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FÉLIX TSHISEKEDI JETTE LES MINISTRES ET GOUVERNEURS EN PRISON POUR DÉTOURNEMENT DE FONDS

Le Parquet général près la Cour de cassation a arrêté l’ancien ministre de la Santé publique, de l’ Hygiène et de la Prévention de la République démocratique du Congo, Dr Eteni Longondo, et l’a envoyé au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK) après plusieurs heures d’audition, ce vendredi 27 août.

L’ancien ministre congolais de la Santé Eteni Longondo, accusé depuis quasiment un an par l’Inspection générale des finances (IGF) d’avoir détourné des fonds alloués à la riposte contre le Covid-19 lorsqu’il était en fonction en 2020, a été placé sous mandat d’arrêt provisoire, vendredi 27 août 2021, au terme d’une audition au parquet général près la Cour de cassation à Kinshasa, a passé la nuit à la prison centrale de Makala.

C’est une action qui enlève une épine du pied au président Tshisekedi, commente l’un de ses proches conseillers, qui s’agaçait de voir la justice accusée de n’écrouer que les opposants au régime.

Eteni Longondo est une figure importante dans le parti présidentiel, l’UDPS. Il avait déjà été livré à la justice par l’Inspection générale des finances en août 2020, mais le dossier n’avait pas été pris en charge, au point d’irriter le patron de l’IGF.

En début de semaine, le dossier a été activé contre toute attente. Et c’est donc avec sérénité qu’Eteni Longondo s’est présenté, vendredi 27 août vers 11 heures, au parquet général accompagné de ses avocats.

L’audition dure cinq heures. L’ancien ministre est confronté aux documents et procès-verbaux de l’IGF, d’après des sources judiciaires. S’il a été envoyé en prison, note une autre source proche du bureau du procureur, c’est parce qu’il existe des indices sérieux de culpabilité pesant sur lui.

Le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale avait approuvé, le 2 avril 2020, un financement de 47 millions USD de l’Association internationale de développement (IDA) pour soutenir le gouvernement congolais dans ses efforts visant la ville de Kinshasa et son arrière-pays (Kongo Central, Kwango et Kwilu) dans le développement d’un cordon sanitaire pour limiter la propagation de l’épidémie en dehors de la capitale congolaise.

Le projet devait aussi fournir un soutien immédiat à la mise en place des stratégies de confinement, la formation du personnel médical et la distribution des équipements pour assurer le dépistage rapide des cas et la recherche des contacts, conformément aux directives de l’Organisation mondiale de la santé et du plan de riposte stratégique.

Eteni Longondo avait assuré en 2020 qu’aucune somme n’avait été détournée, même si le rapport de l’IGF avait conclu à un détournement sur fond de surfacturation des services et des soins aux malades. D’autres dépenses encore, n’étant pas justifiées. Les pièces étaient en « plein processus de vérification par ses services » au moment du contrôle de l’IGF, assurait Eteni Longondo.

En novembre, il avait restitué au trésor public quelque 721 900 dollars issus de « la prime trop perçue » par les agents de la riposte et « la différence sur la décontamination » du siège du Parlement, ainsi qu’un « double paiement effectué par la Banque centrale du Congo » par « mégarde ».

À ce stade de la procédure, secret de l’instruction oblige : aucun commentaire n’a été obtenu de la part des avocats de l’ancien ministre. Eteni Longondo rejoint en prison son prédécesseur, Oly Ilunga, condamné en 2019 à cinq ans de prison pour détournement des fonds dans le cadre de la riposte à l’épidémie d’Ebola alors la plus meurtrière de l’histoire.

 

Par ailleurs ,le gouverneur du Kongo-Central est recherché et il a interdiction de sortir du territoire congo. L’Inspection générale des finances congolaise a mis Atou Matubuana, gouverneur du Kongo-Central et Wale Lufungula de la Tshopo à la disposition de la justice. Le premier est suspecté du détournement de plus de cinq millions de dollars. Le second est accusé de tentative de détournement en complicité avec un ancien ministre.

Le gouverneur du Kongo-Central ne peut pas sortir du territoire congolais. C’est l’instruction donnée par la Direction générale de migration (DGM) à tous ses services. Atou Matubuana n’est pas le seul. Quatre de ses collaborateurs, dont son directeur de cabinet, sont également concernés par cette décision. Et la note demande à tous les services frontaliers d’appréhender les concernés et de les acheminer sous bonne escorte à l’état-major de la DGM en cas de non-respect de cette interdiction

L’Inspection générale des finances (IGF) accuse Atou Matubuana d’avoir détourné plus de 5 millions de dollars, soit plus de 10 milliards de francs congolais, l’argent destiné aux services civils et militaires de sécurité et de justice. Ses collaborateurs sont suspectés de complicité dans ce détournement.

Walle Lufungula, lui, fait l’objet d’une plainte introduite à la Cour de cassation pour tentative de détournement des fonds alloués aux victimes des guerres que la ville de Kisangani a connues lors de l’occupation par les armées rwandaises et ougandaise il y a près de vingt ans, pour un montant de 21 000 dollars environ.

L’ancien ministre des Droits humains, André Lite, est cité dans ce dernier dossier. Mais ce dernier affirme avoir la conscience tranquille et est prêt à affronter l’IGF. Selon lui, les fonds décaissés ont servi à ce quoi ils étaient destinés.

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