GÉNÉRAL MAD DOG, UN TERRORISTE AU SERVICE DU RÉGIME BIYA ABATTU PAR L’ARMÉE
APRES L’AVOIR UTILISE POUR DES OPÉRATIONS SECRETES : DES SOLDATS CAMEROUNAIS EXECUTENT SOMMAIREMENT LE BRIGAND LUCAS FONTE ALIAS « GENERAL MAD DOG »
La nouvelle a été annoncée avec excitation par les soutiens et sympathisants du régime de Yaoundé ce 6 septembre 2020 : le « redoutable » général séparatiste Mad Dog, de son nom d’origine Fonte Lucas, a été neutralisé à Bamenda (capitale du nord du Southern Cameroons encore appelé Nord-Ouest anglophone) par le Bataillon d’intervention rapide (BIR), la garde prétorienne du dictateur camerounais Paul Biya, au cours d’une opération de ratissage dans la ville. Une version très loin de la réalité au regard des indices et des informations en notre possession.
D’abord les circonstances de sa « neutralisation ». A-t-il été tué au cours d’affrontements entre soldats camerounais et indépendantistes anglophones qui ont cours depuis quelques jours à Bamenda où alors il s’agit d’une exécution sommaire par les soldats du BIR ? De sources locales, tout porte à croire que la seconde thèse est plausible. Il a été exécuté sommairement par les soldats du BIR à un endroit et son corps déposé à un autre : « il a été tué à Ntasen, dans la nuit et son corps déposé à Liberty Square au lieu-dit City Chemist », témoigne un habitant de Bamennda.
Enfin, ses liens avec le mouvement indépendantiste anglophone. Sur sa page Facebook au nom de Ndong Emma, Capo Daniel, chargé des questions de défense au sein de l’Ambazonian Defence Forces (ADF), a publié : « FONTE aka Mad Dog est tombé…j’ai le cœur brisé, le travail d’un autre black leg (traître, ndlr) …ADF est en deuil…nous ferons tout pour que tes sacrifices ne soient pas vains… ». De quoi laisser penser que General Mad Dog était bel et bien un général séparatiste. Et pourtant…
Qui connaît ADF, branche armée de l’Ambazonian Government Council, une faction rivale du mouvement indépendantiste anglophone, saura que dressé contre l’Interim Government (IG) dirigé depuis les Etats-Unis par Samuel Sako Ikome, ce groupe armé fait plutôt de la contre-révolution pour le compte du pouvoir de Yaoundé : revendiquer tous les crimes de ses milices, s’attaquer aux combattants indépendantistes loyaux à la lutte, s’attaquer à toutes les initiatives prises par le IG, etc. Lucas Fonte n’était donc pas un général indépendantiste anglophone mais un agent du pouvoir de Yaoundé.
En effet, Lucas Fonte et son groupe travaillaient pour le compte de l’activiste Nkonda Titus aka Ma Kontri Pipo Dem (MKPD), affairiste et ex-soldat camerounais de la Marine Anglaise originaire de Widikum (nord-ouest anglohone). Ce dernier est payé mensuellement par le régime de Biya pour détruire à coups de propagande sur les réseaux sociaux la légitimité de la lutte d’indépendance des Anglophones aux yeux de l’opinion internationale.
C’est davantage sur les plates-formes de Ma Kontri Pipo Dem (voir captures d’écran) que le fameux General Mad Dog était visible. Le 5 février dernier à 21h 43 mn, l’activiste et criminel de guerre Ma Kontri Pipo Dem a annoncé sur la page DDR Cameroon que le General Mad Dog a été capturé par des séparatistes armés « Amba Boys » qui lui reprochent de terroriser la population locale. Quelques mois plutôt, soit le 22 décembre 2019 sur la page YouTube de Ma Kontri Pipo Dem, le même général Mad Dog a été annoncé kidnappé par les mêmes Amba Boys. Alors comment l’activiste Nkonda Titus qui est contre les indépendantistes anglophones fait pour détenir et diffuser le premier les vidéos de leur actions ?
Rien à faire, ce sont plutôt les milices créées par le pouvoir de Yaoundé (dont le ministre de l’Intérieur et agent secret Paul Atanga Nji, d’autres élites anglophones et le commandant de la sinistre Division Sécurité Militaire, le criminel Emile Bamkoui) en zone anglophone qui mettaient en scène les divisions au sein de la lutte d’indépendance du peuple anglophone et ce General Mad Dog en était l’acteur principal.
De sources bien informées à Bamenda, avant l’éclatement de la crise anglophone en octobre 2016, Lucas Fonteh traînait déjà une réputation de bandit de grand chemin qui semait la terreur dans pas mal de quartiers de cette ville. Dans son communiqué consécutif à la mort de General Mad Dog, le ministère de la Défense par la voix de son chargé de la communication a indiqué que General Mad Dog était impliqué dans le braquage d’une microfinance le 21 août dernier à Bamenda. Ce qui laisse songeur car les braqueurs (qui sont sans doute des soldats camerounais en civil) parlaient français et sont arrivés à bord d’une RAV 4 appartenant à un inspecteur de police au nom de Nka Valery.
Comme quoi, après avoir utilisé General Mad Dog pour des opérations telles que mettre en scène les divisions au sein des groupes armés indépendantistes anglophones, braquer notamment dans une coopérative à Bamenda tout récemment, la galaxie Atanga Nji-Bamkoui Emile-Nkonda Titus a décidé de le sacrifier parce que devenu encombrant et témoin gênant. C’est ce que le pouvoir de Yaoundé essaye de masquer en le présentant comme un général séparatiste tombé sur le champ de guerre alors qu’il ne l’a jamais été.
©Michel Biem Tong, journaliste web en exil