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GRÂCE À MADELEINE TCHUENTE, ALI BONGO INTERDIT LA CONSOMMATION DES CHAUVE-SOURIS ET PANGOLINS AU GABON

« C’est parce que, comme je vous disais que… les chercheurs sont en train de chercher. Je ne sais pas pourquoi les gens veulent absolument manger les chauves-souris. Il faut laisser les chauves-souris tranquilles ! On nous avait dit d’arrêter parce que, parce que, parce que… », se défend depuis des semaines Madeleine Tchuente sur tous les plateaux de télévision.

La ministre de la Recherche scientifique au Cameroun a fait de la chauve-souris et du pangolin, les principaux responsables du coronavirus par des démonstrations qui font plus ou moins rire dans les réseaux sociaux. Mais au Gabon, on prend les déclarations de la ministre camerounaise au sérieux.

Avant l’épidémie de coronavirus, le pangolin s’arrachait à prix d’or sur les étals des marchés gabonais , tant pour sa viande, un met très apprécié dans le pays, que pour ses écailles, utilisées en Asie par la médecine traditionnelle.

Déjà  protégé par des Conventions internationales et par le code forestier local, le Gabon a décidé d’interdire depuis le 31 mars la vente et la consommation de pangolin et de la chauve-souris, deux espèces soupçonnées par la ministre camerounaise d’avoir participé à la propagation du nouveau coronavirus. Le ministère des Eaux et Forêts du Gabon l’a bien suivi et a envoyé un rapport directement à la présidence de la république.

Le nouveau coronavirus, apparu en Chine, « est issu d’une recombinaison entre deux virus différents, l’un proche de la chauve-souris et l’autre plus proche du pangolin », dit le rapport . Cette déclaration s’appuie sur une étude publiée le 26 mars 2020 dans la revue scientifique Nature et les sorties de la ministre camerounaise.

Lee White, le ministre des Forêts gabonais a rappelé qu' »une décision similaire avait été prise par les autorités lorsque notre pays a été touché par le virus Ebola : l’interdiction de consommer des primates. Le ministère des Eaux et Forêts dont j’ai la charge entend travailler en étroite collaboration avec les experts, notamment ceux de la Station d’étude des gorilles et des chimpanzés (SEGC) de la Lopé et du Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF), pour mieux comprendre et prévenir les maladies transmises par les animaux, afin de protéger la population gabonaise. »

Pourtant, des 21 premiers cas testés positifs au Covid-19 au Gabon,  aucune infection n’a été faite par voie animale; mais le ministère affirme appliquer le principe de précaution.

Avec l’intensification de l’élevage, particulièrement en Asie et en Afrique, les activités humaines qui entraînent la perte d’habitat des animaux sauvage et les contacts de plus en plus rapprochés entre animaux et humains, les risques de transmission de maladies à l’humain ne cessent de s’accroître. Déjà en 2007, des chercheurs s’inquiétaient de la proximité entre certains animaux et l’Homme: « la présence d’un important réservoir de virus de type SARS-CoV chez les chauves-souris Rhinolophidae ainsi que la culture de manger des mammifères exotiques dans le sud de la Chine est une bombe à retardement. Il ne faut pas ignorer la possibilité d’une réapparition du SRAS et d’autres nouveaux virus provenant d’animaux ».

En février 2011, John McDermott et Delia Grace, chercheurs à l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI), avaient rendu publique leur étude sur les zoonoses. Selon eux, « Environ 75 % des nouvelles maladies qui ont affecté les humains depuis dix ans sont causées par des agents pathogènes provenant d’animaux ou de produits d’origine animale, et nombre des épidémies les plus graves proviennent de nos animaux domestiques ». D’après les résultats de leur étude, une nouvelle maladie émerge tous les quatre mois. Mais rien ne prouve que c’est la souris ou le pangolin qui ont propagé le nouveau coronavirus à travers le monde entier.

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