FINLANDE ET SUÈDE CANDIDATES POUR L’ADHÉSION À L’OTAN, POUTINE PREND UNE DÉCISION RADICALE
Jeu d’échecs. Vladimir Poutine espérait faire reculer l’Otan de ses portes en lançant l’invasion de l’Ukraine , mais il obtient l’effet inverse : l’Alliance atlantique pourrait s’élargir à la Finlande et à la Suède. Comme prévu, Helsinki a officialisé sa candidature dimanche 15 mai.
Sauli Niinistö, le président de droite élu en 2012, a annoncé le souhait officiel de rejoindre l’Otan. Cela ouvrirait une page inédite de l’histoire de ce pays de 5,5 millions d’habitants.
Si cette nation est indépendante depuis le 6 décembre 1917, après avoir été sous la domination de l’Empire russe pendant plus d’un siècle, c’est bien la guerre d’Hiver (1939-1940) qui constitue le mythe fondateur à la nation finlandaise.
Et comme attendu, le Parti social-démocrate au pouvoir en Suède a suivi ce virage historique : « Nous avons besoin de la protection de l’Otan. Nous serions sinon en position vulnérable », a déclaré peu après la Première ministre Magdalena Andersson. L’article 5 du Traité de l’Atlantique nord affirme qu’une attaque contre un membre est une attaque contre toute l’alliance.
Conséquence ? Si ces deux pays coopéraient déjà avec l’Otan, la Russie, qui les menace de conséquences négatives , aura bientôt deux fois plus de frontière commune avec l’Alliance atlantique (elle partage 1 340 km de frontière avec la Finlande). Et l’Alliance » contrôlera » encore mieux les accès à la mer Baltique, grâce au poste avancé que constitue l’île de Gotland, où l’armée suédoise renforce fortement sa présence militaire. La Suède a toutefois précisé qu’elle n’accueillerait pas de bases de l’Otan.
Outre les étapes du processus d’adhésion, il reste un obstacle à franchir. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est déclaré pas favorable à cet élargissement, arguant que la Suède, où vivent une importante communauté kurde et des opposants politiques, protégerait des organisations terroristes. L’unanimité des trente membres actuels, dont la Turquie, est indispensable.
De son côté, la Russie qui était déjà suspendue depuis le mois de mars, a annoncé mardi son retrait définitif du Conseil des États de la mer Baltique. Il faut rappeler que lea a été créé à l’éclatement de l’Union soviétique avec pour objectif une coopération de ses membres sur les questions de stabilité, de développement économique et social, de climat et de sécurité. Suspendu début mars de l’instance, Moscou estime que les Occidentaux « monopolisent ce conseil pour leurs objectifs conjoncturels ».
Florent Parmentier expert en géostratégie, analyse l’impact du retrait de la Russie : « Le départ de la Russie du Conseil des États de la mer Baltique (CEMB) est davantage un symbole, le symptôme de la déchirure qui a lieu depuis la guerre en Ukraine, qu’un acte aux répercussions immédiates fortes. Il signe la fin de 30 ans de coopération régionale. La Russie – sa diplomatie actuelle – part du principe qu’il n’est plus nécessaire aujourd’hui d’essayer de coopérer avec les Européens, quels que soient les sujets. Alors qu’on se souvient qu’en 2019 elle avait pesé de tout son poids pour réintégrer le Conseil de l’Europe dont elle avait été suspendue en 2014 ; le départ définitif de la Russie de cette instance en mars dernier est plus encore plus significatif de cette volonté de rupture avec les anciens partenaires européens. »