FIN DU FRANC CFA, NOUVELLE MONNAIE ÉCO: VOICI CE QUI SE CACHE DERRIÈRE DES FANFARONNADES
Voici ce que les naïfs qui marchent contre le FCFA n’ont pas compris des secrets jalousement gardés par les Banques Centrales dans le monde
de Jean-Paul Pougala (Partie 1/5)
Marches et pétitions contre le Franc CFA et nouvelle monnaie des pays de la CDEAO ? Quelle fanfaronnade !!!
L’année 2018 a été surtout caractérisée par la sortie des intellectuels africains dans le domaine financier et monétaire qui ressemble plus à de la pure fanfaronnade qu’autre chose.
J’ai vu des économistes africains de renoms faire des affirmations qui ne tiennent pas la route sur leur solution pour venir à bout du Franc CFA et passer à une nouvelle monnaie. Ils sont allés jusqu’à écrire les statuts de la supposée nouvelle banque centrale africaine et tout cela dans leurs chambres, sans à aucun moment se demander s’ils étaient capables de comprendre les enjeux souvent cachés qui sont derrière les banques centrales. Le tout a été couronné par la blague de fin d’année de la rencontre à Accra de 4 chefs d’Etats Ouest-Africains soit disant pour créer une nouvelle monnaie des pays de la CDEAO.
Cela pourrait prêter à sourire ou même à éclater de rire si le thème était de savoir si on est pour Samuel Eto’o fils ou pour Messi. Si on préfère les séries TV brésiliennes ou nigérianes.
Mais là, il s’agissait de la monnaie que chacun de nous devra avoir dans son porte-monnaie. Et c’est stupéfiant de voir combien les aventuriers se sont saisis de la question.
Premièrement je dois rappeler que la Finance c’est une science comme les mathématiques et par conséquent, ce n’est pas une question d’opinion où chacun pourrait dire ce qu’il pense.
DANS LE CAPITALISME, LES BANQUES CENTALES SONT DES INSTITUTIONS PRIVEES
Beaucoup ne le savent pas, mais dans la plupart des pays du monde, les banques centrales sont privées, parce que par définition, l’institut d’émission d’argent appartient à celui qui produit la richesse, aux industriels. Si la France est propriétaire du FCFA, c’est avant tout parce que les entreprises privées françaises contrôlent les 80% du tissu industriel des pays où cette monnaie circule en Afrique. Et il serait naïf de faire des barricades contre le FCFA, sans au préalable traiter de la question d’équilibrer les forces économiques en présence. Sans, avant toute chose, expliquer comment nous allons finalement mettre les mains dans la boue pour commencer nous aussi à produire la richesse et contrer les français sur nos territoires.
Si on ne le fait pas, on va se retrouver devant la situation de la Guinée de Sekou Touré lorsque la France a imprimé la fausse monnaie pour inonder la Guinée à travers les entreprises françaises présentes dans le pays, ou du Zimbabwe de Mugabé, où il fallait un sac d’argent pour payer du pain, parce que le Royaume Uni avait inondé le pays de la fausse monnaie que les entreprises britanniques utilisaient pour payer leurs employés locaux.
Dans cette première partie, nous allons voir le cas de la Banque centrale Suisse pourquoi c’est celui qui a le pouvoir économique qui décide de la monnaie. Et on ne laisse à l’Etat que le pouvoir de la contrôler, de juger.
Dans la deuxième partie, avec l’exemple de la Banque Centrale d’Italie : Banca d’Italia, je vous montrerai comment objectivement, on ne peut pas être le contrôleur et le contrôlé, en matière d’argent. Et comment depuis des années, ce sont 2 banques privées et une société privée d’Assurance qui sont propriétaires de la Banque Centrale d’Italie et comme par hasard, ces 3 instituts couvrent le triangle industriel italien.
Dans la 3ème partie intitulée : « Les vérités cachées à l’origine de la Banque centrale Algérienne » je vous montrerai comment les choses ne sont pas toujours ce qu’on croit en matière d’une banque centrale.
En conclusion, je reviendrai sur l’histoire des faux billets de banque imprimés en France pour tuer l’économie de la Guinée de Sekou Touré, pour réveiller les naïfs qui croient plier la France sur le FCFA avec les marches et les pétitions et ne savent pas qu’il faut lui imposer un rapport de force sur le plan incontournable de l’économie pour changer la donne financière et monétaire aujourd’hui.
Dans la 4ème partie, nous ferons un tour en Corée du Nord, au Royaume Uni et au Canada pour montrer comment si vous ne contrôlez pas l’économie, il faut oublier de posséder une monnaie.
1ère Partie : LA SUISSE
COMMENT FAIT UN PETIT PAYS COMME LA SUISSE DE 44.000 KM2 A POSSEDER UNE MONNAIE DE REFERENCE CREDIBLE LE FRANC SUISSE ?
Les africains qui n’ont connu que la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique Centrale) et la BCEAO (Banque des Etats de l’Afrique de l’Ouest) n’ont aucune idée de ce qu’est réellement une Banque Centrale. Car ces 2 banques dites centrales ne sont que des fictions de banque centrale. L’étude d’une vraie banque centrale comme la Banque Nationale Suisse va nous démontrer que le joueur qui n’a évolué qu’en 4ème division et qui veut se rebeller pour créer son propre championnat de première division pour aller jouer à la coupe du monde avec les autres pays, n’a aucune idée de comment il sera bouffé comme une petite bouchée de manioc au gibier.
En suisse, la Banque Nationale Suisse (BNS) a été créée en 1907. Dans la constitution, il est exclu que la Confédération Helvétique c’est-à-dire l’Etat central, soit actionnaire de la Banque Centrale Suisse. Puisqu’en dernier ressort c’est cet Etat qui doit contrôler les agissements de cette banque.
La propriété de la Banque Nationale suisse est détenue ainsi : 55% par les 26 cantons suisses, 35% par des industriels suisses et 10% par les banques cantonales.
La BNS est donc une institution indépendante, sous la forme juridique d’une société anonyme, et cotée à la Bourse de Zurich sous la dénomination SNBN à SIX Swiss Exchange. Elle est très active sur les marchés pour faire fructifier l’argent de ses actionnaires.
En 2019, elle dispose d’un portefeuille de 153 milliards de Francs Suisses dont 20%, c’est-à-dire 30,6 milliards de Francs Suisses sont investis en achetant à la Bourse de New York les actions du GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple).
Ces investissements ont permis à la BNS de réaliser sur les 9 mois de l’année 2017, un bénéfice de 33,7 milliards de francs suisses, soit environ 30 milliards d’Euros ou près de 20.000 milliards de FCFA.
En 2018, pour le premier semestre, la banque a fait 5,1 milliards de Francs Suisses de Bénéfice. Mais pour les 3 mois suivants, elle a tout perdu, pour se retrouver à 7,8 milliards de Francs Suisses de pertes, dont 3,7 milliards de Francs Suisses de dépréciation de la valeur de son stock d’or. Pire, 5,1 milliards de Francs Suisses de pertes sur les positions des monnaies étrangères en porte-feuille. Ceci n’était rien par rapport aux 14 milliards de Francs Suisses que la BNS a perdu sur le marché de change.
En 2010, après la crise financière de 2009, la Suisse avait perdu 21 milliards de Francs Suisses sur les opérations de change. Lorsque les pays européens sont en difficultés financières, l’Euro a des problèmes sur les marchés, les épargnants préfèrent acheter des Francs Suisses (plus stables) pour garder leur argent. Cela a un effet pervers, de renforcer la monnaie suisse, qui rend ainsi les produits des industries suisses plus chères et donc, moins compétitifs sur le marché international. Pour éviter cet effet, la BNS doit donc constamment aller sur les marchés acheter énormément d’Euros et vendre les Francs Suisses pour faire monter le cours de l’Euro et faire baisser le cours du Franc Suisse.
C’est dans cette manœuvre que la banque a perdu au change en début d’année 2018, près de 14 milliards de Francs Suisses et cela fait partie du travail d’une banque centrale que les africains qui espèrent créer leur banque centrale ne savent pas, trop concentrés à imaginer à la copie de la BEAC ou de la BCEAO.
Pour avoir une monnaie qui remplace efficacement le FCFA, il nous faut au préalablement trouver l’argent ou des ressources pour constituer une réserve en or devant garantir la stabilité de cette nouvelle monnaie. Le colonel Kadhafi proposait une contribution libyenne à la monnaie unique africaine, la somme de 30 milliards de dollars que Obama avait ensuite saisis et dont on a perdu les traces à ce jour.
Il faudra ensuite pour acheter nos produits à l’étranger une réserve en devises étrangères. Pour information, en 2018, la Suisse avait constitué une réserve de 843 milliards de Francs Suisse (493.681 milliards de FCFA). L’argent que les pourfendeurs du FCFA ne peuvent pas espérer trouver en comptant sur les industriels européens installés dans nos pays. Et s’ils ont 80% de notre tissu industriel, je suis bien curieux de savoir où ceux qui proposent cette monnaie vont trouver les fonds pour financer nos réserves en devises sans tendre la main à nos prédateurs et sans me suivre à la plantation et à l’usine.
Pour information, le Nigeria pour soutenir sa monnaie le Naira avait cantonné en 2018, la sommes de 47 milliards de dollars pour ses réserves en devise. Soit environ 27.233 milliards de FCFA. Le premier pays au monde à détenir les réserves en devises en 2018, c’était encore une fois la Chine avec 3.110 milliards de dollars dans son porte-feuille, suivi par le Japon, avec 1.247 milliards de dollars. En 3ème position mondiale arrive la Suisse avec 843 milliards de Francs suisse, comme je l’ai dit plus haut, soit, 740 milliards de dollars. La France ensemble avec toutes nos réserves en devise auprès d’elle n’arrivait qu’en 14ème position mondiale avec 180 milliards de dollars. Loin derrière Taiwan avec 457 milliards de dollars, la Russie avec 456 milliards de dollars, Hong-Kong avec 432 milliards de dollars.
Conscients de la guerre économique qui se joue aussi sous les armes des monnaies, les pays asiatiques recourent à constituer de fortes réserves de change pour se préparer à une attaque de leurs monnaies par les occidentaux.
Le Japon était le premier à montrer la voie.
Selon les données du FMI, aujourd’hui la Chine toute seule avec ses provinces de Taiwan et Hong-Kong détient 1/3 des réserves de change en dollars du monde. Le premier pays africain, c’est l’Algérie avec 97 milliards de dollars.
L’ACTIONARIAT DE LA BANQUE NATIONALE SUISSE
Pourquoi en Suisse, la BNS est détenue par les Cantons, ensuite par les banques cantonales et par les industriels suisses ?
Parce que c’est une institution créée en pensant au développement territorial. Il est évident qu’un canton qui détient 10% de la Banque Centrale, va tout faire pour orienter vers son territoire, les 10% des investissements das les banques dites de détails, devant assurer le développement du canton. Sans oublier les banques cantonales.
La suisse compte 26 cantons, mais seulement 24 banques cantonales. A l’origine, chaque canton avait sa banque centrale qui imprimait son argent. 2 sont tombés en faillite. Il reste donc 24 banques cantonales. Mais de ces banques 21 ont une garantie totale et sans limite de la part de l’Etat Suisse. Nous savons depuis le début de cette leçon que l’Etat Suisse n’est pas actionnaire de la Banque Nationale Suisse.
Cette garantie de l’Etat à ses banques cantonales qui ont un statut privé et qui veulent aller à la conquête du secteur bancaire dans l’Union Européenne est contestée par Bruxelles qui y trouve une concurrence déloyale car les banques de détails dans l’UE ne bénéficient pas d’une telle protection sans limite.
CONCLUSION PARTIELLE – Partie 1/5
La nouvelle monnaie devant remplacer le FCFA sera détenue par qui si 80% du tissus industriel africain est detenu par les étrangers, les européens ? Par nos pays ? Ils vont trouver l’argent où pour payer leurs participations ? Et les réserves en Or ?
Dans la partie 2/5 nous verrons mieux avec l’Italie, comment en démocratie parfaite, depuis des années, le peuple italien croit par erreur que leur banque centrale est detenue par l’Etat italien alors qu’elle est la propriété de 3 entreprises financières (2 banques et 1 assurance).
Jean-Paul Pougala
Sur un vol entre Tokyo et Paris le 26/02/2019
(re-publié le 25/10/2019)N.B : Je dédie cette leçon à la totalité des partis politiques camerounais (sans exception) qui ont fait la procession à l’Ambassade de France le 23/10/2019 pour s’agenouiller devant le Ministre français de l’Europe et des relations étrangères Le Drian. Au moins ne me parlez plus de Démocratie. On ne peut pas faire les courbettes devant un patron étranger et parler en même temps de Démocratie nationale qui présume une certaine autonomie, une certaine souveraineté que nous n’avons pas, à commencer par celle monétaire. Je vous invite tous donc, à arrêter de parler de Politique pour m’accompagner à la plantation agir d’abord dans l’économie.