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GUINÉE, SEUL PAYS À ORGANISER LES ÉLECTIONS ET LES MANIFESTATIONS AVEC LE CORONAVIRUS

Alors que l’OMS a déclaré le coronavirus comme une pandémie et vient d’appeler les dirigeants africains de se réveiller, le président guinéen Alpha Condé est plutôt préoccupé à tripatouiller la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

Plus de 5 millions d’électeurs sont appelés à se rendre aux urnes en Guinée pour aller voter et  choisir également 14 membres de l’Assemblée nationale, alors que tous les pays de la CEDEAO ont adopté des mesures drastiques, dont l’interdiction des rassemblements pour éviter la prolifération du coronavirus.

La propagation du Covid-19 a été invoquée par le ministre nigérien des affaires étrangères pour justifier l’annulation par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest  d’une visite de haut niveau, celle de la dernière chance avant ce week-end que l’opposition qualifie, d’ »assaut final  » contre le pouvoir. La délégation ouest-africaine devait être conduite par trois poids lourds de la région : le chef de l’Etat nigérien et président en exercice de la CEDEAO, Mahamadou Issoufou, et ses homologues ivoirien, Alassane Ouattara, et nigérian, Muhammadu Buhari.

L’annulation de la visite laisse le champ libre au président guinéen, Alpha Condé, pour organiser dans un quasi-huis clos un double scrutin empoisonné. En privé, une source proche de la présidence nigérienne reconnaît que le coronavirus est un prétexte.

Contrairement à ses homologues Issoufou et Ouattara qui ont opté pour le respect de la Constitution de leur pays et ont renoncé à briguer un troisième mandat,  Alpha Condé, dont le deuxième et actuellement dernier mandat se termine en décembre, veut défoncer  le verrou de la loi fondamentale avant fin avril, afin de se présenter pour deux autres mandats de sept ans.

Certains groupes de la société civile exhortent les autorités à reporter le vote jusqu’à la fin de la pandémie. La Guinée a deux cas de coronavirus, selon l’Agence nationale pour la sécurité sanitaire. Cependant, le parti au pouvoir a déclaré que les cas ne pouvaient pas empêcher le reste du pays de voter.

« Les élections ne propageront pas le virus », a déclaré le porte-parole Amadou Damaro Camara. Une coalition de groupes d’opposition et de la société civile, le Front national pour la défense de la Constitution, qui manifestait contre le référendum, a appelé samedi et dimanche à une nouvelle manifestation contre les élections.

Deux jeunes manifestants ont été tués lundi 13 janvier en Guinée  au cours d’une journée de mobilisation émaillée de heurts avec les forces de l’ordre, organisée par l’opposition pour protester contre le projet prêté au président Alpha Condé,  81 ans, de briguer un troisième mandat fin 2020.

Ces deux morts, confirmées par les autorités, s’ajoutent au bilan d’au moins vingt civils et un gendarme tués depuis le début à la mi-octobre 2019 de la contestation, plusieurs fois durement réprimée, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest coutumier des manifestations meurtrières

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