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GEORGE WEAH DÉNONCE LES CHEFS D’ÉTAT QUI VIOLENT LA CONSTITUTION

Ça devient un vieux disque avec le même refrain : coup d’État , sommet extraordinaire de la CEDEAO, suspension à minima du régime putschiste. Au sommet virtuel de la CEDEAO relatif au coup d’État militaire en Guinée , le président du Ghana Nana Akufo-Addo a évoqué une « violation claire » de la charte de bonne gouvernance de la Cédéao et « un incident malheureux et regrettable » pour qualifier le coup d’État mené par les forces spéciales, emmenées par le colonel Mamady Doumbouya. Dès dimanche, la Cédéao avait déjà condamné la prise de pouvoir par les militaires, et l’arrestation du président Alpha Condé.

Alors que la suite des événements reste floue, la Cédéao dépêche une délégation ce jeudi en Guinée pour rencontrer les responsables de la junte. Il sera notamment question du sort d’Alpha Condé. L’organisation exige une nouvelle fois « le respect de l’intégrité physique » et « la libération immédiate et sans condition » du président renversé.

Le président du Liberia, George Weah, a fait remarquer que c’est la modification des constitutions par les Chefs d’Etat qui explique la fréquence des coups d’Etat militaires en Afrique.

S’exprimant lors de ce sommet virtuel extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui s’est tenu mercredi, sur la Guinée et au Mali, George  Weah a demandé à ses pairs de s’interroger sur les causes profondes des putschs dans la sous-région, notamment à la lumière du coup d’Etat survenu à Conakry le week-end dernier.

« Est-il possible qu’il y ait une corrélation entre ces événements et les situations politiques où les constitutions sont modifiées par les titulaires pour supprimer les limites de mandat par le biais de référendums ? », s’est interrogé le président libérien.

Il a ajouté : « Ou bien pourrait-il s’agir d’une simple coïncidence ? Si la suppression de la limite des mandats sert de déclencheur pour le renversement de gouvernements, alors peut-être que la CEDEAO devrait faire tout son possible pour s’assurer que les limites des mandats dans les constitutions de tous les Etats membres soient respectées ».

George Weah est arrivé au pouvoir lors d’élections démocratiques au Liberia, un pays qui a connu des bouleversements politiques majeurs, notamment des coups d’Etat militaires et une guerre civile prolongée.

Le coup d’Etat militaire du 5 septembre 2021 en Guinée, qui a vu le renversement du président Alpha Condé, est le troisième coup d’Etat en Afrique de l’Ouest en l’espace de douze mois.

Deux coups d’Etat ont eu lieu au Mali voisin, l’un l’an dernier, lorsque Ibrahim Boubacar Keita, le président en exercice, a été renversé alors qu’il n’avait pas terminé son deuxième mandat de cinq ans, et l’autre en mai 2021.

Ces coups d’Etat fréquents mettent en lumière l’engagement à long terme en faveur du pluralisme politique et de l’Etat de droit dans les pays d’Afrique de l’Ouest, estiment des analystes.

La question de savoir si les dirigeants qui ont épuisé la limite de leur mandat doivent modifier leur constitution pour leur permettre de se représenter fait l’objet d’un débat ouvert.

L’année dernière, la Côte d’Ivoire a été le théâtre de manifestations organisées par des politiciens et des militants opposés à la candidature du président Alassane Ouattara à un troisième mandat.

Après avoir modifié la constitution ivoirienne, Alassane Ouattara a sollicité et obtenu un troisième mandat, mais au détriment de sa réputation de défenseur des droits des Ivoiriens, dont un grand nombre sont morts dans la rue pour protester contre « cet affront à la démocratie ».

Alpha Condé a suivi la même voie en Guinée voisine, où des centaines de personnes sont mortes en essayant de l’empêcher d’obtenir un troisième mandat controversé.

 

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