GUILLAUME SORO APPELLE L’ARMÉE À DÉBARQUER « LE DICTATEUR » ALASSANE OUATTARA
Ivoiriennes, Ivoiriens,
Mes chers concitoyens,
Il est des moments dans la vie des hommes, des peuples et des nations, où la conscience que notre destin collectif transcende la somme de nos individualités et nous impose de franchir les limites de nos égos personnels, nous conduit à rechercher dans nos actes et dans nos discours, le succès de la collectivité.
Cet impératif sacrificiel est particulièrement ardent et nécessaire en cette période de périls graves et imminents sur nos vies, nos libertés, nos droits civiques et politiques, en un mot sur notre démocratie.
Face à la gravité de la situation qui a cours dans notre pays, depuis la décision extrême de M. Alassane Ouattara, de convoquer tous les moyens légaux et illégaux dans le but de se maintenir au pouvoir, les fils de la Côte d’Ivoire, regroupés au sein de l’opposition parlementaire et extraparlementaire, ont fait front commun, dans une exemplaire unité d’action. Depuis plus d’un mois, l’opposition politique ivoirienne se bat courageusement et dignement, avec les instruments du Droit et de la mobilisation populaire contre cette félonie qui défigure notre pays.
Devant la violation flagrante de notre Constitution, le sang de nos compatriotes qui est versé chaque jour et le parjure déshonorant dont s’est rendu coupable l’ex-président sortant, j’ai décidé de m’assumer et de prendre la parole.
Je prends la parole car mon honneur me le commande, la dignité de notre pays l’exige et le souvenir du sacrifice de tous ces illustres fils du pays tombés pour la défense des valeurs de la République et de la Démocratie, me l’ordonne.
Face à la mobilisation du peuple de Côte d’Ivoire, et vu le peu d’empressement de notre armée nationale à participer à l’hécatombe à laquelle il l’invitait, Alassane Ouattara a mobilisé pour servir sa cause, de nombreux miliciens et supplétifs armés, qui mènent actuellement notre pays au chaos, en massacrant à l’arme blanche et même à l’arme de guerre, nos compatriotes qui manifestent les mains nues.
Ces hordes endoctrinées tailladent à la machette leurs pauvres victimes, allant jusqu’à incendier des habitations avec leurs occupants à l’intérieur. Un programme de repérage systématique des partisans de l’opposition en vue de leur élimination est en cours.
Mes chers concitoyens, Mes chères concitoyennes,
C’est le lieu pour moi de saluer votre mobilisation exemplaire qui a permis de faire échec à la pire farce électorale de l’histoire de notre nation, orchestrée piteusement par un Alassane Ouattara, engagé dans son aventure effrénée et périlleuse de s’éterniser au pouvoir. Bravant ce peuple qui l’a vomi et rejeté, il entend s’autoproclamer pour la troisième fois, Président de la République. Nous ne l’accepterons jamais.
Disons-le tout net : notre pays est désormais placé dans un contexte de vacance du pouvoir présidentiel car celui qui tente maladroitement de s’imposer n’en a ni le droit, ni la légitimité.
En ce moment historique, il n’y a de place ni pour les trahisons, ni pour les demi-trahisons. C’est donc la raison pour laquelle l’opposition responsable, constatant la vacance du pouvoir présidentiel, a décidé, dans le cadre de l’espérance due au peuple, d’ouvrir une transition politique.
Le Conseil National de Transition a été créé pour assumer les charges exécutives de l’État et assurer le fonctionnement régulier des organes et des institutions républicaines durant toute la période de Transition. L’ancien président de la République, SEM. Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, a été désigné pour présider le Conseil National de la Transition, dont je suis membre.
Installé dans le schéma mental de tous les dictateurs tropicaux, M. Ouattara a basculé dans la violence aveugle en déchainant une répression brutale via ses forces endoctrinées, contre les principaux leaders de la Transition.
Ainsi, le président Henri Konan Bédié, président du Conseil National de Transition est l’objet d’un blocus à son domicile. D’éminents membres du Conseil National de Transition ont essuyé des attaques à l’arme de guerre contre leurs résidences, ou ont échappé à des assassinats et à des enlèvements. M. Alassane Ouattara veut absolument décapiter la Transition pour pouvoir éteindre toute contestation et régner dans un consensus dictatorial où la paix qui prévaut est celle des cimetières.
Moi, Guillaume Kigbafori Soro, vu la traque contre les principaux dirigeants du Conseil National de Transition, je décide, en toute responsabilité, de m’inscrire dans la continuité de l’œuvre entamée en contribuant à la mise en place effective des organes de la Transition.
Avec l’ensemble des forces vives de notre nation, nous conduirons la transition démocratique, en vue d’élections libres, inclusives et transparentes dans les meilleurs délais, seul antidote à la violence qui a cours dans notre pays.
Nos pères et nos mères ont payé notre liberté d’un trop grand prix pour que nous puissions accepter de la brader face à la forfanterie de quelques excités. Nous refusons que le viol de notre Loi suprême soit considéré comme chose banale et puisse rester sans conséquence.
Nous n’acceptons pas que pour la gloire d’un individu notre pays comptabilise aujourd’hui plus de 100 morts et plusieurs milliers de blessés en moins de deux mois, que des milliers de nos concitoyens soient emprisonnés parce qu’ils ont exercé leur droit à la liberté d’expression et de manifestation, et que des hommes politiques soient assiégés, traqués pour avoir exigé le respect de la Loi, rien que le respect de la Loi.
Les Ivoiriens n’accepteront pas qu’une Cour constitutionnelle servile et complaisante adoube le complot électoral et apporte sa caution à la forfaiture en cours. Ce n’est pas ce dont nous avons rêvé pour notre pays.
Ne pas nous battre avec détermination, pugnacité et abnégation face à la tyrannie naissante serait une lâcheté dont nos devanciers ne sauraient être fiers. C’est pourquoi, malgré les difficultés, malgré les douleurs, malgré les horreurs, en dépit de nos faiblesses, de nos manquements, de nos erreurs, voire de nos fautes, il faut qu’ensemble, chers compatriotes, nous puissions nous lever pour dire NON à la dictature et faire barrage à l’ex-président de la République Alassane Ouattara qui veut prendre la Côte d’Ivoire en otage.
Le peuple ivoirien a montré son courage en refusant de se soumettre à la vindicte dictatoriale de l’ex-président. En appliquant courageusement le mot d’ordre de désobéissance civile, les Ivoiriens ont démontré leur capacité à lutter pour la démocratie, au péril de leurs vies.
Je m’adresse ici et maintenant aux corps constitués et à nos vaillantes forces de défense et de sécurité.
Aux corps constitués, appelant à votre sens élevé de l’intérêt supérieur de la nation, je vous demande de désobéir aux ordres illégaux et de rallier le Conseil National de Transition.
Aux Forces de Défense et de Sécurité : vous me connaissez ! Chers soldats, des années durant, nous nous sommes battus, dans les broussailles comme dans les agglomérations. Notre idéal était d’apporter à la Côte d’Ivoire la démocratie et la liberté. Je voudrais vous dire aujourd’hui que malgré tout, rien n’est perdu.
Je voudrais vous dire que nous ne pouvons pas, par peur et par poltronnerie, laisser s’installer durablement la dictature clanique de M. Alassane Ouattara et contempler l’empire de la terreur s’étendre dans notre pays et prendre possession de l’âme de notre nation. C’est pourquoi, je demande à vous soldats, sous-officiers, officiers, officiers supérieurs et officiers généraux de notre armée, de vous regarder dans le miroir de votre âme et de votre conscience et d’agir pour stopper les tueries.
Agir pour préserver notre pays de pogroms intercommunautaires. Agir pour rétablir la paix et la concorde. Agir pour redonner à notre Constitution ses lettres de noblesse.
M. Alassane Ouattara n’est plus le président de la République de Côte d’Ivoire. Cela est indéniable. Ayant épuisé son deuxième et dernier mandat, il ne peut plus exercer les charges et la fonction de chef de l’État. Il s’agit pour vous, dans l’honneur et la dignité, de mettre un terme au spectre de la guerre civile qui menace notre pays.
Pour terminer, j’appelle toutes les forces vives de la nation, les jeunes, les femmes, toutes les couches de notre beau pays balafré et assassiné, à se lever. Nous devrons poursuivre la désobéissance civile avec plus de détermination, dans nos villes et villages, afin de faire respecter la volonté de la grande majorité des ivoiriens.
Chers concitoyens, Chères Concitoyennes,
Entre l’oppresseur et le peuple opprimé, il nous faut choisir. Et ce choix, c’est maintenant. Personne ne peut prétendre aimer la Côte d’Ivoire plus que l’Ivoirien. Personne ne viendra nous libérer à notre place. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes pour vaincre ou périr. Et nous vaincrons car nous avons la vérité et Dieu avec nous.
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire!
Je vous remercie.
Soro Guillaume Kigbafori