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HAUTE TRAHISON : LE PATRON DES COMBATTANTS SÉCESSIONNISTES ACCUSÉ DE TRAVAILLER POUR LE RÉGIME BIYA

Le patron de l’Ambazonian Government Council et de l’Ambazonian Defence Forces est accusé d’être en réalité un instrument au service du pouvoir de Yaoundé pour réduire à néant toutes les actions menées par les indépendantistes anglophones dans le cadre de la lutte pour l’autonomie du Cameroun anglophone.

On en sait désormais un peu plus sur la rencontre entre l’ex-général ambazonien « general » Nambere, l’activiste Success Nkongho et des diplomates français dans un hôtel à Yaoundé, dont la photo fait le tour des réseaux sociaux depuis ce dimanche 10 novembre 2019. D’après des informations dignes de foi, c’est le journaliste d’origine anglophone Elie Smith, par ailleurs porte-parole de la Anglophone General Conference (AGC) initiée par le cardinal Christian Tumi pour trouver une solution à la crise anglophone, qui a été le facilitateur de cette rencontre à laquelle il a lui-même pris part.

En effet, d’après plusieurs sources bien informées proches de la présidence de la République à Yaoundé qui ont contacté la rédaction de Coups Francs, c’est l’ancien ministre des Forêts et de la Faune, Ngolle Ngolle Elvis, anglophone originaire du Sud-Ouest, mandaté par le pouvoir de Yaoundé, qui s’est rendu au Nigéria au milieu du mois d’octobre dernier pour rencontrer « general » Nambere et Success Nkongho. Ceci en présence d’un certain Ufoka, chargé des relations diplomatiques de l’Ambazonian Government Council (AGC), le conseil de gouvernement de la République rêvée d’Ambazonie contrôlé par Ayaba Cho Lucas, vivant à Oslo en Norvège.

Si Ayaba Cho a du mandater un de ses proches collaborateurs au Nigéria pour persuader general Nambere de se mettre à la disposition du pouvoir de Yaoundé pour faciliter à ce dernier et à la France la localisation des camps séparatistes et leurs bombardements, celà renforce les accusations de collusion entre Ayaba et le pouvoir de Yaoundé qui ont longtemps fusé des milieux indépendantistes anglophones.

Commandant en chef des Ambazonians Defence Forces (ADF), l’une des branches armées du mouvement indépendantiste anglophone, Ayaba Cho Lucas est une figure très contestée de la lutte des Anglophones pour la restauration de leur Etat qui s’est rattaché au Cameroun le 1er octobre 1961 pour former une fédération.
Pour les nombreux anglophones qui soutiennent cette lutte, Ayaba Cho est un véritable boulet à leur pied, sans lequel ils auraient, il y a longtemps atteint leur objectif.

S’il lui arrive de s’attaquer au pouvoir de Yaoundé, tous ses efforts sont cependant orientés vers le sabotage de tout ce qu’entreprend l’Interim Government que dirige le pasteur Dr Sakho Samuel Ikome depuis le Maryland aux USA. L’Interim Government (IG) que présidait Sisiku Ayuk Tabe avant son kidnapping au Nigéria le 5 janvier 2018, est le seul organe légitime que reconnaît le peuple anglophone combattant, du terroir comme de la diaspora.

Toutes les critiques de certains journaux camerounais à la solde du pouvoir de Yaoundé qui accusent Ayaba Cho d’enflammer le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun ne sont en réalité qu’un écran de fumée. Plusieurs indices laissent croire qu’Ayaba Cho est un pion du régime de Paul Biya dans la stratégie du « diviser pour mieux régner » mise en place pour casser la lutte des anglophones pour leur autonomie. D’abord, Ayaba Cho ne reconnaît pas le Interim Government dirigé par Dr Sakho, considéré comme légitime par la population locale. Ensuite, il refuse d’associer l’AGC à tous les mots d’ordre et rencontres initiés par ledit gouvernement intérimaire.

Autre indice qui prouve qu’Ayaba Cho est un agent double, tous les activistes proches du Conseil du gouvernement qu’il dirige tels que Capo Daniel ou alors Tapang Ivo n’ont pour seule préoccupation sur les réseaux sociaux que d’alimenter la polémique, d’appeler les populations à ne pas lever des fonds pour financer la lutte (Ayaba Cho lui-même s’y met parfois), de s’attaquer à Dr Sakho et à Chris Anu, porte-parole du Interim Government. Très rarement ils parlent de la lutte et s’attaquent au pouvoir de Yaoundé.

Autre aspect du double jeu d’Ayaba Cho, il est en contact avec certaines élites anglophones. Cet ancien membre du mouvement estudiantin University of Buea Students Union, est accusé de travailler en étroite collaboration avec Paul Atanga Nji, l’actuel ministre de l’Administration territoriale et agent de renseignement sous le tristement célèbre patron des services secrets camerounais Jean Fochive (décédé en avril 1997).

En août 2018, un échange entre Ayaba Cho et un de ses combattants sur le terrain a circulé dans les groupes whatsapps des « ambazoniens ». Au cours de cet échange, Ayaba Cho disait à son combattant : « où sont les millions que Nfon Mukete (sénateur du parti au pouvoir RDPC originaire du sud-ouest anglophone) nous a envoyé ? Et ces armes venues du Nigéria sont où ? Parce qu’il faut qu’on en finisse avec ces groupes armés qui refusent de se mettre sous mon commandement ».Ayaba Cho et l’ADF dont il est le commandant-en-chef livrent régulièrement une bataille aux groupes armés soumis à l’Ambazonian Security Council, l’organe rattaché à l’Interim Government.

Le 15 décembre 2018, 6 généraux séparatistes (dont un certain commander Tiger) ont été arrêtés, ligotés puis exécutés. L’ombre d’Ayaba Cho et de son ADF ont été aperçu derrière cette exécution sommaire. Même la mort du général Ivo Mbah des ADF le 21 décembre 2018 est imputé à Ayaba Cho car ce dernier, rapporte des sources proches des milieux indépendantistes, n’a pas apprécié le fait que Général Ivo souhaite se rallier au patron des Red Dragons (qui contrôlent Le Lebialem dans le sud-ouest) Field Marshall pour poursuivre la lutte.

Le 13 octobre dernier, l’ADF a annoncé l’arrestation de 3 des assassins de la gardienne de prison Florence Ayafor, tuée puis décapitée et mutilée par les milices du pouvoir de Yaoundé d’après des indices concordants. Depuis cette annonce, rien sur la suite, même pas une image des assassins. Du coup, certains voix commencent à s’élever dans les milieux de la contestation anglophone pour accuser Ayaba Cho d’avoir été contacté par le pouvoir de Yaoundé pour mettre la main sur les assassins et sans doute les éliminer physiquement afin qu’ils ne puissent révéler des collusions entre eux et certains pontes du régime Biya dont Atanga Nji, mis en cause dans cette affaire.

Des images qui ont circulé au début du conflit armé en décembre 2017 montrent Ayaba Cho en train de faire la revue de ses troupes à Daddi, un village du sud-ouest anglophone, à la frontière avec le Nigéria. Comment a-t-il fait pour entrer au Cameroun et en ressortir sans être inquiété ? Le régime de Paul Biya avait-il déjà anticipé sur la révolte armée du peuple anglophone et a décidé par l’intermédiaire d’Ayaba de créer une branche armée, l’ADF, concurrente à celle reconnue par le peuple anglophone pour saborder la lutte ? Les jours qui suivent nous en diront davantage.

La Rédaction

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