dans la diaspora, de pouvoir mobiliser grand monde. « Mais rien n’est tard » clame la Dynamique Mgr Kpodzro (Dmk) qui a porté la candidature de l’ex Premier ministre.